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Salut tertous. Faut que je vous raconte une histoire qui m'est arrivée la saison dernière mais que je n'ai encore jamais racontée à personne. C'est vrai que je n'aime pas trop me faire mousser ni me mettre en avant, mais ce n'est pas la raison qui a motivé ma discrétion. Le fait est que j'étais persuadé que personne ne me croirait sur ce coup là. Néanmoins, je me suis dit que je ne pouvais pas garder ça pour moi, fallait que j'en fasse profiter la communauté, quitte à passer pour un mytho ou un menteur de première. Bon, j'me lance, à un moment faut arrêter les préliminaires. Ça se passait la saison dernière, en été en Bretagne, dans le Finistère. La houle avait bien remué le fond et il restait un résidu qui s'amortissait mais qui dégradait fortement la visibilité. Les conditions s'améliorant et comme je suis d'un naturel optimiste, j'me mets à l'eau. Au bord on n'y voit goutte, mais un peu plus au large peut-être que ça sera meilleur ? Ben.... , pas tellement, les laminaires du plateau rocheux qui dansent la samba dispersent dans l'eau des milliards de particules qui rendent l'eau brouillasseuse. Au bout d'un moment, je remets le fusil sur la planche, il ne me sert vraiment à rien dans cette soupe. J'espère éviter la broucouille en cherchant les crustacés, surtout ceux qui plaisent tant à Klein. Je connais bien le coin, je prends des amers et je cherche mes trous favoris (nooon, c'est pas ceux auxquels vous pensez !) dans le brouillard et les algues qui bougent. Je cherche encore et encore, presque à tâtons, je plisse les paupières pour essayer de mieux distinguer les détails. Soudain, une laminaire attire mon attention. D'abord elle ne bouge pas comme les autres, et puis surtout elle est gris bleuté. Un congre ? Non, c'est pas ça, cette queue c'est… un BAR ! Un gros pépère quasiment immobile qui ne m'a pas vu, sa tête est sous les algues. Meeerrrde… Le flingue est sur la planche… C'est là que l'idée me traverse l'esprit, comme une évidence : d'un geste vif mais qui m'a paru très lent ( vous avez vu Matrix ?) j'attrape le poisson juste au niveau du rétrécissement de la queue et je serre comme un malade. Punaise il se débat comme un forcené, il me démonte le poignet mais je tiens bon. Je remercie le revêtement kevlar de la paume du gant qui me permet d'avoir une bonne prise, ça ne glisse pas… Je le serre contre moi pour l'immobiliser et j'arrive à passer les doigts dans les ouïes… C'est gagné ! J'y crois pas… C'est un rêve ? Non, il est bien là, dans mes mains,les ouïes gonflées et les muscles tendus. Je sors la dague, je l'achève, c'est fini,son corps se détend... En allant à la planche pour le mettre à l'accroche-poissons je me rends compte que c'est une histoire tellement improbable que personne ne pourra me croire. Je prends ma flèche et je… transperce le poisson. Là au moins, c'est plausible, personne ne me traitera de menteur ou de fada, ou pire de pilleur de filet ou de palangre. Voilà, c'est fini, bien sûr je n'ai aucune preuve que ça s'est passé comme ça, faudra me faire confiance ?. Il faisait 4.2kg pour 70cm (la photo en atteste).