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Histoires de chasses sous-marines


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Ce qui va suivre est un condensé de ma vie de chasseur sous marin, riche en aventures et en poissons

Autant vous prévenir, il y a deux cent trente pages en format Word, à vous coltiner, que je vais passer en 8 opus.

 

 

il n'est pas permis de publier en dehors de ce forum un quelconque extrait de cette œuvre bassement littéraire 😁. Vous en excuserez les fautes grammaticales, de syntaxe et autres n'ayant jamais était un intellectuel et encore moins un littéraire.

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PROLOGUE

 Homme libre, toujours tu chériras la mer ». Depuis des lustres j’ai fait mien ce vers de Charles BEAUDELAIRE.

               En effet, au plus loin que je me souvienne, l’attraction pour tout  ce qui se passe sous la surface me hante. Sans doute est-ce par l’entremise de mon père, pêcheur malheureux en lacs et rivières que m’est venue l’idée de traverser le miroir. Couché sur les pontons, tandis qu’il s’acharnait en vaines bredouilles, je regardais passer les poissons. Je rêvais de pouvoir les harponner tel un « sapiens » des temps oubliés.

                Je ne me doutais pas que quelques années plus tard, je nouerai avec la pêche sous marine, une passion dévorante. 

            Cet amour immodéré prend date à mes seize ans en 1972 après l’achat d’un premier équipement de plongée sous marine. Celui-ci fut durement acquis grâce à un « job » d’été dans une grande surface. J’y travaillais tous les après-midi comme caddy man.                                                                                                                                Cet emploi me laissant libre chaque matin, je revêtais dès l'aube et jusqu'à midi sonnant ce premier harnachement subaquatique. Il s’agissait d’une combinaison quasi identique à celle utilisée par Cousteau. Elle était adjointe d'une arbalète de 60 cm armée d’un trident et alliée d’une paire de palmes Shark en caoutchouc dûment abandonnée par mon frère.  Mon équipement se montre immédiatement inadapté. Le fusil est bien trop court et la combinaison ne me protège pas du froid. Conséquence : un coup de mistral et j’ai froid. image.png.220d05666ffc88454ba05f74ca848def.png

 

 

           Néophyte, mes premières prises seront maigrichonnes, quelques raies torpilles, petites soles  et poulpes. A l’époque, il était difficile pour un débutant de se renseigner sur les techniques de chasse sous sous-marine. Les sources d’information sont quasi inexistantes. Il n’y a ni livres, ni magasines spécialisés. Quant à l’internet il relève de la science fiction 

             Pendant les années qui vont suivre, je continuerai de chasser uniquement pendant mes vacances. Habitant à Lille, je n’ai guère la possibilité de me livrer à une quelconque activité subaquatique.   De 1974 à 1979, je passerai  chaque année quinze jours de vacances aux Sables d’Olonne, à Biarritz et en Espagne à LIansà et Malaga. Je ne ferai rien de remarquable sinon quelques anges de mer à Biarritz, poisson quasi disparu de nos jours.

                C’est en janvier 1979 que je m’installe en Vendée, à Jard sur mer non loin des Sables d’Olonne. J’y ferai la connaissance de Jean Baptiste Esclapez  dit "Titou" qui vient d’être sacré champion du monde de pêche subaquatique. Quelle chance inouïe d’avoir eu pour maître et pour ami cet athlète international !

                Grâce à lui, je  progresserai rapidement et nous ferons parfois des pêches extraordinaires. Je voudrais à mon tour transmettre ce que j’ai appris.  C’est dans cet esprit de partage et de transmission que je m’attarderai sur les techniques de traque et de chasse du poisson, sur son biotope, ses espèces selon le climat. Je détaillerai également toutes les spécificités sécuritaires et les différents matériels à mettre en œuvre en illustrant  de photographies  et  d'anecdotes diverses et variées. Un lexique en dernières pages pour les termes techniques

Ce prologue a été remanié par notre vétéran GP du forum de chasse sous marine, je l’en remercie grandement.

Je précise que les photos insérées entre les textes peuvent heurter la sensibilité des personnes atteintes du syndrome de culpabilité. Les ressources n’étaient nullement remises en cause dans les années 80 et les soucis écologiques et de préservation n’étaient pas de mise. Il serait impossible de réaliser de tels tableaux de nos jours, d’une part vu les interdictions , restrictions et d’autre part,  les poissons de grandes tailles ont disparu complètement, sans compter un stock devenu alarmant.

Je vous mets ici le lien vers un site qui explique parfaitement la réglementation de la chasse sous marine :

Réglementation générale en France - lechasseursousmarin.com

 

 

Chapitre 1, la Vendée


Mon arrivée en Vendée débute en 1979, et je m'y installe en tant qu'éleveur de lièvres (léporiculteur). En hiver je construis ces grandes cages qui accueillent un couple, et en été je peux sortir en mer quand il me plait car en une heure, le cheptel est nourrit. J'ai jusque 120 couples. Lorsque je ne sors pas en mer, il faut entretenir, vacciner, désinfecter, séparer les jeunes des parents avant 4 semaines, sinon ils les tuent à cause de la superfétation, la hase (femelle du lièvre) est de nouveau pleine 3 ou 4 jours avant de mettre bas. Le lièvre a aussi une autre particularité : il est coprophage, il mange sa première crotte, celle-ci est chargée en bactéries et lui permet alors de digérer la cellulose, car il n'a pas 3 estomacs comme la vache.

Mon matériel a peu évolué pendant ces premières années, je suis juste passé à un fusil 75cm à sandows avec lequel je ne fais de mal à personne vu que je loupe tout.

Ma première chasse en solo aux Sables d’Olonne a faillit me couter la vie : je pars du bord en face de fort Saint Nicolas, fais une centaine de mètres et commence à chasser, enfin patauger plutôt, je vois un beau congre d’une dizaine de kilos et lui tire la flèche en plein crâne. Il n’y a que 4 à 5m, je vois donc la poignée de mon arbalète facilement, je redescends pour le sortir, mais  n’y arrive pas. Au fond, le fil de flèche s’entortille dans mon masque/tuba et me l’arrache. Je remonte en panique, mais ce fil se prend aussi autour de ma cheville. J’essaye d’atteindre la surface,  j’ai la figure à 50cm de l’air libre et ne peut l’atteindre. J’arrive à prendre mon couteau et couper le fil, ouf ! Je rentre, essoufflé, exténué,  sans matériel, mais vivant. Je n’ai jamais plus chassé sans couteau par la suite, c’est son utilité principale, vous sauver la vie.

Ce fut finalement une aubaine de perdre ce fusil avec lequel je ratais tout et c’est là que j’achète une arbalète de 75cm HD dans un magasin des Sables d’Olonne, dont le commerçant était un parent éloigné de Titou. C’est ainsi que j’ai pu faire sa connaissance par la suite. Cette arbalète, on la voit en photo avec une loooooongue flèche, on mettait ce que l’on trouvait, le choix était restreint.   (photo à Jard sur mer de mes tout premiers poissons blancs, c'est toujours ma première combinaison, mais les bandes jaunes sont parties)

 

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Je progresse rapidement, la première année en partant à la palme du bord, je fais mon premier bar de 5kg aux viviers de la mine à Talmont saint hilaire, juste derrière les murs de la pêcherie,  je m’en souviens comme si c’était hier, suivit régulièrement par d’autres du même gabarit. Il faut dire qu’à l’époque, il suffisait de plonger dans 5m d’eau pour rencontrer des compagnes entières ( on dit aussi des mattes ), peu farouches voire totalement désinhibées. On en tirait un sur le lot et il suffisait de chercher la suivante.

L’opulence a durée quelques années, jusqu’à « l’invention » du filet maillant, dit à soles pour la côte et du chalutage en bœuf sur les frayères en hiver, pour mettre la ressource à mal, et au milieu des années 1990 la messe était dite. Les compagnes se réduisaient à quelques spécimens devenus méfiants, sauf à certains endroits précis, tel Rochebonne, à 60km au large où le chalutage est interdit et où les restrictions et quotas enlèvent tout intérêt à s’y rendre de nos jours, c’est pourquoi je cite ce lieu mythique de la plongée.

Je suis passé ensuite à des palmes aussi en caoutchouc  mais à tuyères, les premières  Jetfins,  pour plongeur, chères, dures et avec lesquelles je n’avance pas, heureusement Hugues Dessault nous fabrique les premières palmes plastiques en 1976 commercialisées quelques temps plus tard, d’une efficacité surprenante, c’est une belle évolution du matériel, et lorsque Titou crée Imersion avec Pierre Buffat vers 1995, je prends mes arbalètes chez eux naturellement, et bien sur les palmes aussi qui sont un bel aboutissement de la palme plastique, peut être la meilleure. Je descendrais à plus de trente mètres avec ces palmes au Sénégal.

Dès 1981 je comprends qu’il me faut un bateau pour changer rapidement de secteur lorsque c’est sale, et l’eau de la Vendée est souvent turbide, aussi en changeant de quartier prestement, on a plus de chance de croiser du poisson, en l’occurrence le bar, poisson roi du département. Ce premier bateau pneumatique (acheté 1000 fr. soit 150€ actuels) de marque inconnue mesure 3.80m avec un moteur Johnson de 7.5cv  complètement rincé, qui tombe en panne à chaque sortie. (photo de ce premier bateau et d’une pêche de bars en 1982)

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Je change rapidement pour divers moteurs aussi cahoteux, cela va du Volvo penta, en passant par le Chrysler pour terminer par un 25cv Yamaha qui ne me lâchera jamais en mer. Je cite les diverses marques de moteurs défaillants car elles n’existent plus. Puis divers zozo de 4.20m. L’un de ces Zodiacs sera surnommé « le sous marin » par Titou, car ayant le nez plat, il enfournait dans la houle de façon sévère! Comme tout le monde j’ai eu des semi-rigides dans les années 2000 puis suis passé à la coque dure, dont un Boston Wahler parfait dans le gros temps. J’ai maintenant un Poti marara à Madagascar bateau polynésien conçu pour la haute mer, mon dos m’en est reconnaissant.

Bref pendant la décennie 80 seul ou avec Titou on a pu sévir et faire des chasses mémorables, voire extraordinaires.

 

La première sortie que je réalise avec Titou en face des Sables d’Olonne, se concrétise par un magnifique tableau qui ferait rêver n’importe quel chasseur. Je sors 5 belles loubines pendant que Titou en fait 10, de superbes poissons entre 3 et 5kg. Je tire encore assez mal et j’en déchire un certain nombre. Mais ce premier tableau sera gravé dans ma mémoire à jamais.( Photo 3)

 

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J’ai souvent froid à cette époque, l’eau est entre 15 et 16° pour les premières sorties, et les combinaisons ne font que 5.5mm en néoprène refendu, donc au bout de trois heures je commence à sérieusement me refroidir. Titou insiste beaucoup et on reste souvent entre 5 et 6 heures dans l’eau. Ma première 6mm est faite sur mesures chez « histoires d’eau » de Pierre van Ecke, à Marseille, ensuite on trouvera du 6.5mm puis au bout de pas mal d’années du 7mm, enfin !

Une décennie plus tard nous chassons en face de chez moi, secteur qui va de Jard sur mer à La tranche sur mer : toute une zone vierge jamais exploitée en chasse sous-marine, en théorie interdite aux filets, seuls les palangriers y sont admis, officiellement. Je viens d’acheter mon premier sondeur, à éclats d’occasion. Il fallait être devin pour lire ces pointillés rouges et y détecter les cassures. Par la suite, ce sera un sondeur à bande, plus tard les sondeurs à cristaux liquides et enfin les sondeurs à écran, couplés à un GPS. Maintenant il existe des sondeurs/GPS de la largeur de votre console !

 On découvre grâce à ces sondeurs, des ragues bourrées de gros bars.  Hélas nous n’aurions jamais du tirer dans ces refuges où le poisson pensait se trouver à l’abri. Maintenant, à la bonne saison, la zone est archi chassée, et c’est au moins une dizaine de SR qui naviguent d’une banche à l’autre, alors que pendant plusieurs années nous n’y avons jamais croisé un seul chasseur. Le fait de tirer à trou vide la pierre surtout lorsque l’on tire un très gros bar genre 7kg, les autres comprennent que si le plus vieux et donc le plus malin/expérimenté se fait avoir, ce n’est donc pas un endroit sûr et une pierre vide, le reste à jamais, les poissons ont donc une mémoire qui se transmet.

Vers le début des années 1990 c’est le premier endroit où je sors un maigre (14kg) après en avoir perdu 4 autres durant les deux années précédentes. Deux fois sur casse du fil de nylon, une fois c’est la flèche qui casse à l’encoche alors que le maigre tiré en plein front, sonné, était KO sur le sable mais s’est réveillé brutalement lorsque j’ai pris la flèche à la main, et le dernier perdu, lui m’a arraché le fusil des mains, il devait faire plus de trente kilos. Ce premier  maigre sorti est venu passer sous un surplomb alors que je m’y engageais pour un l’agachon, planqué dans le noir et il s’est glissé entre moi et la paroi du fond, à 50 cm, il avait juste la place. On trouve les maigres à 99% dans le même style d’endroit, des cassures de roche au ras du sable qui retiennent mulets et bars et ce entre 12 et 14m après la seconde heure de montante. On peut en trouver à 18m mais seulement en début de marée montante. Ils sont souvent précédés de daurades royales et comme la plupart des chasseurs commencent par tirer bars et daurades, ils ne voient pas les maigres qui sont derrière. Donc lorsque l’on a un coin à maigres, il faut y aller au bon moment et s’abstenir de tirer d’autres poissons pendant au moins vingt minutes

Ensuite le matériel a bien évolué, le fil de kevlar venait de sortir puis le dyneema et je bouchais les encoches de flèches pour y faire un ergot en inox à la soudure. Je ne perdrais plus un seul maigre par la suite. Je chassais toujours au 75cm avec un gros sandow de 20mm, inutile d’avoir plus puissant, le maigre venant à 1m de la pointe. Je n’avais pas de moulinet à l’époque et j’ai sorti tous ces maigres en les remontant de force lorsqu’ils n’étaient pas KO. Ils faisaient presque tous entre 13 et 20 kg, c’est le standard du secteur. Les moulinets étaient de grosses daubes, truffés de défauts et donc un accessoire inutile pour ce genre de chasse à ce moment. Une seule fois j’ai fait un maigre en pleine eau : je descendais vers les 15/17m lorsqu’à mi chemin, lui montait vers la surface, on s’est croisé et il a pris ma flèche au passage. Comportement étrange car je les ai toujours vus au fond. J’ai même réussi à en faire un à Madagascar, toujours à 12m, leur positionnement favori. De plus, ils reviennent toujours aux mêmes endroits.

Lorsque je me suis expatrié de France vers les années 2010, les maigres ont évolués et sont devenus de plus en plus gros jusqu’à atteindre les cinquante kilos, et là oui un moulinet valable est devenu entre utile et indispensable. Sauf que la réglementation ayant évoluée également, la bouée est devenue obligatoire à trainer derrière soi et donc avant que je ne parte, je chassais le fusil relié à la bouée, toujours pas besoin de moulinet. De nos jours les frayères de maigres étant massacrées par les chalutiers, il est redevenu presque aussi rare en Vendée qu’avant les années 90, c'est-à-dire inexistant et même Titou qui chasse toujours dans la région, n’en a pas tiré un seul l’année dernière, avec toute sa science.

Maigre à La tranche sur mer et un autre à Madagascar . On reconnait le csm acharné, la figure est bronzée et le corps tout blanc. Moi et Titou à droite.

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Il n’y a pas que le maigre qui soit apparu en Vendée, dans les années 80, avant il n’y avait pas de sars, les seuls que l’on voyait était trop petits et d’un seul coup on a eu des sars(diplodus sargus, photo) de la taille du kilo, puis l’année suivante jusqu’à deux kilos, et de façon abondante la troisième année.

 Une chasse extraordinaire de sars, je l’ai réalisé sur une petite digue, submergée à marée haute. La houle était toute petite et déferlait juste pour faire de la mousse et ne pas gêner le tir. Je pose le zodiac  à une dizaine de mètres, part le long de cette digue et me pose à l’agachon juste sous la mousse dans 50cm à 1m d’eau selon la houle, sur le haut de la digue. Des milliers de sars sont en train de grignoter moules et patelles de l’autre coté, le coté exposé. Je choisis un bien gros, tire et le ramène illico à moi dans la mousse, puis redescends au fond à 6m pour rejoindre mon bateau. Les autres ne m’ont même pas vu, ni vu leur confrère se faire occire. Je vais en faire ainsi 23 d’affilée. Ils font entre 1.8kg et 2.1 kg pour les plus gros. Les quelques pièces d’un kilo à 1.3kg sont des doublés. Cette journée  sera couronnée avec quatre bars dont un de 5kg et le plus gros de 7kg.  C’est une chasse exceptionnelle, surtout seul.

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Il est indispensable de trouver le bon poste d’agachon, et ce n’est pas si évident, pour faire des poissons en série. Le choix du post d’agachon est très important à déceler. Une anecdote pour illustrer mes propos : nous chassons à trois, deux champions de Bretagne et moi sur une ile de Vendée. Pas grand-chose à la cote depuis plusieurs heures, et je me souviens que je connais un sec à presque un km du bord, on y va, on ancre le bateau derrière le sec. Le haut du sec est bien visible à une douzaine de mètres de la surface, avec quelques laminaires. Un immense banc de bars tourne autour et descend dans les profondeurs dès le canard amorcé. 3 mètres environ plus bas sous le sommet, une marche permet un superbe post d’agachon, elle est longue de 5 mètres environ sur 2 de large, le reste de la roche est lisse. On descend agachonner chacun notre tour. Je sortirais 9 bars, mes deux collègues, 3 pour l’un et 4 pour l’autre. Pourquoi ? Ils étaient d’excellents chasseurs mais ils n’ont pas saisi la subtilité du bon poste et se posaient juste à un mètre à coté, pourtant ils me voyaient faire depuis la surface. Nous avions le même fusil un 90, vu la visibilité excellente. On n’est jamais descendu plus bas pour tirer les gros, afin de préserver ce magnifique sec. Tous les bars tirés faisaient de 1 à 2 kg, formatés.

Des sorties mémorables nous en avons fait un peu partout sur la cote vendéenne, dont une jolie à l’ile d’Yeu en compagnie de Pierrick à ses débuts

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Une chasse extraordinaire, je l’ai faite à La Tranche sur mer, en compagnie de deux amis venus chasser dans les bouchots en fin d’après midi. Je largue un chasseur à droite, puis un second à gauche dans les lignes de bouchots,  et monte 300m plus haut dans le sens du courant. Ainsi il suffit de se laisser emmener jusqu’au bateau en passant de ligne en ligne, de monter à bord et de me rejoindre et on recommence. On change de rangée de bouchots lorsqu’aucune vie n’est présente, c’est la plupart du temps de la chasse à l’indienne et surtout au chasseur à s’adapter à la réaction du poisson, ça peut être agachon, indienne en avançant en surface ou au fond, c’est selon le comportement du poisson. A la seconde mise à l’eau je suis environné de gros bars et au fur et à mesure que j’avance avec le jus, je reste dans le banc. Je vais réussir à en faire douze en deux heures, dont 6 bars de 5kg alors que mes collègues n’en verront et n’en feront que très peu. Hélas, pas de photo de cette pêche. J’ai perdu pas mal de photos avec un ordinateur vérolé dont celle de cette sortie.

D’autres variétés sont apparues également dans les années 90, les balistes, les bogues et même des saupes brésiliennes en plein été, par contre j’ai fait une seule fois un sar tambour en Vendée. Les balistes au nombre de quelques uns la première année puis par bancs de plusieurs centaines à un millier, sont restés abondants tant que la vente de ces poissons a été interdite aux professionnels de la mer. On en faisait des morceaux jusqu’à 2.5kg pour les plus gros. Les palangriers se plaignaient car les balistes mangeaient les appâts, se prenaient rarement voire coupaient les hameçons. Les fileyeurs en capturaient de grandes quantités mais les balistes trouaient  les filets, ne se noyaient pas car pas d’ouïes externes, et restaient vivants sur le pont du bateau pendant plus d’une heure au soleil, avant d’être rejetés à la mer. Les autorités sanitaires avaient interdit la vente sous le prétexte de ciguatéra…qu’ils ne risquaient pas d’avoir puisque venant des Açores. Dès que le poisson fut autorisé à la vente, après la troisième année, il est devenu bien plus rare et il n’est resté que des bêtes autour du kilo, il est aussi devenu méfiant et il est maintenant bien difficile d’en faire 3 dans la sortie.

Nous sommes Titou et moi sur le lieu de notre première chasse ensemble aux Sables d’Olonne, mais bien quinze années plus tard. Ce coin n’est valable qu’à marée descendante, c’est alors un courant venant de la direction du port des Sables qui amène avec le courant, les bars de la Chnou,  étier large et très long alimentant les marais, qui se vide dans le port, puis dans l’océan, mais ce courant amène aussi l’eau sale.

Alors que nous chassons depuis deux heures sans trop voir de poissons, avec une visibilité de 4 à 5m environ, mais on devine tout de même les masses sombres des remontées vers 12m. Là je m’enlargue un peu sur 18m, profondeur à laquelle on évolue très rarement vu que le poisson se tient, en général sur les remontées. Je vois au fond, lors d’une indienne, un gros bar s’éloigner calmement et il est tout noir, signe indiscutable qu’il sort d’une pierre. Je cherche dans cette direction et je trouve, pas très loin, une remontée qui culmine à 14m, en réalité ce n’est pas une remontée mais un enchevêtrement de quelques très gros blocs de pierre. Je descends tout en bas, où l’eau est très noire, chargée comme de la soupe avec 1.50m de visibilité, devant l’œil pas devant la pointe de flèche. Je tire un bar de 5kg devant l’entrée des blocks, où je vois d’énormes queues. Je prends deux amers vite fait à la surface et pars chercher Titou et le bateau à quelques centaines de mètres de là. On positionne le bateau en amont du courant, plutôt léger. Titou descend et décroche au fond le plus gros(la flèche n’a pas pénétrée le crâne)que je rattrape de suite presque mort, il en refait deux autres et moi un seul avant que les oiseaux ne s’éparpillent. Le résultat est sidérant : le plus petit de ces cinq poissons fait 7.9kg et le plus gros 8.5kg,. Personne n’a jamais réalisé un tel tableau. Vous ne le croirez peut être pas, mais on n’est jamais retourné chasser sur cette pierre, et ce pour deux raisons : d’abord ce coin est rarement avec de l’eau chassable et c’est également à cette époque que l’on s’est mis à chasser plus au sud de la Vendée dès que l’eau s’éclaircissait bien. Une seule fois en tentant une descente dans l’eau pourrie sur le haut des blocks, j’ai vu la caudale d’un spécimen que j’ai estimé à dix kilo, je l’ai tiré dans la queue mais celle-ci s’est fendue.

Déjà vers les années 1990, il fallait parfois chercher quatre ou cinq heures avant de croiser les bars, que ce soit pour une raison de marée ou de secteur déserté. La généralité voulait que ce soit à marée montante que les bars viennent chasser près du bord, mais ce n’est pas une certitude absolue. Le cheptel commençait déjà à bien diminuer.

Je ne suis pas « un lève tôt », j’aime bien dormir le matin. Pourtant la veille de cette sortie en solitaire, bien excité, je prépare mon bateau, avec le matériel au top, prêt à partir, le plein d’essence fait, la remorque attelée. Je me réveille pour une fois à cinq heures du matin et comme mon petit déjeuner était également préparé de la veille, en dix minutes je suis derrière le volant. Cette fois je démarre du port de Bourgenay qui vient juste d’être terminé, et la calle de mise à l’eau est encore gratuite, j'habite à 1/4 d'heure du port. Nous sommes le 14 juillet et je suis à poste à 6h du matin, sur mon premier coin de pêche près de la cote, il fait encore bien sombre. J’ancre et j’attends dix minutes, je vois bien le soleil à l’horizon alors je me glisse doucement dans une eau chaude, plate et bien claire, au moins dix mètres de visibilité, ce qui est très rare en Vendée. Seulement avec l’angle d’incidence du soleil, les rayons ne pénètrent pas au fond et on n’y voit rien. Je remonte sur le bateau et patiente encore cinq minutes, et n’y tenant plus je me remets à l’eau. On y voit à peine mais ça va aller.

Le fond de sable et de roches cassées est à 12m environ, à peine posé pour un agachon qu’un banc de daurades royales surgit du néant et s’approche volontiers, ce qui est extrêmement rare en Vendée, les daurades royales. J’en fais trois en quelques minutes, pas grosses un kilo chacune, c’est toujours bon à prendre. Je change de place, fais quelques centaines de mètres et me remets à l’eau. Toute la journée ainsi jusque 8h du soir sur une mer plate, chaude et poissonneuse. Je ferais au total 17 bars, pas des gros, plus quelques mulets et quelques soles, un poisson à chaque secteur que je visite. Ce sera mon plus grand nombre de poissons en France en 14 heures dans l’eau, donc aussi ma plus grande sortie en unité de temps.

J’ai durant ces années capturé plusieurs milliers de bars, je suis devenu un spécialiste de ce poisson. Il faut dire que mon métier d’éleveurs de gibiers, lièvres principalement, me laissait tout loisir de chasser dès que l’eau était claire, c’est juste une question d’organisation, ainsi je travaillais le reste de l’année 7 jours sur 7. En moyenne je sortais 60 fois par an et 98 fois la meilleure année. J’inscrivais chaque sortie dans un cahier : température de l’eau, clarté, coefficient de marée, descendante ou montante, les nouveaux amers pris en mer et bien sur les poissons avec nombre et poids ainsi que le ressenti sur leur présence.

 A cette époque j’étais bien entrainé et ne pesais que 56/58kg et ce jusque presque cinquante ans. J’entrainais également une petite équipe de chasseurs en piscine avec un club, depuis l’automne  jusqu’au printemps, piscine de la Roche sur Yon, puis celle des Sables d’Olonne, mais une syncope d’entrainement d’apnée m’a fait tout arrêter, ça m’a scié le moral, j’ai même arrêté la compétition.

Nous sommes trois amis, Titou, Jésus et moi sur une zone à 2 bons km au large des Sables d’Olonne. Nous chassons chacun de notre coté, la mer est bien agitée et on perd facilement de vue le Zodiac ancré au milieu de la zone. On se déplace une fois pour repositionner le bateau, puis on repart chacun de son coté. Cela fait maintenant 4 heures que nous sommes dans l’eau, Titou et moi on se retrouve par hasard et je pars chercher le bateau, persuadé que Jésus sera dessus, il a moins d’endurance. Personne sur le bateau. Je cherche un peu, ramasse Titou et on commence des cercles excentriques, rien. On fait toutes les balises de palangres des fois qu’il se soit accroché dessus s’étant perdu, mais rien. Au bout d’une heure de vaines recherches, il faut rentrer car il va faire nuit et le réservoir est presque vide. Je vous laisse imaginer l’ambiance du retour car pour nous, il s’est noyé. Dans ma tête je me demande comment annoncer ça à sa femme et à la gendarmerie….On débarque sur la cale de mise à l’eau et on commence à se déshabiller, lorsque l’on voit arriver à pied, notre ami Jésus, palmes et fusil sous le bras et poissons à la ceinture. Le contre choc a faillit me faire vomir et notre accueil fut plus que chaleureux, un soulagement ineffable nous étreint.

Explication : dans le mauvais temps, il a perdu le bateau de vue car occupé à chasser, et lorsqu’il a voulu le retrouver, après avoir cherché une demi heure, il est rentré à la palme au bord  (1h30mn de palmage, puis 2km de marche), pensant que le mouillage avait lâché, que le zodiac était parti à la dérive et que nous nous trouvions dans la même situation. Tout est bien qui finit bien.

Une autre histoire sur ce même secteur, se passe en plein été, nous sommes trois également, toujours mon ami Jésus et un débutant nous accompagne. Au bout d’une bonne heure de chasse, je sens que quelque chose ne va pas, je remonte à bord et ramasse mes deux compères. Jésus me dit aussi que le poisson a un drôle de comportement. A ce moment précis, alors que la mer est bien calme avec une toute petite houle, on voit arriver du large une grosse série de vagues, dans les 3 mètres de haut. On fonce avec le pneumatique dans cette direction, pour d’une, avoir plus de profondeur et qu’ainsi ces vagues ne déferlent pas de suite et de deux, pour leur faire face, seule position du bateau pour ne pas se retourner. On monte les 3 vagues, et on les laisse déferler derrière nous dans un fracas de tonnerre, et la mer redevient parfaitement calme ensuite. On se remet sur la zone où juste le fond est un peu remué. Les poissons sont complètement fous, ils passent dans tous les sens s’en s’occuper de nous et pendant une demi heure on pourra tirer à la volée ces bars et sars totalement désorientés. Nous sommes au large, devant la plage de Sauveterre. Le lendemain dans le journal, on apprend que ces vagues ont noyés trois personnes sur la dite plage….

 

 

Chapitre 2, hors de Vendée

Une pêche extraordinaire fut faite avec Titou et un ami surnommé Rénato. Cela se passe dans l’estuaire de la Gironde. Déjà on cherche de l’eau claire, Titou qui connait le coin nous explique qu’avec l’étale et la montante, l’eau sera limpide, en attendant à chaque plongée pour voir si l’eau claire est en dessous du doucin, je me casse le nez sur le fond. Puis d’un seul coup, alors que l’on navigue à fond vers le sud, on voit défiler des volutes, je ralenti et on se retrouve dans de l’eau cristalline, ce sont les roches sur le fond se sable qui défilent, que l’on prenait pour des volutes. On était passé de pourrie à cristal.

On se met à l’eau, Titou nous explique qu’il faut d’abord chercher des petits poissons que l’on suit et qui nous amènent à leur cave/grotte. Au bout d’une heure de recherche Titou vient nous chercher, il a trouvé une magnifique grotte sur 14m. On ancre 30m avant dans le courant et ainsi le bateau est à quelques mètres de la grotte. Interdiction absolue de tirer ce qui se trouve dans la cave, on chasse d’abord les sars à l’agachon sur le sable, puis lorsqu’ils deviennent trop méfiants, on commence à tirer les bars qui sortent de la grotte. Seulement le courant commence à prendre, puis de plus en plus violent. A la dernière descente un gros museau pointe son nez, je tire de dessus mais loupe le point mortel et il repart avec le jus dans la grotte, je suis obligé de lâcher mon fusil (toujours le 75) Titou qui m’a vu faire, me fustige de tous les noms d’oiseaux. On ne peut plus descendre, le courant est trop fort, même avec la ligne de vie de 30m derrière le bateau, c’est trop dangereux vu que le bateau est ancré, et si on la rate, il faudra aller chercher le perdu et surement perdre la pierre.

On patiente deux bonnes heures dans le bateau, on fait la sieste, mange un morceau et enfin Titou tente une descente car l’hélice du moteur tourne moins vite dans le courant. Il remonte sur la bateau le sourire aux lèvres : le gros bar fléché est posé sur le sable au milieu de la grotte, il est encore vivant et tremble mais paralysé ne bouge pas. Il fait plus de 7kg et une bonne centaine de bars de 5kg tournent autour calmement. On en fait quelques uns chacun puis, la cave se vide. J’aperçois alors un boyau dans la roche à quelques mètres à gauche de la grotte, il est parallèle à la cave et fait 70 à 80cm de diamètre et est tout noir d’apparence, mais je vois des écailles qui luisent au fond. Je me mets à l’entrée et tire un gros, puis plus rien, je n’ai rien vu sortir de ce cul de sac.  Donc, plongée suivante, je me glisse dedans sur plusieurs mètres tout doucement car je ne peux ressortir qu’en marche arrière et je vois un boyau encore plus petit qui part en direction de la grande cave sur la droite. Ce boyau est bourré jusqu’à la gueule de gros bars. Je tire, je tire, la folie meurtrière me prend, j’en sors encore 4 ou 5 et Titou fini par m’arrêter, le bateau est plein. …

Il faut bien préciser qu’à 99% du temps c’est Titou qui fait le plus de poissons et les plus gros, mais là, ce fut une exception.

Mon plus gros bar, ce fut en méditerranée, à Marseille, fin décembre. Toujours avec Titou, on chasse pour une fois à la cote et pas aux iles. Nous ne sommes pas très loin du grand égout, 1km peut être. On rague sur le fond, de toutes petites failles horizontales insignifiantes. Je vois une large queue se faufiler de l’une à l’autre, je le signale à Titou qui me dit qu’il l’a vue aussi. A la troisième plongée, je le vois en bonne position et le tue net au fond d’une rague dont je me demande comment il avait pu y entrer, vu sa taille, des écailles sauteront pour le sortir. Titou exige que l’on tire les poissons en pleines têtes pour les sécher. C’est un très très gros loup. On croise un peu plus tard un copain pro, qui nous dit qu’il a des commandes pour le nouvel an et pas de poissons, on lui passe les nôtres. Quelques jours plus tard il m’annonce : le bar faisait 9.840kg Une femelle prête à exploser tellement elle était gonflée d’œufs mais  qui en temps normal, aurait du faire dans les 7 kg. Le plus gros loup fait par Titou à Marseille est de 11kg, et une photo sur le mur du club de plongée de la pointe rouge en montre un de 13 et un autre de 14kg.

J’ai fait une « samba » en mer une seule fois. Nous étions partis pour une dizaine de jours de chasse sur la petite ile des Baléares, Formentera fin septembre toujours dans les années 90. Départ de Vendée en voiture jusque Barcelone, on embarque le soir les sacs sur un ferry où l’on passera la nuit, via d’abord Ibiza puis enfin Formentera, la voiture reste à Barcelone sur le parking prévu des ferrys. La réservation  d’une petite villa  est faite par mon ami Eric qui y avait déjà passé ses vacances avec sa femme, et on loue un scooter pour se déplacer, nous et notre matériel sur les différents coins de la côte de l’ile. La première chose qui vous frappe lorsqu’on débarque sur cette île, ce sont les effluves de cyprès, très prenantes, mais ô combien agréables, et la seconde chose, ce sont les moustiques !                                                                                                                                             On chasse tranquillement depuis le bord sur des fonds dont je n’ai pas l’habitude, de 10 à 20m avec 30m de visibilité, un poisson sur-chassé car en dix jours je vais ramasser 5 flèches facilement sortables. Les pêches seront maigrichonnes, on fait en moyenne 5 kg de poissons, principalement des sars et des corbs,  à nous deux par sortie. Sur un sec un peu enlargué, un piton rocheux qui culmine à 10m de la surface dont la base est une pierre creuse sur 20/22m, un troupeau de sars tournoie en haut. On en tire deux chacun puis tout ce beau monde se réfugie dans la caverne, pierre très ouverte qui doit faire environ 8m de large pour 1.50m de haut. Pour descendre dans ce qui nous semble des abysses, on se prépare bien puis au moment du canard, le coéquipier pousse fortement sur le talon des palmes, cela vous propulse à 3m sans se fatiguer. Je suis à la seconde descente sur la pierre, mais lorsque j’arrive, toute la troupe est de l’autre coté de l’ouverture, je fais le tour de la pierre. Les sars entrent dedans, j’en tire un, un peu loin et mal tiré il ressort de l’autre coté de la pierre. Je lâche le fusil refait une nouvelle fois le tour de la pierre pour attraper le sar et ramener le fusil à moi. Et là je me dis que je viens de faire une grosse connerie. Je remonte le plus calmement possible, fait signe à mon équipier que tout va bien et…..Je lâche mon fusil, mon équipier me rattrape par l’épaule, me secoue, je lui dis : arrête, tout va bien, et il me dit : non, ça ne va pas bien, tu as lâché ton fusil et tu as la tête dans l’eau. Je ne m’en suis même pas rendu compte.

Une autre action dangereuse à Formentera se passe sur un mérou aperçu la veille dans peu d’eau, 7/8m. Il entre dans une excavation de la roche et on le devine 7 à 8 m plus loin au fond d’un boyau inexpugnable. Seulement, à mi chemin il y a une cheminée qui donne dans ce boyau. Le soir à la veillée on met une tactique pour tirer ce mérou car après les tentatives d’arriver sur lui en rasant le fond sur 20m, sont restées infructueuses, il s’engouffre illico dans son antre. Je propose de me glisser dans la cheminée, bras en avant, vu qu’elle fait moins de 50cm de diamètre, le fusil doit pouvoir tourner à 90° et tirer le mérou au fond à 2m environ. Seulement il est impossible de ressortir seul, il faut que le coéquipier vous attrape par les jambes et vous tire en arrière. Eric n’est pas d’accord, c’est trop risqué mais j’insiste, je veux faire ce mérou ! C’est que je suis têtu. Cela se passera sans encombres, comme prévu, j’ai juste fortement serré ma ceinture afin qu’elle ne s’accroche pas sur les bords de la cheminée. Ce sera notre plus grosse prise à Formentera : un peu plus de 5kg. Vous comprenez pourquoi je ne chasse plus à trou depuis près de quinze ans, j’ai pris un peu de plomb …dans le corps, hum, et dans la tête. Avec l’expérience, je fais autant de poissons sans chasser à trou et cela préserve en plus les bons coins.

La dame qui nous loue sa petite villa, nous demande de la payer en poissons si on en prend, pourquoi pas, il est très apprécié des espagnols. Puis les jours suivants, ce sont les voisins qui se précipitent à notre retour de chasse pour récupérer nos poissons, ils nous donnent ce qu’ils veulent et cela s’est vite su. Du coup on mange au resto l’après midi, on paye la location du scooter et même le billet retour avec les pésétas amassés par nos quelques pauvres kilos de poiscaille.

Il y a aussi des anecdotes avec les bars. Ainsi, une fois seul, toujours sur le même coin de la première chasse avec Titou aux Sables d’Olonne, lors d’un agachon par une dizaine de mètres de profondeur, je perçois une présence sur ma gauche, je tourne doucement la tête et un gros bar dans les 5kg est arrêté et me regarde à moins d’un mètre, sans bouger. Je tourne doucement l’arbalète du poignet mais au moment ou la pointe s’approche, il donne un violent coup de queue, un gros bang qui me sonne littéralement. Je reprends mes esprits à la surface, redescends au bout de quelques minutes au même poste d’agachon et à peine arrivé au fond, il est là, juste devant moi, toujours à 1m, mais dès que je bouge le fusil, idem un gros bang résonne dans ma poitrine cette fois. Je me soulève pour remonter et me retourne en même temps, pour le voir, arrêté là dans mon dos. Je le vise tout en remontant légèrement  vu qu’il est toujours statique  mais à l’instant précis où je lâche la flèche,  il refait sont énorme claquement de queue et je le rate. Je suis parti chasser plus loin…..Celui là a gagné.

Une autre fois, cela se passe à l’île d’Yeu, sur un plateau peu profond, recouvert de laminaires. Une petite matte de loups tourne dans ces laminaires, moi et Titou nous en prélevons difficilement 1 ou 2 car ils ne sont pas bien gros, puis on les voit s’enfiler dans des petites pierres plates sous les laminaires. Il y en a un  qui doit atteindre les deux kilo mais nerveux, très nerveux passe d’une pierre à l’autre dès que l’on se pointe la dessous. On s’arrange pour descendre en même temps, chacun sur une pierre, déjà pour éviter de se tirer dessus, même si la prudence est notre lot, pour augmenter nos chances de se l’envoyer. A peine arrivé le nez sous la pierre, je le vois arriver de celle de Titou, il tourne fébrilement d’un coin à l’autre et au moment où je le vise bien, il me bondit à la face. Sonné je remonte et Titou me dit, tu l’as tiré ? J’ai entendu un coup de fusil. Non, je ne l’ai pas tiré, c’est lui qui m’a eu, il a enfoncé la vitre de mon masque et celle-ci m’a coupé le haut du nez.

Des blessures, j’en ai eu beaucoup en chasse sous marine, presque toutes bénignes : des épines la plupart du temps, poissons ou oursins, des coupures avec les ouïes malgré les gants, des dents pharyngiennes qui m’ont écrasées les doigts en mettant la main dans les ouïes d’une carangue GT, (pour le mérou je savais qu’il ne fallait jamais mettre les doigts ni dans la gueule ni dans les ouïes), une grosse épine dorsale d’une liche de 45kg  m’a traversé le plexus solaire alors que je la plaquais contre moi pour l’achever, et aussi comme blessure, un coup de couteau dans l’avant bras qui s’est arrêté sur l’os du radius. Cette dernière avanie m’est survenue avec des balistes, faciles à tirer mais difficiles à achever. J’avais trouvé le point mortel, juste 12 à 15mm derrière l’œil, la pointe du couteau s’y glisse sans trop de difficulté. Seulement sur celui là, je n’y arrive pas, je tiens ce gros  baliste avec la main gauche en le plaquant contre mon avant bras gauche pour avoir un point d’appui et avec la dague dans la main droite, j’essaye de le trucider. Je force, je force un peu plus et ça passe d’un seul coup … et je me retrouve avec la dague plantée dans mon bras au travers du poisson et de la combinaison. Je retire le couteau,  je range le poisson et continue à chasser, mais au bout d’une bonne demi-heure mon bras est gonflé et avec la combinaison en compression, je n’arrive plus à bouger les doigts. Je croise un copain toubib en mer sur un autre bateau, lui raconte ce qu’il vient de m’arriver. Il m’explique que la combinaison empêche le liquide sympathique(lymphatique) de sortir, ça devient grave, il me découpe alors la combinaison, puis  presse sur la blessure et fais sortir le liquide, ça va de suite mieux, je peux bouger les doigts. Je suis allé à l’hôpital me faire placer deux points de suture et tout est rentré dans l’ordre.

Une autre plaisanterie avec un baliste :  je le trucide comme il faut cette fois ci, du moins il me semble, l’enfile à l’accroche poisson, et le glisse dans mon dos. Mais au bout de quelques minutes, il se réveille et plante ses dents pointues dans la partie charnue de mon individu. Il refuse de lâcher, je n’insiste pas trop car je tiens à conserver mon intégrité et ne pas déchirer mon pantalon. Lorsqu’au bout de quelque temps il se décide enfin à me libérer, je le ramène par devant et l’occis pour de bon.

Mais il n’y a pas que moi qui  se fasse mal avec les poissons. Nous sommes avec mon équipier de compétition monté à Erquy pour faire des coquilles saint jacques, au mois de Février, et d’ailleurs il fait moins quinze ce matin là…. Le bord de la mer est gelé et fait comme de la soupe sur une dizaine de mètres au bord, à la surface. On ramasse nos coquilles dans les horaires réglementaires, au bout d’une bonne demi heure on a fait notre quota, et au moment de repartir je vois une belle baudroie au fond, j’ai pris un 75 à tout hasard dans mon filet à coquilles, je descends, lui loge la flèche en plein milieu du crâne, elle ouvre la gueule dans un dernier râle, signe qu’elle est bien morte. Mon copain me dit : je vais la découper car on ne va pas se taper à remonter tout ça avec les coquilles.. Ok, vas-y. Il met alors la main dans la gueule de la baudroie pour bien la tenir, attaque la joue et … celle-ci claque violemment ses mâchoires tel un piège à loup sur sa main. Vu qu’elle est bien grosse, dans les 13/14kg, les dents sont assez longues et bien affutées et lui traversent les gants. Maintenant c’est lui qui gueule à la surface. Je lui replante le couteau dans la tête pour l’achever (de la baudroie , pas mon copain) mais rien à faire elle ne veut pas lâcher. A deux, on essaye alors d’ouvrir de force les mâchoires : impossible. Je devrais couper les articulations des mâchoires de chaque coté de la tête pour enfin le libérer. Il terminera bravement son travail, mais de retour au véhicule, ni lui ni moi ne pouvons prendre les clefs cachées dans le pare-chocs pour ouvrir les portes et se déshabiller, on attendra 15mn au soleil pour y parvenir tellement on est gelé. Je resterais 48h au lit avec en prime, des engelures sur le bout des doigts !

 

 

La compétition

Titou me poussait à faire de la compétition alors qu’au début ce n’était pas ma tasse de thé. Mais il avait raison, on y apprend plein de chose sur la chasse, l’équivalent de stages de haut niveau.

Une compétition par équipe se déroulait ainsi : On chasse par équipe de deux (maintenant on dit binôme), les chasseurs ne doivent pas s’éloigner de plus de 15m l’un de l’autre en surface. Un seul doit plonger, l’autre restant au dessus pour le surveiller, vœu pieux puisque la visibilité le permet rarement et si vous plongez à deux en même temps, c’est éliminatoire. Les équipes ne doivent plus se rapprocher à moins de trente mètres après une heure du départ. Les espèces autorisées sont énoncées avant le départ, ainsi que le poids minimum. Par exemple les vieilles sont mises à 1kg minimum, vous obtenez un point par gramme, mais si vous descendez sous le kilo, ça ne compte pour rien jusque 750 gr puis en dessous vous êtes pénalisé de 1000 points. Et aussi vous avez un bonus de 1000 point par poisson valable. Ainsi une vieille de 1500gr vous fait 2500 points. Les poissons blancs sont souvent autorisés à partir de 500gr. Beaucoup d’espèces sont protégées, donc interdites à la capture, mais aussi les espèces comme le congre(en Atlantique), les poissons plats, le lompe, les raies et les requins, poisson lune….Les règlements diffèrent légèrement d’une région à une autre sur les espèces. Sortir de la zone balisée est aussi éliminatoire. La compétition dure 5 heures, on peut se faire rapatrier en bateau au point de sortie dans les 4 premières heures. Rentrer après la cinquième heure est éliminatoire. La capture d’un crustacé est éliminatoire aussi. Une seule planche est autorisée pour le binôme avec deux arbalètes maxi chacun et un seul accroche poissons. Des bateaux de surveillance patrouillent sur toute la zone avec des commissaires à bord, pour vérifier le bon déroulement de la compétition. Ces règlements que je vous énonce étaient ceux de l’époque FFESSM.

La compétition a été arrêtée pendant pas mal d’années suite à la scission de la FFESSM, fédération plutôt anti-chasseurs. Elle a repris, mais les règlements sont totalement différents de nos jours et c’est la FFPSA qui organise ces compétitions maintenant. Il faut une licence pour participer aux compétitions.

Ma toute première, ce fut  à Belle-Ile, avec un débutant compétiteur comme moi. La mer étant mauvaise, la compétition s’est déroulée coté abrité de l’ile, mais ça remuait quand même pas mal. Au bout de 20 minutes, mon équipier me dit qu’il est malade, d’ailleurs il vomit régulièrement et reste sur la planche. Je chasse donc tout seul et il me suit tant bien que mal. Au bout de 2 heures j’ai quelques vieilles mais rien d’extraordinaire et c’est alors qu’en bout de zone, je trouve une faille pleine de moules et de labridés convoités. Après 3 ou 4 poissons fléchés, mon équipier appelle le bateau de surveillance, il n’en peut plus et on se fait rapatrier. On fera tout de même quatorzième au classement sur cinquante équipes,  avec seulement  3 h de chasse sur les 5 h réglementaires.

La compétition permet de progresser de façon sérieuse pour tout le monde, c’est comme un stage de perfectionnement. On apprend où et comment les premiers ont fait leur tableau, de quelle façon, etc…On compare aussi le matériel, sujet inépuisable, lorsqu’on débute.

Lors d’une autre compétition à Belle île, nous nous mettons à l’eau depuis un gros bateau de pêche, car nous sommes plus d’une centaine de compétiteurs, devant l’anse de la pointe des poulains. On se met à l’eau dans les derniers, et tout ce beau monde palme à qui mieux-mieux vers la cote. Etant mauvais en palmage, nous sommes finalement les derniers à aller vers la cote. Mais à 200m avant, régulièrement je mettais la tête dans l’eau, je devine une zone sombre. J’arrête mon coéquipier, pour aller voir. C’est bien une pierre dans les quinze mètres de fond et elle est bourrée de gros bars, car les autres étant passés au dessus en faisant un barouf de tous les diables, les bars s’y sont enragués. On en sortira deux de 5 kg et un de 3kg. On aurait du en faire bien plus, mais je m’y suis mal pris et ai tout effrayé à la seconde prise en tirant dans le ventre du poisson. Personne n’avait vu ça en compétition, j’ai même entendu des réflexions du genre : si c’était moi, j’abandonnerais le championnat pour conserver ces poissons. Il faut préciser que le poisson reste aux organisateurs et est ensuite distribué aux hospices, maintenant on dit EHPAD.

Une autre fois, lors d’une compétition à la cormorandière dans le goulet de Brest, j’ai sorti un sar de 2.380kg, qui a tenu le record du plus gros sar en compétition pendant près de dix ans.

 

Je n’ai jamais culminé en compétition, j’ai tout de même réussi à faire quatre fois second en une dizaine d’années. Mais pour être dans les meilleurs,  il faut être dans les 3 premiers régulièrement pour être sélectionné en championnat de France, et il faut impérativement reconnaitre les zones de chasse pendant au minimum une semaine afin de savoir où se tient le poisson, selon la marée, selon la houle, selon les coefficients. C’est 80% de la réussite. Mais malheureusement me trouvant en Vendée, à l’autre bout de la Bretagne, je ne pouvais reconnaitre ces zones, c’était donc soit du pif au mètre, soit mon équipier avait quelques fois  pu reconnaitre la zone. Car si mon métier me laissait loisir de chasser tranquillement, il était impératif de ne pas s’absenter deux jours pour soigner mes petites bêtes, sauf en hiver, hors période de reproduction et donc hors période de chasse également pour l’Atlantique.

Nous avons réussi une fois une sélection pour le championnat de France qui se déroulait à Barfleur. Mon équipier avait reconnut la zone. Titou avait arrêté les compétitions mais était sur un bateau de surveillance en tant que futur manager de l’équipe de France. Je dis à mon équipier, je te suis puisque tu as repéré la zone. En effet au bout de la première heure, nous sommes premiers avec 5 grosses vieilles, m’annonce Titou, c’est alors que la marée passe au montant, gros jus mais poisson abondant. En quelques minutes je remarque que le poisson a changé de comportement et de plus quatre équipes se sont postées à 30m devant nous et font barrage au poisson. Je veux bouger de place et passer devant eux, mais mon équipier insiste car c’est là qu’il a repéré le plus de vieilles. Lorsqu’enfin il se décide à bouger deux heures plus tard, il est trop tard, les autres se sont gavés et ont 35 à 40 pièces, alors que nous n’en feront qu’une vingtaine. On terminera à la  quatorzième place  du championnat en double et c’est seulement les treize premiers qui sont sélectionnés pour le championnat en individuel du lendemain, consécration suprême….

Une compétition qui s’est mal déroulée, ce fut à Portsall, là où l’Amoco-Cadiz avait coulé dix ans plus tôt.

Les diverses compétitions de l’année avaient été annulées pour cause de mauvais temps. Une fenêtre météo devait permettre son déroulement en ce début octobre. Nous sommes peu nombreux, à peu près 20 équipes à se mettre à l’eau sur une plage de gros galets. Ne connaissant strictement rien de la zone, nous décidons de suivre  François Talarmin, organisateur/compétiteur et vivant sur place, il devait donc, en théorie, nous amener sur un bon secteur, en théorie… Nous somme quatre équipes à les suivre, mais au bout d’une heure, les autres ayant abandonné bien plus tôt la poursuite, finalement nous aussi car personne n’a vu un seul poisson, ni eux non plus. On part en direction d’un ilot à quelques centaines de mètres au large. La houle commence sérieusement à monter et on ne voit plus personne. Dans une petite anse de cette roche, à demi protégée, quelques vieilles grignotent les moules qui commencent juste à repousser dix années après le naufrage. Mais la houle balaye plein pot et une grosse déferlante traverse régulièrement la petite anse. Il faut donc plonger 20 bons mètres avant, devant l’anse, s’accrocher à un gros caillou au fond pour espérer tirer une vieille dans ce remue ménage dantesque avec ces grosses déferlantes au dessus de la tête et repartir par le fond, si on ne veut pas faire une tache sur les roches de la falaise. On y va chacun son tour. Mais à la quatrième tentative, alors que je suis bien enroulé sur ma grosse pierre, une onde de houle balaye le fond, gonfle ma combinaison comme une outre et le courant repassant par la cagoule m’arrache masque et tuba en plus de me geler. Mon équipier après une demi-heure de recherche ne trouvera rien, on décide donc de rentrer  et de se faire rapatrier en bateau puisqu’il est moins de  4h depuis le départ. Seulement, tous les bateaux de surveillance sont rentrés à Portsall. Nous sommes les derniers en mer. On nage vers la plage à un bon km de là, mais lorsqu’on arrive, les déferlantes sont monstrueuses, de l’ordre de 2 à 3m avec les galets dans ces vagues qui résonnent comme des coups de tonnerre à chaque retournement. Tout le monde est habillé sur la plage, et ils nous regardent avec incompréhension. Au bout de dix minutes d’attente à regarder, analyser ce qui se passe, on décide d’aborder par la pointe de roche sur la gauche, les vagues semblent moins fortes à cet endroit et surtout il n’y a pas de galets dedans capables de nous fracasser. On  laisse se dérouler une grosse série, puis on se lance. Des gars se sont rééquipés pour nous venir en aide. Lorsqu’on arrive sans trop d’encombre sur les premières roches, on s’aperçoit qu’elles sont beaucoup trop grosses et lisses pour être escalader, et c’est alors qu’une série de très grosses arrive. On  plaque les mains contre la roche, palmes et fusil sous les bras, pour ne pas être écraser, la première déferle, se retire nous fait chuter et la seconde arrive encore plus puissante. Elle nous prend, nous balance au dessus des blocks sans les toucher et nous éjecte derrière. Les gars nous ramassent avec ce qui reste de notre matériel, je perds encore une palme et l’accroche poisson de la planche est cassé mais il reste encore 3 poissons qui se promènent ventre en l’air dans les mares. On est couverts de bleus mais rien de casser finalement. Les gars sur les bateaux étaient malades et sont rentrés pensant qu’il n’y avait plus personne. Avec les trois poissons rescapés, on termine quatrième de la compétition ce jour là !

Une autre compétition sur le secteur de Brest, nous mène dans un immense plateau de laminaires, totalement vide, d’ailleurs on termine la compète avec un seul poisson…Pendant notre balade, mon équipier ramasse sur le fond un gros lompe de peut être 2 kilos, à la main. Il remonte avec pour me le montrer. Le poisson ne bouge pas, il semble terrorisé et nous regarde alternativement avec ses gros yeux globuleux. Je le prends juste sous la plaque calleuse que ces poissons ont pour se poser sur le fond, il commence à remuer. Je le gratouille à cet endroit, et il nous fait une danse sur place. Un fou rire nous prend à tous les deux. Au bout de quelques minutes d’amusement, on le laisse tranquille et on palme doucement, il nous suit comme un toutou, puis voyant qu’on ne s’intéresse plus à lui, repart vers le fond. Le seul poisson que j’ai vu apprivoisé en deux minutes.

Une autre compétition, aurait du nous faire terminer premier, mais là c’est moi qui ai cumulé les problèmes. Elle se déroule à Saint Guénolé où je suis venu chasser avec Titou quelques mois plutôt, donc je connais un peu la zone et Titou me confirme qu’il faut rester autour de la roche du préfet. Seulement voilà, la veille je reçois une combinaison neuve commandée en 7mm, mais en réalité, en la mesurant plus tard, elle fait 8.5mm et du coup en me mettant à l’eau je flotte comme une balle de ping-pong à la surface avec mes 8kg de plomb. Mon équipier me passe un kilo et va me récupérer au fond un gros caillou que je mets dans la sous-cutale, ça fait de la compagnie mais pas assez de masse pour bien descendre correctement, je dois forcer énormément. Je trouve au fond à 14/15m une faille qui s’enfonce de plusieurs mètres dans la roche et en regardant bien vers le haut, elle repart en biais en devenant très fine avec des dizaines de gros sars dedans. Il faut donc descendre à 14m, s’enfoncer de 2m dans la pierre, remonter de 2m, tirer et refaire le chemin à l’inverse. Au troisième gros sar, des pièces proches de 2 kg, je coince la poignée du fusil dans la rague. Je me carbonise à essayer de la sortir et mon équipier devra faire plusieurs descentes pour réussir à la débloquer en tapant dessus avec un gros caillou. Du coup tout le reste de la bande de sars s’est fait la malle. Trop léger je force à chaque descente pour atteindre le fond, pourtant nous avons une belle chasse et mon équipier insiste pour que je reste sur la planche mais je suis mort, je fais une hypoglycémie telle que les gars sont obligés de me soulever pour me monter dans le bateau, une larve. Entre la combinaison trop épaisse et la poignée coincée au fond, je me suis totalement cramé. Il faudra 2 heures et un tube de lait concentré pour que je puisse me remettre debout sur la terre ferme et enfin me déshabiller.

Une compétition qui s’est bien déroulée, ce fut à Douarnenez, endroit où vit mon équipier, donc il connait bien la zone. Le départ est donné sur la plage, une centaine de chasseurs s’élancent, dont un certain nombre foncent vers le même point que nous, qui est éloigné de plus d’un km. Seulement je l’ai déjà dit, je suis mauvais palmeur et lorsqu’on arrive sur la roche prévue, quatre équipes sont déjà là et certaines ont déjà 3 vieilles à l’accroche poisson de la planche. Pendant la première heure tout le monde a le droit de se côtoyer ensuite il faut rester à trente mètres les uns des autres. On racle les dernières vieilles mais limite en poids. Tout le monde s’en va, on reste seul. La marée change, je remarque alors un gros banc de lieus jaunes qui vient à l’agachon à un seul endroit, une marche juste sous les laminaires vers les 17m. Ils sont justes à la maille, faut bien les choisir. A la seconde descente mon équipier remonte en catastrophe, je l’aide à rejoindre la surface et lui demande s’il veut bien rester en haut et que je chasse les lieus tant que je pourrais, il est d’accord. J’en ferais 11 d’affilée, 9 valables, le poids minimum étant à 0.5kg mais  grâce à la prime de 1000 point pour du poisson blanc, du coup on terminera second avec quelques autres poissons grappillés de ci, de là.

J’ai aussi réalisé deux brocouilles en compétition, une à l’île de Groix et l’autre dans le goulet de Brest, et d’ailleurs ce jour là la compétition fut annulée, un des chasseurs étant décédé au fond, c’est très rare à ce niveau, mais preuve que cela peut survenir, même avec un binôme.

Suite à ma syncope en piscine, j’ai donc le moral dans les chaussettes. Je m’associe avec un copain pour faire la première compétition de l’année, de nouveau à Douarnenez. Je connais donc la zone, mais ce jour là je n’arrive pas à avancer, je suis à la traine alors que je me suis bien entrainé en piscine durant tout l’hiver et le printemps, je suis tellement à la traine que nous ne feront quasiment rien. Là je suis écœuré et je décide d’arrêter les compétitions. J’ai aussi changé de métier et suis devenu ferronnier, donc beaucoup plus de travail avec moins de temps libre pour chasser.

Les compétitions internationales ont évolué vers une course des profondeurs. A l’époque de Titou et Amengual, ces chasseurs ne descendaient pas à trente mètres, leur connaissance et leur expérience leur permettaient de faire le maximum de poissons dans la zone des 10 à 20m, Titou me dit que le maximum qu’il soit descendu c’est 26m, et même à Ustica où les chasseurs italiens pensaient gagner la compétition en chassant entre 30 et 40m, Titou la remporta haut la main. De nos jours on voit des gars descendre à 62 m pour harponner un poisson. Titou répète à qui veut l’entendre qu’ils n’ont rien dans la tête.

Nous avons eu trois champions du monde en individuel en 60 années, Jules Corman en 1958, Jean Tapu en 1967 et Titou (Jean Baptiste ESclapez) en 1975. Pas mal de champions du monde par équipe dont Hugues Dessault et Titou. Titou fut également deux fois vice champion du monde en individuel.

 

 

Le matériel

Il faut bien en parler un peu puisque c’est le sujet principal qui préoccupe les chasseurs en dehors du poisson.

En premier lieu, LE MASQUE

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Que dire si ce n’est que chaque masque convient à un type de personne et pas à une autre. Pour voir si un masque vous convient, on le pose contre le visage, on aspire légèrement par le nez et il doit rester plaquer par la dépression et ne pas tomber.

Il existe différentes sortes de masques, ceux pour plongeur bouteille, de grand volume, parfois avec des vitres sur les cotés et même en silicone translucide, ça fait plus joli sur les photos. Ces masques sont à éviter soigneusement, conçus pour la plongée bouteille, ils sont trop volumineux.

LE MASQUE CLASSIQUE AVEC VITRE CENTRALE.

 Ces masques sont très bons, donnent un bon champ de vision mais ont un volume d’air intérieur  qui peut nuire à la descente en profondeur, car il faut souffler un peu d’air à l’intérieur du masque au fur et à mesure que l’on descend sous peine de se retrouver les yeux sortis de leurs orbites. Pour anecdote, Titou chasse toujours avec son masque hublot des années 50 !

LES MASQUES DITS A PETIT VOLUME

Ils ont deux verres bien plus près du visage, des lunettes en somme, le nez ressort avec la jupe du masque devant les verres et ont plus au moins de champ de vision selon leur conception. Pas facile de trouver un masque petit volume qui convienne parfaitement à votre visage pour ne prendre de l’eau régulièrement et avec un champ de vision bien élargit, car le principal de la réussite pour prendre du poisson, c’est d’abord de les voir.

LES MASQUES CORRECTEURS DE VISION

J’en eu un, le champ de vision est réduit au centre du verre (pour mon cas) et donc je l’ai vite abandonné pour mettre des lentilles jetables, c’est très bien en attendant d’être opéré de la cataracte qui m’a redressé la correction, et là c’est parfait maintenant.

Il existe aussi des verres à effet miroir, afin que les poissons ne voient pas vos yeux et ne lisent votre coté prédateur  dans votre regard. Si c’est très bien en théorie, c’est mauvais en pratique car cela obscurcit la vision au fond, surtout dès que la luminosité fait défaut.

 

Deux astuces pour enlever la buée qui vient de suite sur les verres à cause de la différence de température entre l’eau et votre visage avec en plus l’air que l’on insuffle par le nez, lors des descentes. La plus simple consiste à frotter les verres avec du dentifrice, un certain moment pour l’enlever par usure sans rayer le verre, car la cause de cette buée provient de l’huile de silicone lors de la trempe du verre pour le rendre incassable, qui lui laisse une fine couche.

La seconde méthode avec un masque neuf consiste à « bruler » cette couche de silicone avec un briquet chalumeau car il faut monter à 260° pour détruire cette couche de quelques microns, il faut donc insister. Le verre ne risque rien, ni la jupe si et seulement si, elle est en silicone, mais de nos jours presque tous les masques sont en silicone, le caoutchouc ne doit plus exister que pour le masque hublot des années 50.

Et pour finir, il est tout de même indispensable de ressuyer les verres avec du liquide vaisselle et de le rincer très léger toujours pour éviter cette buée, avant de se mettre à l’eau. Enfin si la buée revient en cours de chasse, il suffit de cracher dedans, d’étaler la salive avec un poil de rinçage et c’est reparti !

Une autre méthode tropicale consiste à frotter ensemble avec de l’eau et des pousses de kis-kis, une plante à faire des haies aux feuilles allongées, et lorsque ça commence à mousser on frotte le verre avec, c’est impeccable pour toute la chasse. On vend aussi des produits en spray anti-buée.

 

LE TUBA

Le tuba doit être pris avec embout en silicone, pour sa souplesse, il y a plusieurs diamètres. Il faut prendre le moyen, ni les trop petits, ni les trop gros.

Le tuba se passe dans la fente de la sangle du masque derrière la tête, et pas sur le coté, où il risque de soulever la jupe et de faire prendre l’eau et aussi, il sera bien positionné avec un angle de 90° à  la surface, pour éviter d’avoir moins d’eau dedans lorsqu’on avance en regardant en bas.

La bonne façon de mettre masque et tuba (dessin de Guy Gazzo)

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LA COMBINAISON

En néoprène refendu, indispensable pour les eaux fraiches, sans fermeture éclair.

En été en atlantique du 5.5mm, du 7mm en hiver, du 8 ou du 9mm pour les particulièrement frileux.

En méditerranée, du 3mm lorsqu’elle est chaude, du 5.5mm lorsque le mistral souffle, et du 7mm pour les chasseurs de loups en hiver.

Sous les tropiques, du 2mm c’est bien et même un simple lycra lorsque l’eau atteint les 30°. Il faut rester couvert à cause des méduses et des coups de soleil, et du 3mm lorsqu’elle repasse à 24/25° l’hiver.

Le sur-mesure est préférable si vous avez les moyens, au  standard. Les qualités de néoprènes influent beaucoup sur la durée de vie de votre combinaison. Je ne suis pas un spécialiste des combinaisons, mais grosso-modo  le Yamamoto est souple par contre il s’écrase en profondeur et le Daiwa s’écrase moins mais est plus raide à enfiler.

Une combinaison s’enfile avec de l’eau savonneuse, sinon vous allez la déchirer, et chaude en hiver ! C’est simple, un bidon de 5 litres d’eau bien chaude, glissé à l’intérieur de la combinaison pendant le voyage, ainsi elle reste agréable à enfiler en plein hiver, même après plusieurs heures de route.

Les combinaisons camouflage, c’est joli mais il n’a jamais été prouvé leur efficacité, sauf à ressembler à un snipper américain, mais alors impossible de descendre assez bas avec cet attirail

 

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LES GANTS ET LES CHAUSSONS

Indispensables tout les deux. Les gants pour ne pas s’abimer les doigts. En néoprène en hiver et de travail classique en été pour économiser ceux de néoprène. Sans gants, c’est petites blessures garanties car la peau s’attendrie très vite dans l’eau.

Les chaussons ne doivent pas avoir de semelles sinon vous aurez des crampes avec les palmes, juste un peu renforcés pour ne pas s’abimer trop vite si il y a de la marche à faire avant de se mettre à l’eau, ou alors les croques en sus. Attention, les chaussons en néoprène refendu glisse sur le pied lorsque l’on marche avec, c’est un sujet à chute. Le chausson évite aussi des blessures par frottement de la palme contre la peau.

Idem la combinaison, l’épaisseur varie selon la température de l’eau. Attention : trop épais et vos palmes n’iront plus.

Anecdote pour résister au froid. Un kayakiste voulant faire le détroit du grand Nord, s’est entrainé pendant deux ans au froid. D’abord dans sa baignoire avec de l’eau froide, puis en y ajoutant au fur et à mesure des glaçons. Lorsqu’il est revenu de son périple, il chassait à Belle île en shorty (petite combinaison peu épaisse, sans bras ni jambes, ni cagoule)au mois de mai où l’eau est à 14/15°.

LE COUTEAU

Comme je vous l’ai expliqué il peut sauver la vie, donc il doit couper. Une dague est préférable car on s’en sert beaucoup pour achever les poissons. Et aussi les vider avant le retour à terre.

Sa place est selon les chasseurs à la cheville. D’autres préfèrent au bras, plus facile à prendre parait-il. Personnellement j’ai essayé et ça ne veut pas tenir sur mon bras, la gaine glisse vers le coude systématiquement et si je serre plus fort les sangles, le sang ne passe plus. D’autres le mettent à la ceinture. C’est comme on le sent, le tout est de pouvoir le prendre rapidement. Si on le porte à la jambe, il faut le mettre coté intérieur, ainsi on a moins de risque de le perdre par frottement contre les roches. Il faut impérativement le sortir de la gaine, le rincer et le laisser sécher après chaque sortie sinon c’est rouille garantie, car l’inox contre le plastique c’est catalyse !

 

LES FUSILS ou arbalètes, sujet à débats inépuisables…

Il existe deux grandes sortes de fusils : les pneumatiques et les arbalètes à sandows.

Le pneumatique semble être la panacée : il est puissant à très puissant selon son gonflage, plus court qu’un fusil classique donc plus maniable, première qualité d’un fusil. D’un prix raisonnable en rapport aux inverts à plusieurs milliers d’euros. Seulement voilà, il a un défaut, le système de visée est décalé à cause du gros tube et donc perturbe la  ligne de visée, d’autant plus que la flèche est très courte. Certains s’en accommode parfaitement, personnellement j’ai essayé je ne suis jamais arrivé à faire un seul poisson avec. La longueur varie de 40cm à 120 et plus il est long plus il est délicat à armer, il faut des rallonges.

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Ma première chasse tropicale à Madagascar, j’ai emmené un pneumatique de marque Muréna, soit disant capable de traverser une pièce de 5 francs à 5 mètres. Le premier jour j’ai tout raté, puis je me suis mis dans le lagon devant une patate de corail où plusieurs centaines de poissons soldats gardaient l’entrée, les plus gros un kilo. J’ai tiré 11 fois d’affilée, je n’en ai pas touché un seul. J’ai revendu ce fusil incompatible avec ma conception de la visée. Avant cette avanie, j’en ai eu un autre, d’une marque toujours en vente donc je ne la citerais pas, c’était pareil, impossible de toucher la cible, mais c’est personnel, d’autres  y parviennent parfaitement.

Pour la chasse tropicale, je ne le recommanderais pas, son système avec les joints est peut être plus fragile et pas facile de trouver des pièces sur place, de plus avec la puissance des poissons qui peuvent vous tordre une flèche facilement, celle-ci ne fonctionne plus dans le fusil dès qu’elle est légèrement pliée.

L’ARBALETE A SANDOWS

Là il y a plusieurs sous catégories de nos jours. L’arbalète  simple à sandows, l’arbalète roller, par ce que les sandows passent dans des poulies en tête de fusil et reviennent s’ancrer près de la poignée. Et enfin des inverts, nom donné à des fusils complexes avec des renvois de poulies, de démultiplication qui permettent de mettre beaucoup de sandows et d’avoir une grosse puissance, uniquement sur des futs en bois.

L’arbalète simple sandow est utilisée depuis très longtemps par les polynésiens sur des futs en bois. Puis vers la fin de la guerre 39/45, les fabricants ont monté les flèches et les sandows sur des tubes étanches en aluminium, puis ces dernières années sur tube en carbone encore plus léger. Le fusil est simple de conception, facile à armer selon la dureté du sandow (là il y a beaucoup à dire) et la longueur bien sûr. Cette même arbalète peut être pourvue de plusieurs sandows si le mécanisme de la poignée le permet, ainsi on peut tirer plus loin ou plus gros (raisonnement simpliste) mais il y a un mais, le recul devient pénible à dangereux pour le chasseur avec la dureté et le nombre de sandows. La longueur des arbalètes simples à sandows varie de 50cm à 160cm de tube, selon son usage. Vous les avez en photos sur mes diverses chasses.

Il existe trois types de fûts pour nos fusils, d’ailleurs on dit aussi bien fusil, qu’arbalète. Les premiers après la guerre, le furent en aluminium (je schématise), ou en bois en outre-mer, puis les tubes se firent en carbone et depuis une vingtaine d’année, le bois redevient à la mode, voire même un mixte bois/carbone.

ALUMINIUM extrudé : pris de revient bas, solidité selon la fabrication, diamètres possibles :  25 mm, 28mm et depuis quelques années 32mm, mais il cintre facilement sauf à passer dans du 32mm pour les fortes puissances

CARBONE : prix élevé, mais on peut facilement leur donner la forme désirée : os de seiche, guide flèche intégré ….le diamètre général est le 28mm

LE BOIS : là c’est exactement ce que l’on veut en forme, taille, guide flèche, sauf la tête qui est presque uniquement en tête ouverte. Avantage de pouvoir mettre n’importe quelle flèche que ce soit en longueur ou en diamètre, puisqu’il est taillé à la demande. Un inconvénient, il est moins maniable qu’un tube vu que pour obtenir suffisamment de rigidité et de flottabilité, le fut est plus épais qu’un tube et il faut entretenir le bois. Gros avantage, il amorti considérablement le recul justement par son volume et sa masse.  Des tas d’artisans vous proposent leurs services pour réaliser le fusil de vos rêves.

Les mixtes, composés d’un tube carbone enchâssé dans un cadre en bois, ils sont conçus pour le tout gros, ils peuvent recevoir de 3 à 5 sandows circulaires et vu leur masse, le recul est modéré. La flèche se retrouve enfermée dans le fût en bois sur la moitié de leur longueur (enclose-track) et ainsi ne peut onduler au démarrage. Ils remplacent avantageusement les premiers grands fusils bois style Riffe pour le tout gros, auxquels il fallait rajouter des wings (ailerons surdimensionnées) pour amortir le recul. Ces premiers fusils ont fait merveille à leur époque et sont prisés encore dans certaines régions comme la nouvelle calédonie.

Un Riffe avec wings :

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Un Wong mixte :

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Le roller a pour but d’éliminer le recul puisque les sandows tirent (presque) en même temps vers l’avant et vers l’arrière du fusil, donc les effets de poussée sur le fut s’annulent pour la main mais reste puissant pour la flèche. C’est presque l’équivalent d’un double sandow, je dis presque car il y a des pertes de puissance dans l’écrasement des sandows quand ils passent dans les poulies et aussi un peu de perte dans les poulies elles même. Il s’arme en une, deux ou trois fois selon la dureté des sandows et sa conception. Longtemps les rollers tiraient trop bas, effet nadir, c’est maintenant résolu avec un arrêt de l’obus, que l’on appelle « stopper », et qu’il n’y a pas sur la photo en dessous car le guide flèche est très profond, presque un « enclose track » et donc l’obus en tension à la fin ne gêne pas. Les rollers et inverts sont en têtes ouvertes, cela change la visée par rapport au fusil classique avec têtes fermées. Beaucoup de jeunes chasseurs loupent très souvent, c’est souvent une inadéquation entre le chasseur et le fusil, il faut essayer d’autres modèles pour voir celui qui vous convient le mieux. Il faut s’entrainer et tirer sur une cible pour voir comment vous tirez avec une arbalète.

 

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Les inverts (anglicanisme de inversés), assez complexes de conception, imaginés par des ingénieurs à la base et plutôt orientés chasse au tout gros, avec des flèches de 8 à 9mm. J’en ai essayé un, il n’y a pas de recul malgré le nombre de sandow tendus. J’ai tiré une belle carangue GT de 13kg, j’ai regardé le poisson qui n’avait pas bougé après mon tir, je me suis demandé si la flèche était bien partie, mais oui et le poisson était foudroyé. Donc précis, avec zéro recul effectivement. Je lui trouve deux défauts à ce type de fusil, le premier long à armer car il faut de trois à cinq manœuvres pour y parvenir. Puis, le fut en bois est très large pour supporter de 6 à 10 sandows, ce qui le rend peut maniable. Sa vocation c’est de tuer des thons ou marlins, donc dans des eaux très claires où l’on voit le poisson depuis au moins trente mètres, ainsi on peut  bouger le fusil tranquillement. Sa puissance est indéniable et son armement plus facile pour les petits bras qu’un fusil à gros sandows de 140 à 160 de tube, difficile à charger.

La longueurs des inverts varie de 100 à 135 , c’est une généralité et son plus grand défaut réside dans le prix, pour exemple rien que pour changer les sandows, le kit complet peut couter jusque 200€ et il faut le faire au moins une fois par an si l’on chasse régulièrement avec.

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Tous les fusils d’origine peuvent être améliorés, en portée, en précision, en puissance, (sur les véhicules on dit faire  du tuning). Les forums sont là pour vous expliquer les diverses possibilités selon que l’on change de diamètre de flèche, de diamètre de sandows, de longueur de sandows et de la dureté des sandows, le sujet est vaste. La plupart du temps on augmente une performance au détriment d’une autre. Je le dis régulièrement : le principal reste la maniabilité d’une arbalète car très souvent, vous avez quelques dixièmes de secondes pour tirer avant que le poisson ne démarre au loin. Donc plus il est long, moins il est maniable, plus il est gros moins il est maniable, car il faut pousser le volume d’eau du fusil pour aligner flèche et poisson.

La masse du fusil maintenant.

Il doit être équilibré la plupart du temps. Trop léger, flottant, il vous casse le poignet à la longue. Trop lourd c’est pareil. Equilibré, c'est-à-dire neutre dans l’eau, c’est parfait pour l’agachon. Personnellement je les préfère un poil lourd, juste qu’ils ne flottent pas et coulent doucement,  pour deux raisons. Un fusil légèrement lourd, vous pouvez le laisser au fond pour bien marquer une pierre et son entrée. Et lorsque l’on chasse dans le courant ou dans la mousse, un fusil un poil lourd devient plus maniable car plus facile à manœuvrer une fois que vous avez commencé à le déplacer par l’inertie de sa masse, il est moins fluctuant avec la houle.

J’ai presque toujours chassé en métropole avec un 75cm, même en méditerranée en hiver, rarement un 90. Il est armé d’une flèche de 6.5mm en acier dur et équipé d’un sandow court en 20mm, avec un coefficient de 3.5 à 4 selon la dureté de la gomme. Pour alléger un fusil d’origine trop lourd, il y a plusieurs méthodes : on peut remplir tous les interstices du tube, de la poignée et de la tête avec de la mousse à cellules fermées, sinon ça ne sert à rien en deux sorties la mousse sera devenue un éponge. Ce n’est souvent pas suffisant, un manchon en néoprène sur le tube proche de la tête allège pas mal aussi, mais gêne à la maniabilité. En dernier ressort, il faut diminuer la flèche en diamètre ou en longueur mais cela modifie la visée et la rigidité de la flèche qui peut alors partir à coté. La portée utile d’un 75cm est de 2.50m, 3m pour un 90cm ainsi de suite

Sous les tropiques, pour chasser les pélagiques, le fusil est aussi important que le chasseur. Il faut de la puissance, un maximum pour traverser un poisson de 60 kg par exemple à 5m, car avec la grande visibilité, les poissons se tiennent volontiers à 5m et souvent bien plus. Je préfère une arbalète à tube carbone de 150 avec une flèche de 190 à 200 en 7.5mm et deux sandows de 18mm en coefficient 3.5 pour de la gomme moyenne dureté et en coef 3.8 pour de la plus tendre, c’est un choix très personnel. Ce fusil simple de conception s’arme rapidement et donne une excellente puissance à 5m et il est précis et permet de tirer un mérou de moins de dix kilos à 6m aussi bien qu’un marlin de 150kg entre 4 et 5m. Le matériel doit être blindé à toutes épreuves sous les tropiques, tout le matériel.

Pour chasser dans le récif, l’arme idéale est un 140 avec un seul sandow, il vous permet tout de même de tirer une carangue ou un barracuda à 4m. Si c’est pour faire du petit poisson dans les patates et alentours, un 110 est largement assez grand.

Photo de mon fusil fait maison en 150, avec gros moulinet de 130m. Ce beau thazard s’est fait attaqué par un gros barracuda

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Et les 3 fusils avec lesquels je chasse régulièrement: le 150 fait maison, un 140 BWK et un 125 fait maison également:

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Il y a 1 heure, dom85 a dit :

Vous en excuserez les fautes grammaticales, de syntaxe et autres n'ayant jamais était un intellectuel.

J'espère que celle-là tu l'as faite exprès ? 😁

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Top ces récits de chasse, j'ai finis de lire le 1 er chapitre, je garde les autres pour les prochains jours.

Moi aussi je mets toutes mes sorties  sur un carnet depuis le début,  de temps en temps je relis mes notes qui me rappelle de bon souvenirs .

Merci Dom.

 

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Marseille, Saint-Guénolé, Mada, Titou..........la combinaison Cousteau et le 75...............le theatre est dessé.............les souvenirs et le bonheur sont dans chaque mot...........Ah Ah Ah !

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Il y a 6 heures, quebra a dit :

Merci Dom, c'est quand le chapitre sur la chasse tropical qu'on passe dans le vif du sujet ?

Ne t'en fais pas, celui là il est long et fourni 😊

l'épisode suivant déjà parle de comment je suis arrivé à Madagascar, après le reste du matériel

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OPUS 2

La suite du premier, avec le reste du matériel et de mon arrivée sous les tropiques

 

 

LES FLECHES

Les flèches sont  de différents diamètres selon leur usage. Cela va de 6mm à 9mm, mais les plus couramment utilisées sur la majorité des fusils du commerce, sont les 6.5 et 6.75mm, et 6mm sur les tubes de 25. 7mm pour les grosses configurations.

Ce qu’il faut bien retenir sur les flèches, c’est qu’elles doivent rester droites, sinon elles partent dans les coins. L’ardillon doit être parfaitement réglé, d’épaisseur et de longueur suffisante selon le poisson que l’on chasse sinon il va se déchirer. Ensuite les flèches inox ne rouillent pas mais sont trop molles pour supporter une forte puissance, le HCR de haute densité (au dessus de 60) est plus dur mais ce n’est pas facile à trouver la bonne qualité et c’est cher. Les flèches les plus solides à l’heure présente où j’écris ces lignes, sont sans contestation possibles les flèches Rob Allen, dites RA. Dans un acier ressort (spring-steel) de 1200 MPA, ce sont les meilleures. La finition est parfaite, qu’elle soit à encoches ou à pins, il n’y a rien à retoucher, seulement elles rouillent...  Il existe deux sortes de flèches avec ardillon, l’hawaïenne avec ardillon en dessous et la tahitienne au dessus.

Voici ce que l’on peut faire avec ces flèches RA, n’essayez pas avec votre HCR, elle restera tordue

 

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Que votre flèche soit à encoches ou à pins et même sharks, elles reçoivent l’obus qu’il est préférable de mettre en dyneema, ça évite de s’abimer les doigts le jour où il saute. Les obus en acier articulés étaient très bien en solidité, avant que le dyneema n’existe. La plupart des arbalètes sont montées avec des obus en dyneema de nos jours.

Les flèches à sharks, gros ergots soudés sur la flèche, ne passent pas dans les têtes fermées, il faut soit des encoches soit des pins et jusque 7mm de diamètre, et ça passe.

A 7.5mm on peut se passer des ergots, les encoches ne casseront plus. Voir la photo au dessus

     ergot shark

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Les pins sont de petits ergots enchâssés à force dans un perçage.

  Ergots pins

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Les pointes de flèches doivent être parfaitement affutées pour traverser le poisson, il est de notoriété que la pointe tricut est de meilleure pénétration dans les poissons

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Pour améliorer la pénétration il existe des cônes de …pénétration, que l’on enfile en force sur la pointe de flèche. Cela aide à rentrer dans un crâne ou une colonne vertébrale et même à traverser la carapace de certains poissons comme les carpes rouges ou les gros perroquets dont les écailles sont volumineuses en multicouches avec l’ardillon qui se bloque dessus.

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LES POINTES DETACHABLES, ou slip-tip

Cet ustensile se met sur une flèche filetée de gros diamètre pour chasser des wahoos (thon banane) par exemple, à la chair fragile qui se déchire facilement. La pointe doit impérativement traverser le poisson pour se détacher de l’autre coté et prendre appuis sur toute sa longueur. Deux modèles les plus réputés sont la pointe Riffe, le ice pike et la pointe Mori. Celle-ci est plus fine et traverse mieux. Le cône qui reçoit la pointe peut se tordre sous l’impact, c’est alors poubelle…. Une pointe détachable tourne entre 50 et 90€. On peut s’en passer, les flèches à double ardillon ont le même office, mais le plus important pour ne pas perdre un poisson, c’est de bien ajuster son tir et ensuite de ne pas la jouer en mode bourrin. Personnellement pour le gros, je ne chasse qu’avec des flèches RA simple ardillon Hawaïen, long de 85mm, mais soit je place bien ma flèche soit je ne tire pas. Jean Tapu, le champion du monde chassait avec une flèche sans ardillon, soit il tuait net le poisson soit il ne tirait pas.

Rob Allen a sorti une flèche avec pointe détachable intégrée en 7.5 et 8mm. Ils l’appellent drop-barbe. Le principe est un peu différent mais la partie détachable ne peut se mettre en place que si le poisson est totalement traversé.

    Pointe Mori

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  Ice pike de chez Riffe

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Les sandows

Sujet vaste il en est, car il existe de 3 à 5 variétés de gomme de sandow, dans 5 possibilités de diamètres et ce, pour chaque marque. Le choix est donc très étendu. Les meilleurs sandows sont en latex pur et non en matière synthétique mais coutent nettement plus chers. Cela peut aller de 8 à 28€ le mètre. De nos jours, la majorité des chasseurs aguerris fabriquent eux même leurs sandows, ce n’est pas très compliqué, il existe plein de tutos à cet effet sur les forums ou internet.

Les diamètres usuels vont de 14mm à 20mm. Le plus usité étant le 16 mm. Chaque gomme a sa dureté, donc son élasticité propre, on parle d’étirement ou de coefficient d’élongation (coef) pour la longueur dont on allonge le sandow. Cela va de 3 pour le minimum à 4 de coef pour le maximum, selon deux critères : la force du chasseur et la durée de vie que l’on veut pour ses sandows. En effet plus vous lui mettez de coef, moins sa vie sera longue. Mais plus vous lui mettez de coef, plus vous aurez de puissance et de portée pour votre flèche, c’est un choix, voilà pourquoi je prends une certaine réserve de sandows pour deux ans sur la photo du dessous

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. La couleur est propre à chaque marque, mais une généralité veut que le jaune soit le plus tendre et le noir le plus dur. Le trou interne, qu’il soit petit ou gros ne change rien à la puissance du sandow, c’est du marketing pour vendre nettement plus cher, en effet la quantité de matière entre un petit trou interne(on dit petit id) et un gros trou (on dit gros ID) est au maximum de 4%. Si la puissance est supérieure à 4% c’est simplement que la gomme n’est pas la même, et 4% ce n’est vraiment pas grand-chose.

La qualité de la gomme change notablement d’une fabrication à l’autre, et dans une même bande de sandow, elle peut aussi varier distinctement. Même dans les qualités les meilleures.

Un problème survient avec la tension des sandows, passée dix minutes le sandow se ramolli, perd de sa puissance, et plus le temps dure, plus il perd de puissance. Cela peut monter jusque 30% passé une heure. Et plus vous tendez fort, plus ça baisse vite.  Plus le sandow est gros, moins il perd de puissance dans le temps d’armement. Et certaines marques sont réputées justement pour le peu de perte de leur gomme, elles le font bien payer. Mais si un sandow dure deux ou trois fois plus longtemps, et a peu de perte de puissance pendant la tension, c’est tout de même très intéressant.

On voit sur ce diagramme, que passé 25 minutes, un sandow de 17.5mm en coef de 3.6 se retrouve avec moins de puissance que le même armé à 3.3

 

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Ustensiles pour fabriquer vous-même vos sandows. Une photo valant mieux qu’un long discours….

 

Ci-dessus, des obus à visser pour la tête et le dyneema pour l’obus sur la flèche.

Et dessous, une épissoire pour enfourner les billes sans soucis dans les petits id

 

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Un dernier détail au sujet des sandows, sur les grands fusils, c’est très difficile d’aller attraper le sandow car ils sont trop loin, on utilise alors une rallonge, appelée aide à l’armement. Ce petit bout de sandow se perd très facilement, car il faut l’avoir avec soi pour réarmer votre fusil dans l’eau. Personnellement, je le mets dans la sous-cutale, mais il m’est arrivé d’en perdre plusieurs en voulant uriner depuis le bateau alors que l’on avance, car vous n’y penser plus à ce moment là.

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LE MOULINET

Sujet à forte discussion, car je ne suis partisan du moulinet que lorsque l’on compte tirer des poissons conséquents, autrement il est plutôt nuisible surtout pour les débutants.

Bref, cet organe est souvent, voir très souvent un mauvais outil, mal conçu, mal finit, de peu de contenance, qui se bloque ou au contraire se dévide seul, fait des perruques. Comme vous le voyez je leur trouve beaucoup de défauts sauf, hé hé, sauf quelques rares modèles. Je vais citer une marque qui construit  du sérieux, solide à toute épreuve avec des contenances bien supérieures à celles annoncées, le  Red-Tide. Celui là de moulinet, reste au réglage du frein que vous lui mettez au départ, ne perruque pas, dévide suffisamment vite pour remonter à la surface lorsque le thon sonde, bref il fonctionne bien et de plus contient de 20 à 30% de fil de plus que le chiffre annoncé et en 2mm, pas en 1.5mm comme la majorité.  Je m’en sers pour le gros poisson et n’ai encore eu aucun souci sur des dizaines de poissons de 15 à 60 kg. Chasser le gros au moulinet et non pas en break away (fil de flèche relié à une bouée) n’est pas de tout repos et c’est réservé aux personnes très aguerries. Je ne le recommande pas si vous n’avez pas au moins  une dizaine d’années d’expérience derrière vous dans ce type de chasse. Autrement pour chasser du maigre ou de la liche c’est parfait. Pas besoin d’un moulinet pour tirer sar, mulet ou de la vieille. Le moulinet peut aussi bloquer le passage de l’arbalète dans certaines ragues biens étroites. Certains s’en servent comme d’un marqueur au fond en laissant la flèche pour retrouver une pierre par exemple. Un petit outil appelé bobinot fait parfaitement ce travail. Et s’il  y a trop de courant, bobinot ou moulinet ne servent à rien, vous ne remonterez pas le courant.

Un moulinet se remplit de dyneema tressé, non pas du gainé réservé pour la flèche. Le tressé est plus souple, s’enroule mieux. Il faut le monter assez serré sur la bobine, le fil ne doit pas être lâche, sinon en cas de fortes sollicitations, il va passer entre les spires  et possibilité de blocage quelque soit le moulinet.

 Moulinets red-tide de 100 et de 80, contenant 130m pour le premier et 100m pour le second

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LES FILS DE FLECHE

Le nylon monobrin, est le premier fil utilisé il y a 70 ans, même s’il a bien évolué au fil des décennies, il reste fragile, peut se rompre à la moindre sollicitation avec une très légère entaille et surtout perd la moitié de sa résistance en 6 mois de temps (données constructeur). Le fluage est la mémoire de forme et de déformation d’un fil, typique du mono nylon. Le fil de nylon tressé est encore moins solide mais plus souple, c'est-à-dire qu’il fait des nœuds sans qu’on lui demande. Le nylon mono fil redevient intéressant en fil de flèche à 2.5mm pour le tout gros.

Le fil de kevlar est maintenant abandonné et remplacé par du dyneema, aussi appelé Spectra. Ces fils sont soit tressés, soit gainés. Le tressé est bien souple et fait pour mettre sur le moulinet, pas sur la flèche. Le gainé est plus raide, plus solide s’il est en pur dyneema gainé et tresse interne et pour arranger le tout, il doit être ensimé(traité contre les uv) et pré-étiré. Il devient moins épais et donc plus solide pour un même diamètre donné. Je fais dans le succinct car il faudrait parler des torons, de la gaine cousue, des fuseaux tressés longs ou courts, de la qualité K78, k99 ou du chinois K45….

Pour un chasseur de poissons atteignant maximum 8kg, je recommande du fil de 1.6mm en dyneema, car en plus de sa solidité supérieure à l’acier, il dure à vitam aeternam s’il est ensimé. Tous les bons dyneema sont ensimés en usine. La durée de vie pour un fil, c’est lorsqu’il perd la moitié de sa résistance.(données constructeur).

Pour ceux qui croisent de temps à autre une belle liche ou un gros maigre, le 1.8mm est parfait.

Le 2mm conviendra aux chasseurs tropicaux de récif, où la puissance d’une carangue et les coraux, obligent à monter en gamme.

Pour le tout gros, il ne faut pas hésiter à passer au 2.3mm, de bonne facture, c'est-à-dire avec une résistance de 500 à 600kg. La résistance d’un fil ne veut pas dire grand-chose, c’est un test réalisé en usine, dans les meilleures conditions, avec un fil neuf sans aucun défaut et sans nœud. Test réalisé dans l’air, pas dans l’eau. De plus un nœud affaiblit le fil de 10 à 30%. La résistance d’un fil doit être au moins de 10 fois supérieure à la masse du poisson recherché, sinon le fil va casser au choc du départ. Car  un poisson qui démarre et va se retrouver bloquer, son énergie sera celle de son poids multiplié par la vitesse au carré, divisée par deux : E = ½ MV². Des carangues de 30/40 kg qui m’ont cassé des fils de 400kg, c’est arrivé plusieurs fois. Donc il ne faut pas lésiner sur ce point, perdre un poisson pour cause de fil qui casse, c’est non seulement rageant mais stupide votre part si vous étiez au courant.

Un bon dyneema c’est cher mais vu que ça dure très longtemps, et que l’on ne perd aucun poisson sur casse, c’est largement valable.

Un dyneema gainé qui frotte, la gaine va d’abord casser mais le fil tenir encore très fort. Ici la photo d’une gaine qui a lâché  sur du corail.

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Un fil qui fonctionnait très bien et peu onéreux, c’est le fil à thon bitumé  en 2.2 ou 2.5mm, un seul fabricant : corderie Gautier. Par contre il s’use assez vite.

 

Le Bungee

Pour éviter les chocs de départ qui risquent la casse sur les gros poissons, on relie le fusil ou la flèche à une bouée par l’intermédiaire d’un bungee. Il s’agit d’un sandow creux de 9mm avec du dyneema à l’intérieur, qui peut s’allonger de 3 fois sa longueur, ainsi le choc du démarrage est absorbé, ensuite le dyneema interne prend le relai.                                                                                                                        On appelle ligne de vie, l’ensemble de 5 à 10m de bungee et de la corde flottante genre corde à ski nautique de 30m qui relie le tout à la bouée. Soit on met 3 bouées de 10 litres reliées entre elle avec du bungee, soit on place une bouée de 30/35 litres. Ces bouées doivent pouvoir se gonfler à 2 bars sinon elles vont s’écraser passé trente mètres et rien ne va remonter. Le mieux est encore une planche à thons, en mousse compressée de trente litres, également.

 

Ci-dessous, un modèle fait maison : la bouée sur le dessus c’est pour que le barquero la repère. Vous avez tout sur la photo : fusil, bungee, corde flottante, planche à thons(body-surf en mousse compressée) et le poisson !

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COMMENT FIXER LE FIL

Pour le nylon monobrin, le sleevage est sans contestation la meilleure solution, pour le dyneema, deux solutions : le nœud de chaise me semble la meilleure solution. Ou alors un sleevage généreux. Un nœud de huit derrière le trou de la flèche peut glisser. L’avantage du nœud de chaise, c’est que vous pouvez le défaire sur le bateau.

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Pour relier le fil de flèche au fil du moulinet, deux nœuds de chaise ou avec en plus une « queue de cochon » qui évite en partie, la torsion du fil.

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LES PALMES

Deux catégories, pour simplifier : les palmes plastiques et celles en carbone.

Les palmes plastiques, créées par Hugues Dessault, il y a bien longtemps, elles sont devenues solides et bien nerveuses. Elles permettent de débuter sans trop se ruiner, avant de connaitre la dureté, la puissance ou la longueur qui vous convienne le mieux sur du carbone. Je l’ai déjà dit je suis descendu à 30m avec ce genre de palmes dans ma période bien entrainée (et jeune). L’évolution a abouti au carbone, fibre ultra légère et d’un rendement inégalé, encore faut il être capable d’exploiter leur rendement. Les tarifs vont pour cette dernière de 200 à 500€. Elle est aussi un peu plus fragile que du plastique, il faut en prendre soin. Une paire de palmes plastiques longues tourne autour de 80€. En intermédiaire entre le plastique et le carbone, il y a la palme en fibre de verre.

C’est comme les masques : il est indispensable de les essayer, avec les chaussons pour vérifier qu’elles vous conviennent déjà aux pieds. Dans l’eau ce sera la dureté de la palme selon votre entrainement, votre façon de palmer et votre façon de chasser qui vous feront choisir telle ou telle dureté/longueur/angle. Le carbone se raye très vite, aucune gravité sinon l’esthétique.

J’ai choisi les palmes les plus dures qui soit pour une seule raison, elles doivent me remonter en force des profondeurs avec un gros poisson pour éviter qu’il ne s’enrague en épave par exemple.

LA CEINTURE DE PLOMB

Il faut choisir le modèle « marseillaise », c’est une ceinture en caoutchouc renforcé avec une boucle de ceinture classique si ce n’est qu’elle est surdimensionnée.

Les plombs seront selon votre gabarit et votre corpulence. Chacun est différent et on s’équilibre aussi selon la profondeur à atteindre.

Par exemple pour une combinaison de 5.5mm cela peut aller de 5 à 9kg selon le gabarit. Pour une 7 mm jusque 14kg si on chasse dans peu d’eau. Un baudrier est alors utile afin de ne pas se casser les reins.

L’équilibre peut se faire selon le principe du ludion, il ne faut pas couler à la surface ni être trop léger sous peine de devoir forcer pour descendre et de s’agripper au fond pour ne pas remonter.

Dessin de Guy Gazzo :

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Je vous ai raconté à ce sujet, l’anecdote de la compétition avec la combinaison de 8,5 mm qui m’avait épuisé.  Une autre comparaison pour cet équilibre à la descente : lorsque je faisais 56/58kg je mettais 5 à 6 kg à la ceinture pour une combinaison de 5.5mm, maintenant que je fais 78kg il me faut 6kg pour une combinaison de seulement 2mm, et je ne commence à couler que vers 14/15m ! C’est normal 1 litre de graisse pèse 750grammes donc 20 kg de masse corporelle supplémentaire donne environ 5kg de flottabilité supplémentaire, principe d’Archimède.

 

LE BARON

Sujet diversement interprété même par Jack Passe, l'inventeur du système, qui a testé plein de variétés et moi aussi.

Le meilleur baron ou flasher pour les anglophiles, c'est encore le plus simple comme déjà dit plus haut. Il ne coute quasiment rien et c'est tant mieux car c'est un élément que l'on perd souvent, au moins une fois par an si pas deux ou trois. Pourquoi? Tout simplement par ce que lorsque vous tirez le poisson de vos rêves, vous n'y pensez plus à ce baron et il dérive au gré du vent et des courants. Normalement c'est votre barquero qui doit le récupérer mais si vous êtes en difficulté avec un gros, il doit d'abord vous venir en aide, passer une bouée avec bungee pour accrocher à votre fusil si le moulinet est presque vide. Et donc avec un peu de clapot, il est difficile de le repérer à plus de  30m, c'est pourquoi je recommande de le peindre de couleur voyante, le flotteur.

Je rappelle que 120m de fil sur le moulinet est un bon compromis, on a le temps de  clipser la bouée, 100m c'est rack et 80m vous n'aurez pas le temps avec un TDC ou un voilier, car une fois que le fil se met en tension, le poisson accélère fortement et vous commencez à faire du ski nautique à la surface....s'il n'a pas sondé, car là vous allez vite faire une descente vers les enfers.

Maintenant la bonne longueur de fil du baron: pour moi, dans mon secteur et chassant en priorité le thazard, c'est 8m. 5 ou 6m c'est trop haut, le poisson ne montera pas car vous serez trop près, il se méfiera,  plus de 10m c'est trop profond, le poisson montera moins haut et il sera passé le temps de descendre sur lui. Cette longueur convient à presque tous les poissons, mais si vous visez les thons, 10m sera mieux car ce sont des poissons qui se tiennent plus profond et sont plus trouillards. La masse qui doit le faire couler doit être assez importante, environ 200gr sinon le baron va se mettre de travers avec la dérive/courant.

Vous devez suivre le baron à quelques mètres, derrière et observer partout mais pas vers le fond, ça ne sert à rien, et normalement tous les poissons vont venir dans le même sens que le premier. Si vous êtes à coté et qu'il y a peu de vagues, agitez le par saccades, cela ressemble alors aux tentacules d'un poulpe.

Ma dernière sortie, on a du voir une bonne dizaine de fois, des pélagiques. De tout: bouledogues, tdc, thazards, dorades et un barracuda. A part le barracuda suicidaire, aucun poisson n'est réellement monté au baron, ils sont venus vers lui mais en restant ou profonds ou distants. Je penche pour la raison, que le baron qui est devenu plutôt terne avec le temps,  n'était plus assez brillant, et donc plus assez attirant. J'en ai donc refait un neuf ce matin dont je vous passe la photo.

Les éléments: une poche à vin neuve de 10L découpée en lanières, 8m de fil nylon, un morceau de tube inox pour la masse et une bouteille vide de lessive de 1L peinte en orange fluo à la bombe. Une poche de 5L convient aussi, mais c'est moins grand, donc moins voyant.

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et cela donne ceci dans l'eau:

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le baron de Jack Passe, en dessous

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J'en avais fait un similaire: une tôle d'inox de la forme d'une carangue, bien polie, un œil de poupée collé sur la tôle. Il marchait formidablement bien, j'ai même eu une loche qui est venue le gober avant de le recracher. Je l'ai laissé à un copain et me suis refait exactement le même: résultat il effrayait les poissons, je n'en jamais vu un seul approcher, du coup j'ai abandonné le modèle et suis revenu au principe de base.

Ici celui d'un forumeur avec une tête de leurre à marlin, je ne sais plus qui

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Des flasheurs du commerce, il en existe de toutes sortes et à tous les prix. C'est un peu un gri-gri, on y croit ou pas

D'autres flasheurs commercialisés ici:

CSM Authentique | Flasheur pour la chasse sous-marine (csm-authentique.com)

 

Je rajoute un chapitre : optimiser votre arbalète

 D'abord ce tableau de portées des arbalètes selon la longueur du tube. Ce tableau est assez proche de la réalité, quelque soit la marque.

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Donc vous avez une arbalète qui vous convient bien, vous tirez juste avec, elle vous parait bien maniable et équilibrée, la longueur est impeccable pour le type de chasse que vous pratiquez mais, vous aimeriez bien gagner 50cm de portée supplémentaire sans tout changer l'équilibre du fusil, ni vous ruiner en matériel d'adaptation. La ou plutôt les réponses suivent.

Il y a plusieurs éléments qui influent sur la portée: la poignée, la flèche, le ou les sandows, la tête et enfin le fil.
Donc sans que ça ne vous coute un penny vous pouvez déjà gagner ces 50cm mais si vous visez les 80cm voire le mètre il va falloir faire une rallonge sur le budget ( ou sur l'arbalète). Je pars de la supposition que le fusil soit d'origine bien réglé avec un bon sandow et une flèche idoine.

D'abord gagner 50cm de portée sans bourse déliée, en premier et le plus efficace c'est votre sandow, si vous le mettez directement au dernier ergot ou encoche de la flèche, c'est qu'il est trop mou. Vous raccourcissez de 2cm chaque sandow vissé ou 4cm si c'est un sandow circulaire. Si vous le mettez encore du premier coup au dernier cran  et bien vous recommencez. Lorsque vous devez vous arrêter au premier cran afin de vous reprendre pour
le mettre au second c'est que vous êtes à la limite d'extension possible pour vous. Et si au bout de 2 fois que vous le raccourcissez c'est encore facile, mettez à la poubelle, il est HS, achetez en un bon....


Second moyen pour gagner en étirement, Il suffit de tailler une encoche supplémentaire sur la flèche, surtout valable pour le second sandow.
Une photo valant mieux qu'un long discours, vous pouvez voir que l'on gagne facile 5 à 6cm d'étirement. Sinon il existe des flèches à ergots rapprochés du talon, certains constructeurs en font même un argument de vente( voir la photo plus bas de la poignée Magnum)

Ici sur la photo, c'est  bien l'encoche du fond  qui a été rajoutée, celle du milieu je l'avais un poil approfondie car mon dyneema de 2.3mm sautait parfois

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Troisième point , l'obus. Déjà le plus intelligent c'est de passer sur un obus dyneema et non un articulé qui freine à la puissance par son volume et un poil sa masse.
 Facile à faire soi même, même sur des sandows vissés.  Il y a un tuto pour apprendre à faire les ligatures.
Le système d'obus à raccord de remplacement, c'est pour les flèches de m...., qui coupent régulièrement le dyneema ou pour les radins qui utilisent également du dyneema de m.... ou chinois, c'est pareil! Pour les obus prenez un bon dyneema gainé de 2mm, vous changerez de flèche bien avant qu'il ne soit usé. Et pour les débutants: oui, ça convient aussi bien aux ergots petits et grands qu'aux encoches.
Donc en photo un obus dyneema pour sandow à visser,
 Un trop court(à droite) qui va gêner la vision pour le tir car les sandows vont chevaucher la flèche, puis un bien réalisé et assez court à visser pour encore gagner quelques cm d'étirement, et enfin le trop long qui vous fait perdre du coef d'étirement.

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Au dessus, obus dyneema à visser de bonne longueur et à coté un dyneema trop court, les sandows vont se toucher  et monter sur la flèche, de plus c'est du tressé pas du gainé

En dessous l'obus optimisé avec la bonne longueur et le trop long en dessous

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Enfin la tête du fusil, entre un sandow vissé et un sandow circulaire vous avez déjà gagné  plusieurs cm d'élongation, mais certaines têtes peuvent vous faire gagner 8cm facile de plus mais vont gêner la maniabilité


Vous avez raccourci votre sandow, gagner quelques cm sur la flèche, gagner encore quelques cm sur l'obus et sur la tête, ça doit déjà vous faire augmenter
de 10 à 15% la puissance du fusil, minimum
Maintenant, avec un peu d'investissement vous pouvez encore gagner 10 à 15% supplémentaire: une poignée à système reculé ou inversé, genre Némésis de Sigalsub ou Magnum de Picasso, c'est de l'ordre de 60 à 75€ d'investissement, mais rien qu'avec la douceur de la détente, vous ne le regretterez pas.

Ci dessous, on peut voir qu'avec ce système inversé, l'ergot se retrouve au dessus de la queue de détente

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Sur la poignée classique(ici une Imersion) l'encoche se trouve au niveau d’arrêt du tube, donc vous avez 8cm de gain avec le système reculé par rapport à cette poignée

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Et sur cette poignée Basik Picasso, l'encoche se retrouve à presque 6cm devant l’arrêt du tube, vous avez donc plus de  10cm d'écart entre les 2 poignées Picasso, idem avec la Némésis

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Et maintenant, on peut encore gratter un peu en faisant en sorte que la flèche soit le moins freinée possible. Votre fil doit être proportionné aux poissons que vous tirez. Inutile d'avoir du 2mm pour chasser sar, bars, mulets et autres vieilles. Vous pouvez descendre sur du 1.8 et même 1.6 en dyneema.
Je rappelle que le dyneema a un coefficient de frottement plus faible que le nylon. Votre sleeve également, remplacez celui en aluminium par un en cuivre,il sera nettement moins épais donc plus profilé.

Enfin, un cône de pénétration sur la flèche, qui comme son nom l'indique, favorise la pénétration, aussi bien dans l'eau que dans le poisson.

 

Tous ces petits plus ajoutés les uns aux autres devraient vous faire gagner jusque 30% de portée supplémentaire sans changer l'équilibre et surtout la maniabilité de votre arbalète.

Ensuite vous avez la méthode bourrin qui consiste à rajouter un sandow, risque de créer plus d'ennuis et même de perte  de précision que d'apporter d'amélioration, sans compter la perte inéluctable de maniabilité qui est la chose la plus importante sur un fusil métropolitain.
Bien se souvenir que sans maniabilité, c'est un poisson sur deux qui se présentera que vous n'aurez pas le temps de tirer. C'est une vérité première en CSM.

 

 

 

Les chasses tropicales

Ma première chasse tropicale a été réalisée en 1987 au Sénégal avec deux amis Rénato déjà cité et Patrick. Nous avions lu les récits d’une chasse à Dakar dans la regrettée revue Apnéa, cette dernière était dédiée aux chasseurs sous marin. Elle a hélas, disparu. Créée en 1986 elle perdura jusque 2015, on y trouvait des récits de chasses, des conseils sur le matériel et aussi les tests des nouveautés, l’équivalent du forum de chasse sous marine.com, de Eric de Keiser, mais sur papier glacé.

Bref nous prenons un billet d’avion pour Dakar avec 20 jours sur place avant le retour. Déjà on sent le dépaysement à l’arrivée : personne n’arrive à ouvrir les portes de la soute du Boeing ! L’ambiance est bon aloi malgré tout, on récupérera nos bagages après 3 heures d’attente, presque plus que le voyage. Notre hôtel est aux Almadies, juste en face de nos départs de chasse. A 6 heure du matin je suis debout et trouve rapidement une longue pirogue à louer, départ neuf heure. J’ai emmené un fusil de 110, le plus grand que j’ai trouvé, avec une flèche de 150 en 6.5mm, on ne trouvait pas mieux à cette époque. J’avais mis deux sandows mais j’ai de suite vu que le second faisait totalement dévier la flèche, donc je l’ai vite enlevé.

Nos premières sorties, l’eau est trouble par une houle persistante, on fait tout de même quelques badèches et aussi une première sériole limon d’une dizaine de kg. Au bout de quelques jours, l’eau s’éclaircie bien, et juste en face de l’hôtel le piroguier nous emmène sur des spots bien riches en poissons.  Au bout de quelques minutes que je suis à l’eau, je descends pour voir le fond, on est sur du sable à 30m et il y a bien quinze mètres de visibilité. Je remonte doucement du fond et lorsque je tourne la tête, il y a un mur de liches arrêtées à me regarder, des énormes, par centaines ! Je tourne doucement l’arbalète, elles commencent à avancer mais ne sont qu’à 2m de la pointe, inratable ! J’ai un moulinet fait maison en aluminium avec 50m de corde à thon de 2.5mm. La liche me déroule tout le moulinet puis je fais du ski nautique pendant quelques minutes. Le piroguier qui a compris me ramène Rénato, mais lorsqu’il descend pour doubler la liche il voit qu’elle est bien traversée et qu’une seconde tourne avec elle. Il l’a rate dans l’excitation. Je remonte cette liche énorme, elle fait 45kg, photo au portique de pesée des Almadies. Je fini par l’attraper à la main, elle se débat vigoureusement, je passe mon bras dans son ouïe et ma main saisie sa mâchoire inférieure  pour l’achever au couteau, elle se débat encore plus fortement et me rentre sa grosse arête dorsale dans le plexus et le traverse. J’ai toujours la petite cicatrice. Quelques minutes plus tard on revient sur le point de départ. J’en tire une seconde, mieux tapée je la ramène plus vite, elle est de même taille que la première. Je passe le fil au piroguier et la liche en surface, passe de l’autre coté de la pirogue. Il tire comme un malade, je lui dis : arrête, le vais la repasser. Non, non il continue à tirer comme un sourd (c’est le cas de le dire) et coupe le fil sur la quille du bateau => le poisson coule avec la flèche, je ne puis le rattraper.

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Juste en face de l’hôtel où nous logions, le piroguier nous emmène sur une cassure du plateau sur le sable. La cassure est à 24/25m, le sable à plus de 30m. Des milliers de chirurgiens noirs sont en pleine eau, mais dessous, des carpes rouges  de plusieurs variétés sont là, dont des djabars énormes. J’essaye d’en tirer un à plusieurs reprises à 3m de distance, mais la flèche s’arrête sur les écailles, ne pénètre pas, gros manque de puissance. L’après midi le piroguier y part pêcher à la palangrotte et en sortira un de 82 et un de 84kg….. Cela n’existe plus de nos jours, comme les morues de 80 kg ont aussi disparues ou les thons rouges de 700kg.

Le seul barracuda qui ne m’ait jamais chargé directement ce fut au Sénégal, et pas bien gros avec ça. C’est là aussi que je réalise mon premier thazard, pas gros non plus dans les 5 kg. Alors là, je suis devenu fan de ce poisson, vu les éclairs qu’il fait dans tous les sens et ne s’arrête qu’une fois mort d’épuisement.

Le Sénégal s’est très vite appauvri en densité de poissons, les professionnels sont des dizaines de milliers à poser des filets, les chalutiers usines russes et chinois de la taille d’un paquebot, travaillent la nuit à quelques centaines de mètres du rivage. Les chasseurs suivants, venus de France ont été fort déçus pour la plupart. Voir les vidéos de Macjaam sur ses pêches actuelles en épaves.

 

 

MADAGASCAR

C’est un nouveau déclic comme mon arrivée en Vendée. Nous chassons à Sainte Marie pour la première fois, une petite île à quelques km de Madagascar sur la cote Est

 J’y fais la connaissance de Jean Claude Rémi, dit Jean Claude Bé, bé veut dire grand en malgache. En effet, il est grand et pèse surement 110kg. C’est aussi un érudit. Il a également dirigé un livre sur la chasse sous marine : le grand livre de la chasse sous marine avec aussi, avec divers auteurs et quelques photos que je lui ai passées, dont cette photo d’une pêche réalisée avec Roger et moi. Jean Claude ayant fait cette superbe dame tombée.

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En 1988, je fais la connaissance d’un copain de Titou, Roger qui me suggère de partir à Madagascar avec lui, il y est allé l’année précédente, il me présente Madagascar ainsi : ce n’est pas le secteur le plus riche en poissons mais tu ne le regretteras pas.

Et nous voila partis pour Sainte Marie, petite ile d’une dizaine de km à quelques encablures de Madagascar. Nous atterrissons  sur le tout petit aéroport, mais international, de Sainte Marie, en ATR depuis Tananarive, la capitale, atterrissage folklorique, le bord de l’aile aurait fauché les marguerites s’il y en avait eu. On traverse le lagon en pirogue avec les bagages et on se retrouve dans l’hôtel restaurant « chez Titi »(la compagne de Jean Claude rémi) avec ses bungalows à quelques mètres de l’eau. C’est sympathique, bon enfant et l’accueil est chaleureux. Petite anecdote malgache : nous avions envoyé un courrier pour prévenir Jean Claude de notre arrivée deux mois avant notre départ, elle est arrivée 14 mois plus tard…. Le portable n’existait pas encore à Madagascar et fort peu en France d’ailleurs seule la BLU de l’aéroport pouvait donner des nouvelles en direct une fois par semaine !!

Dès le lendemain Jean Claude et son piroguier nous emmène chasser dans le lagon et sur ses bordures. Jean Claude a été champion du Maroc, donc c’est un chasseur de haut niveau. Il m’explique ce que l’on chasse et ce que l’on ne tire pas. Cette première sortie, je ne fais rien, nada. La cause en est le fusil pneumatique Muréna que j’ai acheté avant de partir et avec lequel je loupe tout, heureusement  j’ai aussi  pris le 110 que j’avais  au Sénégal. Peu à peu je fais connaissance avec le monde tropical, de suite ce sont les pélagiques qui m’attirent, principalement les carangues pour débuter. Jean Claude est en train d’écrire son livre sur la chasse sous marine et il publiera dedans quelques photos de notre rencontre et des pêches de bars faites avec Titou en France. Au bout d’une dizaine de jours, Jean Claude est occupé, nous montons alors avec le piroguier à quelques km vers le nord, dans  un lieu magnifique : Ansara. Un Lodge vétuste mais avec de beaux restes, culmine sur une petite colline verdoyante, avec une immense pelouse  qui descend jusqu’à la mer 100m plus bas. Un cannellier majestueux couvre une partie du Lodge et le matin, des centaines de mainates vous réveillent en sérénade en sifflant à qui mieux-mieux. Un petit paradis.

Les chasses sont splendides, une dizaine de belles carangues de toutes sortes, couvrent le fond de la pirogue, on a compté sept variétés différentes. On fait accommoder une petite dans les cuisines du restaurant et le reste, c’est le « pour boire » du piroguier qui va les vendre dans les villages alentours. Je trouve un sec autour duquel  tournoie un maelstrom de carangues gros yeux, j’en tire une que j’enfile sur la corde qui relie mon fusil à la bouée. J’en tire une seconde que je remonte doucement, c’est alors qu’un requin bouledogue surgit et fonce sur ma carangue. Je tire alors un coup sec sur le fil de flèche et il la loupe fait demi-tour et me fonce dessus ! J’ai juste le temps de prendre mon fusil qui flotte à coté de moi pour m’en servir comme débordoir, il se détourne au moment où je lance mon bras pour le repousser, c’est un bien gros d’une centaine de kilos. Je pars à l’abri, près du bord dans moins de fond mais au bout d’une heure, comme je ne vois rien, je reviens alors vers le sec. Les carangues ne sont plus là, mais de la surface je vois 20m plus bas, de magnifiques failles horizontales, d’un bon mètre de profondeur, qui strient la roche volcanique. Je descends au fond et  fais un agachon dedans. A ce moment je sens mon fusil qui me tire le bras en arrière, c’est le bouledogue qui se frotte contre une de mes carangues à mi hauteur sur le fil de la bouée (c’est leur moyen de gouter, avec la peau). Il me voit à ce moment précis et fonce sur moi en bas, ou plutôt arrive sur mes palmes qui sortent de la faille, j’ai juste le temps de retourner mon fusil et de lui décocher une flèche à l’instant précis où il allait refermer ses dents sur mes palmes. Je le rate dans la panique, mais lui fais tout de même une balafre sur le menton. Je ne le reverrai plus, heureusement.

Le lodge fut détruit par un cyclone terrible, quelques temps plus tard.

 

Notre retour  vers la France est emprunt de souvenirs enchanteurs. Nous diversions dans l’avion et une idée surgit : Et si on s’installait à Mada, pour créer un centre de chasse sous marine et terrestre ? Je possède les deux diplômes nécessaires à la réalisation et à l’installation.  L’idée murit, fait son chemin et l’année suivante nous repartons pour Madagascar, mais cette fois 6 semaines, le temps de trouver l’endroit idyllique.

Il faut d’abord expliquer que Madagascar fait 1700km de long pour 350 de large, c’est la France et l’Espagne réunis en longueur. Peu d’infrastructures routières, une seule ligne de chemin de fer (folklorique), avec un train par semaine. Les vols d’avions sont pratiques, 9 aéroports dont certains sont simplement des pelouses…tondues par les vaches qu’il faut évacuer avant l’atterrissage, le pilote faisant un premier passage en rase motte…

Ce sera d’abord Maintirano sur la cote ouest, réputé pour ses millions de carangues. Hélas arrivé à Tananarive, la capitale, air Madagascar (surnommée air inch allah, par les karanes) nous apprend que le vol pour Maintirano a été annulé, il n’y en a plus ! Après 24h à tourner en rond, on prend un vol pour Diego-Suarez, au nord de l’île. Le secteur est superbe…lorsque le varatraz ne souffle pas. C’est un vent qui s’accélère sur la pointe de Madagascar et souffle violement les ¾ de l’année. Les poissons abondent : mérous de toutes tailles, carangues, carpes rouges, nasons de plus de 3 kilos et même thon à dents de chien dans la passe. On ne peut sortir que de 6h à 9h, ensuite c’est infernal. Nous louons un 4x4 et son chauffeur pour aller voir de l’autre coté de Diego, coté canal Mozambique avec 40km de piste. C’est la baie du courrier, bien abritée du vent et fabuleusement riche à cette époque. Mais il n’y a personne, un désert à part un petit hameau de pêcheurs de quelques habitants. On en déniche un qui nous emmène à la pagaie un peu plus loin. Je vais voir le plus gros barracuda de ma vie, plus de trente kilo à deux mètres de moi, un œil comme un verre à apéro. Je n’ai pas le temps de le tirer qu’il est déjà reparti. Je vais tout de même faire une babonne et un beau mérou malabar de 18kg dont un requin bouledogue aura la prétention de se l’approprier, non mais ! En réalité, je n’en mène pas large, c’est ma seconde rencontre avec un requin agressif. Nous discutons avec notre chauffeur de 4x4, un autre érudit sur la nature, ancien chauffeur du colonel à l’époque des français.

Il nous emmène le lendemain matin chez le gouverneur de Diego qui serait propriétaire des terrains du secteur de la baie du courrier, car le coin semble convenir à nos désidératas. On y a vu aussi plein de cailles, quelques perdrix et canards et des dizaines d’ilots devant nous.

Capture d’écran sur google earth de la baie du courrier, l’océan indien est à droite avec l’immense baie de Diego et la mer d’émeraude, et le canal de Mozambique à gauche.

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. La femme du gouverneur nous dit de revenir à 14h pour discuter affaire avec son mari. Notre chauffeur, qui nous attend dans la voiture, nous demande : « si ce n’est pas impoli, que voulez vous faire avec le gouverneur ? » On lui raconte alors notre projet. « Malheureux, ne faites pas ça, les terrains appartiennent à l’armée, le gouverneur n’en est que le gestionnaire. Vous vous ferez expulser lorsque vous aurez bâti votre centre ! »

Il existe un dicton populaire à Madagascar : qu’est-ce qu’un millionnaire ? C’est une personne arrivée milliardaire ! (En Aryari) L’arnaque principale est sur les terrains, sujet complexe à souhait avec des lois biens différentes des françaises.

Le varatraz (nom du vent local) soufflant sans s’arrêter pendant 8 jours, nous quittons Diego et nous prenons un vol pour Nosy Bé. C’est une île très touristique, de 320 km², avec d’anciens volcans devenus des lacs sacrés où vivent des crocodiles par dizaines. Très belle, coté canal Mozambique, donc protégée des vents dominants, les alizés. La vie y est aussi nettement plus chère qu’ailleurs. Nous nous retrouvons dans des bungalows sur la plage, avec pour voisines une femme d’ambassadeur et sa sœur, charmantes toutes les deux. Un vazah français (vazah veut dire étranger mais ce n’est pas péjoratif) nous emmène faire trois sorties dans le quartier. Pour cause d’eau très sale, les deux premières sont des fiascos, je prendrai une belle babone (plectropomus laévis) de 14kg tout de même. La troisième sortie, nous partons à 3 pour partager les frais vers le banc du large. Peu de vie ce jour là, nous chassons sans bouée à cause du vent ; je fais un petit thazard et j’arrive sur la fin du banc, au moment de repartir, je descends en feuille morte jusqu’à quinze mètres, je commence à remonter lorsque j’aperçois alors plus bas un TDC qui tourne et monte doucement vers moi. Je le laisse venir, je m’applique et lui décoche ma flèche au milieu du dos, il est très gros. Il fonce immédiatement vers le fond à plus de cent mètres, mon moulinet en alu fait maison ne dévide pas assez vite et le thon me descend, le moulinet de peu de contenance avec ce gros fil de 2.5mm,   est vite vide et le tdc me descend rapidement, je prends alors le fusil à deux mains et tire violemment pour lui faire faire demi tour. Il se déchire alors, je ne l’avais pas traversé avec un seul sandow, heureusement car quelques seconde de combat de plus et j’étais occis car il m’a descendu à bien 25m alors que je n’avais plus d’air.

Finalement nous n’avons pas trouvé de lieu idéal pour  nous implanter, et puis les avertissements répétés sur les tentatives d’arnaques nous refroidissent sur le projet. Nous ne reviendrons dorénavant que pour chasser.

 

En 1990 je me fais construire une maison en France, donc plus de moyens pour les chasses exotiques, puis mon métier d’éleveur périclite par des maladies importées. Il me faudra attendre quelques années pour faire une petite excursion aux Canaries. Je n’ai rien vu ni fait de transcendant pour cause de mauvais temps.

Je change de métier et m’installe comme ferronnier, et c’était ma formation première. J’ai toujours aimé construire et façonner quelque chose à partir de barres de fer brut.

Mon ami Roger s’est alors installé à Morombé, petite commune à 180km au nord de Tuléar. Il faut donc atterrir à Tananarive, la capitale, puis prendre un vol pour Tuléar puis un dernier vol pour Morombé….quand les vols internes sont effectifs. Air Madagascar n’a pas peur de vous vendre des billets dont les vols n’existent plus depuis plusieurs mois. Ou alors y aller en 4x4, il faut deux jours à rouler 12 heures par jour, à la bonne saison !

Ma première chasse à Morombé en 2000, se déroule dans des eaux turbides, à la fin de la journée on a rien vu et au moment de rentrer on se fait la passe du lagon à la dérive descendante. Le courant est violent, je m’approche du bord de la passe et m’agrippe sur une patate pour ne pas être emmené, dans juste quelques mètres d’eau. Bloqué sur ma patate je vois des ombres furtives à 3 mètres mais impossible de bouger le fusil, les tourbillons sont vraiment costauds. Finalement je trouve la solution : je descends, je m’agrippe sur une patate et je coince le fusil en position de tir vers le haut pour voir en contre-jour, il faut seulement qu’une carangue passe devant la pointe. La troisième tentative est la bonne, je tire une grosse ombre et pars en ski nautique rapidement derrière elle. Le piroguier me suit et au bout de dix bonnes minutes, la carangue faiblit et je peux la ramener au bateau : une GT de 34kg. Pas mal pour un premier jour! (les photos étaient sur papier, et pas toujours de bonne qualité) On peut voir la qualité de l’eau, la sortie du lagon est à quelques centaines de mètres et c’est cette eau qui ressort.

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Je retournerai chasser 6 années à Morombé, avec des bonnes et des moins bonnes années, surtout vers la fin, les Vezos,  peuple de cette région de Madagascar sont des pêcheurs hors du commun, il partent à 30km au large sans GPS et sont capables de retrouver des remontées et les filets qu’ils y ont posé, alors que l’on ne voit plus la cote. Mais voilà, des collecteurs de poissons se sont installés sur la cote et fournissent gratuitement des filets à ces pêcheurs qu’ils devront payer avec les poissons ensuite. On voit des filets partout….et des poissons beaucoup moins. Une de mes plus belles prises sur cette cote ouest, sera ce thazard de 24.5kg

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 mon plus gros à l’heure actuelle mais ridicule en comparaison de celui de Roger de 35.5kg.

 

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La dernière année j’y fais la connaissance de celle qui deviendra ma femme, copine de la femme de Roger.

 

 L’une des remontées au large, on la surnomme la remontée aux babonnes. Elles y sont nombreuses. On choisit donc les plus grosses et on se limite à 3 par chasseur. Une fois le quota fait, on part sur les bords du tombant pour les pélagiques, j’adore chasser les Thazards et les aprions. Un jour je suis tombé sur un thazard qui dérive doucement, bien plus de trente kilo, je m’approche de lui, vise la base du crâne par le dessus et…la flèche ne part pas. Quelle déception. Une autre fois, sur ce platier, le piroguier vient me chercher, Roger a tiré un marlin et a du mal à s’en sortir. Il me dépose à coté de Roger, qui remonte doucement le marlin. Je descends pour le doubler, place mal la flèche qui ne le foudroie pas, il fait un rush, et emmène Roger sous l’eau car il s’est empêtré dans le fil de vie du fusil. J’arrive à bloquer le marlin et à remonter Roger qui suffoque.  Un joli marlin noir de 54 kg

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Je vais aller 6 années à Morombé, jusqu’à ce que je me fâche avec Roger. Dommage.

En 2008 nous montons à Majanga avec ma femme, depuis Tamatave avec une R25 achetée 3 francs six sous. On reste parfois coincés dedans, les serrures électriques des portières ne voulant plus s’ouvrir… Deux jours de voyage et on arrive finalement dans le secteur le plus torride de Madagascar. Un gros fleuve de boues rouges y déverse ses milliers de tonnes de limons dans le canal du Mozambique et salit la mer sur plus de 10km. Comme accueil, 22 chalutiers français aux couleurs rouges et noires, suivez mon regard, sont à couple dans le port et donc, une évidence le poisson est poursuivit  intensivement, industriellement.  Pour sortir, il faut choisir entre un bateau rapide à 500€ la journée ou une pirogue à 50€ avec 25cv qui met 2h30 pour se rendre sur les premiers lieux chassables. Le portefeuille nous oriente de suite vers la seconde solution. Juste quelques poissons pour dire de ne pas revenir bredouille lors de ses sorties.

L’année suivante, nous montons sur Diego Suarez qui m’avait laissé de bons souvenirs. J’y fais la connaissance de divers chasseurs et nous sortons chasser dans la mer d’émeraude et juste après, en montant vers le cap d’ambre. Il reste encore beaucoup de poissons même si la pression de pêche monte en grade. Il y a de belles carpes rouges dont le challenge c’est d’en sortir une, deux c’est très très bien, trois c’est un exploit, car sur le secteur elles sont particulièrement farouches, ce n’est pas partout identique. A Diego j’y ferai plus tard, l’un de mes plus gros jobs aprions, 10.5kg et également ma plus grosse babonne en plectropomus maculatus de 11.5kg.

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Diego c’est bien en décembre où le vent faiblit, mais autrement peu de périodes propices sauf à rester à l’abri dans l’immense baie, la seconde la plus vaste du monde avec 50km de pourtour et la mer d’émeraude mais peu profonde où les pélagiques ne circulent pas.

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Ci-dessus, pêche à Diego Suarez, en 2014 au 140 BWK simple sandow

Un copain Alex, fera cette superbe babonne royale (plectropomus laevis)de 19 kg et quelques l’année suivante.

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OPUS numéro 3

 

 

 

 

Antanambé

L’année suivante,2010, nous partons visiter la cote nord de Tamatave, sur la nationale 5. Cette nationale est devenue la seconde piste la plus mauvaise de la planète. Pour vous donnez un ordre d’idée, un Camel Trophy  y a été organisé, donc des 4x4 supers préparés, la moitié n’ont pas terminé. Un jour je ramasse une Mamie qui faisait du stop, elle me raconte qu’à l’époque des français, elle faisait la piste en 3 heures avec une 4L, maintenant pour rejoindre Mananara,  il faut 2 jours avec un 4x4 préparé.                                                                                         

La nationale 5  par temps sec, si si vous avez bien lu, c’est la N5 :

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 C’est la belle saison et ça passe relativement bien avec un Toyota hilux rehaussé et avec de bons pneus pistes.  

 

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Mais lorsqu’il commence à pleuvoir :

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On s’arrête tous les 30 à 40km pour  passer une nuit dans de petits « hôtels » et reconnaitre si ce peut être un spot de chasse, on ira jusque Maronsetra, cul de sac de la nationale 5. En passant,  je remarque le village d’Antanambé car du haut de la piste, je vois un lagon fermé plutôt grand mais comme on vient de passer quelques nuits à Manoupana à seulement 12km, on continue. La destination suivante c’est Mananara, j’y fais la connaissance d’un français plongeur professionnel en France et chasseur également. Quelques mérous seront grillés au barbecue, mais Mananara c’est limité en zones de chasse, on en fait vite le tour sauf à vingt kilomètres en face, de l’autre coté de la baie d’Antongil, le cap Massoual, mais il est en réserve nationale.

Au retour on s’arrête et nous passons une semaine à Antanambé sur le lagon repéré, c’est là que je décide de m’installer, au bout du monde pour ma retraite, tellement le spectacle est grandiose

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Le point bleu sur la photo, c’est l’endroit où se situe la maison, près de ce splendide lagon récifal.

Mi bois, mi béton

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 Un terrain en sortie de fleuve sur l’océan est à vendre avec deux plages, une d’eau douce dans le fleuve et l’autre sur l’océan, mais à l’abri d’une baie. La plage d’eau douce fait un abri naturel pour le bateau et de plus permet de dessaler le moteur du bateau à chaque retour. Je fais quelques sorties dans le lagon et les deux passes avec une pirogue et vois de suite le potentiel. Je décide donc d’acheter le terrain et d’y construire une maison mi bois-mi béton. Je fais les plans et c’est ma femme qui s’occupe de toute la construction, pendant que je travaille en France, et c’est très compliqué car il faut tout amener de Tamatave, ciment, ferraille, carreaux, clous et vis etc … par camion 15 tonnes avec deux essieux arrières pour franchir les pentes rocheuses ou les bourbiers.

 C’est la brousse à l’état pur, dans le village d’Antanambé, il n’y a que des oignons et des tomates sur le marché et une fois tous les quinze jours, un cochon ou un zébu est abattu. Mais le téléphone fonctionne ! Bien sûr, pas d’eau courante ni d’électricité, il faut tout faire soi même. Deux années plus tard, je m’y installe à ma prise de retraite « anticipée », c'est-à-dire que je pars à 55 ans en finançant moi-même ma retraite en attendant qu’elle soit effective. Je vends tout ce que je possède en France sauf un appartement pour régler tout çà.

 J’y résiderais 5 années avec un voyage toutes les 3 semaines à Tamatave pour me ravitailler, dont 250 litres d’essence pour le bateau. A ces fins, le pickup Hilux est idéal. Je l’équiperais d’un snorkel pour la saison des pluies, voir les photos de la piste noyée pour comprendre, l’eau monte sur le capot pourtant bien haut.

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Une fois, au moment de repartir, il pleut pendant une semaine de fortes pluies tropicales et la piste n’est plus praticable, elle est noyée sous 1.20m d’eau, ou alors dans les collines, des éboulements sur la piste interdisent tout passage. Nous restons bloqués à cinq, au moment de repartir vers Tamatave. Il n’y a plus rien à manger, pas de pêches possibles avec le très mauvais temps. Je fais alors la plage avec le fusil et tire des sternes posées par centaines, une dizaine reste au sol à chaque coup de fusil. Ma femme les prépare au barbecue mais une fois plumée ce n’est guère plus gros qu’un merle, et faute de grives, on mange des … sternes !

 A Antanambé, je vais  faire de belles pêches de babonnes et de dames tombées (vivaneau maori), dont un record de trois le même jour dans la passe du lagon, poisson aussi difficile que les carpes rouges de Diego. Je change aussi d’arbalète, je passe du 130 Imersion à un 140 BWK à un seul sandow de 18mm avec une flèche de 7mm toujours relié à la bouée. Je le trouve tellement bien que j’en commande un second de dépannage.  Il me sert toujours à l’heure actuelle à La Réunion, juste équipé d’un moulinet avec 120m de dyneema maintenant. Je vais aussi commencer à chercher les pélagiques et faire des thazards ainsi que mon second marlin.

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La rivière et sa plage, d’où je pars à 50m de la maison

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. Mon bateau est une panga fabriquée à Tamatave, d’abord avec un 40cv Parsun , du chinois….puis un 55cv yamaha enduro qui me restait de France et enfin un 70cv yamaha deux temps ultra court et allégé(36kg) pour la compétition, acheté une poignée de cerises, mais gros consommateur d’essence.

Je chasse durant cette période avec le fusil relié à la bouée, car nous sommes relativement à l’abri des alizés et ce n’est nullement gênant.

La première panga de 6.30m avec le Parsun arrive par camion, on la met à l’eau  et le lendemain nous repartons à Tamatave. Pendant cette nuit là, un orage local a sévit, le fleuve s’est transformé en torrent impétueux, et le bac de 30 tonnes qui fait la traversée de ce fleuve en amont, a arraché le cocotier auquel il était amarré et est passé sur mon bateau. Je n’ai retrouvé que des petits bouts de coque de droite et gauche. Ce bateau neuf, a vécu 48 heures. Une seconde panga arrivera quatre mois plus tard identique à la première. Inutile bien sûr de demander un quelconque dédommagement à l’état, c’est chercher des ennuis. Au départ, j’utilise de simples sondeurs, pas besoin de GPS pour se repérer dans le lagon ou les bords de mer vers le Nord.

Mais au bout de cinq années, le lagon est épuisé, vide, il fait pourtant 12km de long. Le responsable du lagon  me dit qu’il y a 90 pêcheurs dans ce lagon et ils chassent maintenant la nuit, avec de petites lampes enfilées dans 3 capotes anglaises successives pour l’étanchéité. Ils vident les patates une par une et je vois au petit matin, des fonds de pirogues pleins de poissons pas plus grands que la main. La conséquence au bout de quelques années: plus de petits poissons = plus de prédateurs. Et bien sûr les collecteurs de poissons sont aussi arrivés avec leurs filets, en dehors du lagon certes, mais ces filets se multiplient  jusque 50m de profondeur.

 Je commence aussi à vieillir et le confort me manque, j’abandonne cette maison au bord de la plage avec des dizaines d’arbres et cocotiers sur un hectare à peu près, pour me rapatrier à Tamatave, tel Robinson quittant son mini paradis à regrets. Nous sommes en 2016.

 

TAMATAVE

Officiellement Tamatave est une ville de 300 000 habitants, en réalité vous pouvez multiplier par 3 le chiffre pour vous approcher de la vérité. Seconde ville de Madagascar, c’est le poumon de l’île, avec son port qui alimente une grande partie de l’île dont Tananarive la capitale, ville de 1.6 millions d’habitants, toujours officiellement(là, il faut multiplier par 4). Tout y est débarqué : essence, riz, huile, et tous les biens en provenance de Chine et d’Indes. Il n’existe qu’une seule route entre Tamatave et Tananarive, de 350km. Il fallait 5 heures il y a simplement 10 ans, pour cette aventure, vue la densité des camions. Il en faut maintenant 12 quand tout va bien. Et pourtant la capitale ne peut survivre sans cette voix, c’est un cordon ombilical.

A Tamatave, je fais la connaissance de Nono dont vous allez entendre parler. En attendant que mon bateau revienne par la piste, je sors avec lui en pirogue à moteur, petite pirogue avec petit moteur. Il nous faut 1h 45mn pour rejoindre l’ile aux sables, à 20km au sud, puis encore 45mn pour le second spot, l’île foune et donc c’est 5h de bateau et 5heures dans l’eau. On dort bien après cela.

Je vois de suite que Nono, un jeune de trente ans, est un chasseur de haut niveau. Non seulement il a une bonne descente, un sacré coup d’œil (le principal en CSM) mais aussi il multiplie les techniques, de la coulée, de l’indienne et de l’agachon. Et comme il fait plus de poissons que moi, c’est qu’il est très bon, car c’est le premier que je vois me concurrencer sérieusement. Je vais apprendre en le regardant faire pour la technique sur les mérous, totalement différente de la mienne que je pratique pourtant depuis trente ans à Madagascar, mais mal de toute évidence. Perso, je descends lorsque le secteur est favorable, je me place bien et j’agachonne, comme en France. Et bien je suis à coté de la plaque. La bonne technique : on descend d’une dizaine de mètres, on survole très calmement la zone et on coule sur le poisson repéré pour le tirer, ou se placer alors à l’agachon s’il s’est enfournée dans une patate, on n’agachonne pas si on a rien vu. C’est nettement plus efficace. Merci Nono pour cette leçon d’humilité.

Par contre, par la suite, je vais lui apprendre à faire des doublés ou des triplés dans les bancs de poissons, puis plus tard la chasse dans le bleu pour les gros pélagiques. Rétissant au début, Nono a vite compris l’intérêt lorsque le poisson est présent. Un seul pélagique et c’est l’équivalent de toute une journée de chasse, et quelles sensations ! Nono est professionnel de la pêche, il est chaque jour dans l’eau dès que les conditions le permettent, donc une forme exceptionnelle et une expérience difficile à atteindre avec ces dizaines  de millier d’heures passées dans l’eau. Et lorsque c’est trop sale pour chasser, il pêche à la palangrotte surtout de nuit. Son niveau de compétence est maintenant largement au niveau mondial.

Mon bateau arrive enfin de Antanambé, et je me rends compte qu’avec les postes éloignés, le 70cv 2 temps est un gouffre à essence. Je revends l’ancien bateau et je commande une nouvelle panga avec quelques petites modifications, presque identique en dimensions puisque cela me convient mais cette fois avec un 90cv honda nettement plus économe, la moitié de la consommation pour le même trajet, et c’est vite amorti, l’essence finit par couter plus cher que le bateau.

. Nous sommes maintenant en 2017. Nous réalisons de très belles pêches avec Nono ou seul, ou parfois avec un ami venu de France. Les mérous succèdent aux aprions, aux thazards et nous commencons à faire de beaux barracudas et carangues sur les épaves trouvées avec un sondeur/GPS de bonne facture.

Nono et son premier gros thazard, on comprend sa joie.(tir parfait !)

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Coté sud, nous avons cherché pendant près d’un an pour trouver l’épave du London dont Nono me rebattait les oreilles sur ses densités de carangues, fabuleuses. En effet elle est au moins à 400m du point marqué sur les cartes. C’est une épave de 110m de long, couchée à 28m sur le sable et à 3km seulement du fleuve des Pangalanes, qui déverse ses eaux chargées en alluvions. Et donc selon les courants, une couche de plusieurs mètres de doucin couvre le secteur, mais souvent l’eau est claire en dessous. Le plus dur sur cette épave c’est le courant parfois violent, il coule sur le fond mais lorsqu’il rencontre l’épave il remonte vers la surface et vous empêche de descendre, ou alors derrière celle-ci alors que les poissons  se tiennent devant, dans le courant. Le london n’est pas constamment couvert de carangues ou de barracudas, il faut plusieurs facteurs favorables, dont la marée descendante qui vide les Pangalanes , mais c’est aussi le soir qu’on a le plus de chance de voir ce spectacle grandiose de milliers de carangues évoluant autour des tôles, qui selon Nono viendraient se réfugier pour la nuit autour de l’épave. Il y a toutes les variétés, sauf les bleues et les noires. Quelques petits thazards, car je n’ai vu et fait qu’un seul gros thazard sur l’épave et aussi plus rarement encore un TDC. Etrangement il n’y a aucune dame tombée, aucun mérou, aucun bourgeois et très rarement quelques petites carpes rouges. Depuis sept années que nous y chassons régulièrement, on n’en a pas vu un ou une seule. Je crois savoir pourquoi.  En 2017, nous sommes sur cette épave un matin, l’eau est très claire, on devine l’épave depuis la surface et quelques mètres en dessous, on la voit parfaitement sur plus de trente mètres. Hélas, peu de carangues au rendez vous. Je suis à la troisième descente, je reste à  14 mètres au dessus de l’épave, lorsque je ressens une présence dans mon dos. Je me retourne et elle est là, en pleine eau, une loche (épinéphélus lancéalotus) à quelques mètres de moi, elle doit faire 150kg pour 2 mètres de long, capable de me gober d’un seul coup si elle le désire. Je tourne un peu rapidement mon arbalète, le BWK  140 à double sandows de 18mm, mais d’un seul coup de queue elle descend vers l’épave, fait demi tour, et me regarde quelques mètres plus bas, comme pour me défier. Je me coule vers elle, je l’approche à 3.50 mètres, je la vois devenir nerveuse qui va gicler, je vise le point mortel au moment où elle tourne, quelques cm derrière l’œil et fait mouche ! Elle ne bouge pas pendant une seconde ou deux, puis secoue violement la tête, et la flèche de 7mm casse net au niveau de l’ardillon, qui n’a pas pénétré assez loin. C’est le seul poisson qui me cassera une flèche Rob Allen durant toutes ces années. Je la reverrai quelques semaines plus tard, dans l’épave avec un petit point blanc derrière l’œil, puis cette tache disparaitra par la suite. Elle fait maintenant 200kg et est toujours présente mais ne se laisse plus approcher à moins de 5 m. Je rajoute maintenant des cônes de pénétration sur toutes mes flèches, passées aussi en 7.5mm, car un à deux cm de plus et elle était morte.

La voici filmée par des plongeurs bouteille  sur le London :

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Je pense donc que c’est elle qui chasse les autres prédateurs benthiques mais pas le pélagique trop agile, pour se faire gober. Je ne vois pas d’autres explications puisque sur les autres épaves on trouve ces espèces benthiques/démersales.

En partant vers le nord, nous découvrons une épave de petit chalutier, il doit faire une bonne quinzaine de mètres de longueur, posée bien droite sur le sable à 32 m, il semble intact avec ses deux mats qui surplombe l’épave de 5 à 6 mètres. Elle est à peine à 8km de Tamatave. Comme le London, des milliers de carangues peuvent être présentes, mais souvent plus petites que sur la grande épave. Pas de babonnes non plus en bas, mais parfois un gros mérou malabar, des bourgeois ou des carpes rouges et aussi une loche, mais plus petite, dans les 60kg, plus vindicative aussi, elle nous chasse parfois jusqu’à la surface, une fois il a fallu l’aide Nono pour lui faire rebrousser chemin, elle restait sur mes palmes, j’avais beau la repousser avec mon fusil déchargé, elle insistait. Je pense plus à un comportement territorial qu’à de l’agressivité, n’empêche que l’on ne se sent pas rassuré. Des bancs de barracudas jellos sont souvent présents mais pas très gros non plus, dans les 3 à 6kg en moyenne.

Grace au nouveau bateau et son moteur, je commence à chercher, lors de cette année 2018, des thazards en premier lieu, en chassant avec un baron systématiquement. Et quand on cherche on trouve. Que ce soit vers le Nord ou vers le sud je commence à faire de gros thazards régulièrement.

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C’est un poisson merveilleux, un maquereau géant qui peut atteindre les 40kg mais dont la moyenne tourne autour des 10kg. D’un démarrage époustouflant, il peut partir dans tous les sens, se déchire rarement s’il est bien fléché car la chair et la peau tiennent fort bien, et de plus, c’est excellent à manger. Je vous narre la façon de le chasser dans la description des poissons. Mon plus gros sera de 24.5kg à Morombé. C’est déjà très honorable.

A deux km de l’épave du London, près de l’île aux sables, à deux reprises à quelques jours d’intervalle, je me fais attaquer un gros thazard, l’un de 18 et l’autre de 20kg. La première fois je pense à un requin mais la seconde fois en approchant, je vois un gros barracuda avec une grosse tache noire près de la queue, passer sous le thazard. La semaine suivante, en arrivant sur le London (à un bon km de l’ile aux sables), un gros barracuda se laisse dériver dans le courant, je descends, tire et le remonte presque de suite. C’est bien lui, avec sa grosse tache noire sur la queue, il fait 21kg et donc m’attaquait des thazards à peine inférieur à sa masse. Vous avez la photo du thazard abimé lorsque je parle du matériel et des fusils.

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Je trouve le 140 BWK,  pourtant passé maintenant en double sandow, un peu limite en portée pour le pélagique, car la plupart du temps, ils se tiennent au-delà de 5m de la pointe de la flèche. Je conçois donc une arbalète carbone de 140 mais à trois sandows de 18mm avec gros coef de tension. Aie! Efficace, elle tire parfaitement droit jusque 6m sans problème, mais le recul est comment dire, plus qu’important, entre  énorme et monstrueux, à vous casser net un poignet pas verrouillé. Je chasse encore fusil relié à la bouée, mais ici à Tamatave le vent se lève toujours vers 10 heures, s’il n’est pas présent le matin. Il est très fort et tourne avec le soleil. Il passe de Sud le matin pour finir Est à Nord-est l’après midi, et c’est ainsi tous les jours. Je fais mes premiers espadons voiliers et Thons à dents de chien, dont un jour, les deux espèces lors de la même sortie, tous les deux KO avec ce fusil à 3 sandows.

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Je vais prendre quelques superbes pélagiques avec ce fusil avant de le prendre à deux reprises dans la figure, bras non verrouillé. Lèvres tuméfiées et  fendues, dents déchaussées….

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Avec cette arquebuse, sur la petite épave de la Dominique, à 10km au nord de Tamatave, je repère à la seconde plongée une énorme GT qui vient tout tout doucement, elle reste à 6m alors que je n’ai plus d’air, je tente le tir malgré la distance élevée. Bingo, pleine colonne, mais elle n’est pas paralysée pour autant, et part vers le large. Elle me tracte pendant plus de dix minutes, et finit enfin par se fatiguer, mais moi aussi je suis crevé car à plusieurs reprises, elle m’a descendu sous l’eau. Je passe enfin le fusil au bateau et prend un 125 pour l’achever, mais je n’arrive pas à descendre à 10m pour la doubler. Encore quelques minutes à reprendre mon souffle et j’y parviens, là elle est foudroyée, verdict 41kg

 

 

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Je finis par essayer le moulinet Red-Tide sur les conseils de Marc Alexander, le concepteur des  fusils BWK, d’abord sur un BWK puis sur un nouveau fusil carbone de 150 cm de tube,  de ma conception, mais à deux sandows de 18mm cette fois ci. Cela permet de se libérer de la contrainte de la bouée qui devient ingérable dans le vent et le courant en vous tirant sans arrêt le bras en arrière et vous empêche de poursuivre les thazards. Le recul est fortement modéré par le moulinet qui engendre un volume d’eau à repousser. Mes deux premiers gros TDC tirés avec un moulinet trop petit, me font perdre ces deux poissons sur déchirure. J’insiste, je passe alors au Red-Tide numéro 100 qui contient 130m de dyneema 2mm. Je ne perdrais plus aucun poisson dés lors. C’est nettement moins facile de gérer un gros au moulinet qu’avec le fusil ou la flèche relié à la bouée, mais c’est bien plus facile de l’approcher. Tout doit être parfait, au moindre pépin ou d’emmêlement de fil sur les sandows ou la tête (muzzle wrap des anglais) et c’est la perte du fusil. Cela ne m’est plus jamais arrivé de perdre un fusil, en dehors du premier de ma carrière de chasseur et du second arraché des mains par le gros maigre. Ce n’est pas dit que ça n’arrive pas un jour…

Je ne suis guère partisan du break away, car ce que je recherche dans la chasse sous marine, c’est l’action, les montées d’adrénaline à la vue du poisson convoité, puis du combat qui s’en suit. En break away, une fois tiré, il suffit de suivre la bouée, parfois sur le bateau pour les chasseurs les moins vindicatifs. Au moulinet c’est intense du début à la fin, il faut gérer à chaque rush, relâcher la tension puis reprendre dès que le poisson se calme.

Les trois fusils avec lesquels je chasse : un 125 carbone, un 140 BWK et le 150 carbone, tous avec moulinets Red-Tide,en modèle 60, 80 et le 100

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En 2020 je me fais construire un poti marara selon les plans d’un architecte polynésien.  Il mesure 7.50m et supporte un 150cv, je le réceptionne en mai 2021. C’est le bateau de toute une vie. Profilé pour trancher la vague et non pas bondir dessus, il me permet de chasser plus loin et de revenir par vent de face, même assez fort sans taper et vous démolir le dos. Sa consommation reste modérée par mer calme. L’océan indien est tout sauf calme, les alizés se lèvent à 10h du matin pour ne redescendre que le soir à la nuit tombée. Ce qui fait que l’on part par mer calme et revient par mer agitée à très agitée. De plus la houle sévit en permanence, la moyenne basse tourne autour de 1m, mais c’est plus souvent 1.20 /1.50m.

Je fais souvent des sorties de 80km maintenant pour la recherche presque exclusive des pélagiques, le thazard qui reste mon poisson favori, thons à dents de chien et espadons voiliers. Je ne chasse plus sans un baron,  poche de vin aluminée fendue en lanières et qui agitées dans l’eau à 8m, ressemble vaguement aux tentacules d’un poulpe brillant et attise leur curiosité.

 

Les mises à l’eau sont toujours difficiles, je mets des rampes anti ensablement sous les roues de la remorque. Poti marara, coque en V très effilée.

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Je fais deux gros TDC coup sur coup en quelques minutes avec ce 150 et moulinet

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Je pense avoir le combo gagnant pour le secteur où je suis, Tamatave. Je ne perds plus rien, ne rate pas.

 Lors d’une sortie sur des remontées loin au Nord, sur 35m, je fais une jolie journée avec 5 thazards moyens et une GT et je recommence pour une dernière dérive. Les baleines à bosses sont partout autour de nous, et leur chant permanent est entêtant. Deux minutes que je suis à l’eau pour cette ultime dérive, et je vois venir juste sous la surface un gros, bien gros marlin bleu peut être dans les 300kg. L’eau est cristalline, le soleil brille et le ciel d’un bleu immaculé se reflète sur son dos déjà bleu métallisé. On a l’impression qu’il est entouré d’un halo bleuté, une sorte d’aura. Une montée d’adrénaline trop forte me rend fébrile et je fais un canard pour le rejoindre alors qu’il vient vers moi et le baron. Je commets une double erreur, d’abord de vouloir descendre alors qu’il est à 3m sous la surface et partir vers lui, alors qu’il venait tranquillement vers moi. Il prend peur, fait demi-tour et je resterais à une distance entre 6 et 7 mètres de lui. Quelle déception, il est rare d’avoir une si belle occasion. Si je vois un marlin noir par an environ, de loin  la plupart du temps, c’est le bout du monde mais c’était le premier marlin bleu que je croisais. J’ai aussi croisé une fois, trois lanciers sur ce plateau. Le lancier est un petit espadon sans rostre. Ils n’ont absolument pas été intéressés par le baron.

Je croiserais aussi au même endroit, ce baleineau mort à la surface,  attaqué surement par des orques, vu les entailles sur la mâchoire inférieure pour lui manger sa langue.

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Je continue de chasser avec Nono, mais le poisson semble bien diminuer. On en sort malgré tout de bien beaux de temps à autre.

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Chasse de fin 2023 :

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Sur la palette, un mérou taches de rousseur de 14kg, pièce très rare à ce poids car dès qu’il dépasse le kg, il quitte le lagon pour descendre en profondeur, souvent plus de cents mètres. Deux thazards et un voilier.

 

L’année 2024 a fort mal débutée, du très mauvais temps pendant plusieurs mois, des pluies intenses qui inondent Tamatave pendant un mois, alors que cette ville est bâtie sur du sable. Effet  El Nino? Nous sommes au mois de juillet pour ainsi dire et toujours pas de possibilité de se mettre à l’eau.

Je passe maintenant de La Réunion à Madagascar pour des questions administratives. Je ne reviens plus en France métropolitaine. La vie est bien plus paisible sur ces îles où le soleil vous réchauffe vos vieux os perclus de rhumatismes, et puis l’agitation citadine me laisse froid.

Tout nouveau sur La Réunion, je n’ai pas encore mes repères mais les quelques sorties effectuées jusqu’à présent me laisse à penser que c’est nettement plus pauvre que Madagascar.

 

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Sympa ton sujet, tu as connu les années faste, je vais lire tout ça quand j'aurais le temps.

Je connais pas Mada, mais effectivement la Reunion c'est assez pauvre. Ca me plaît beaucoup comme pêche car on peut tout rencontrer comme poisson, et c'est technique comme la Med.

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Le 18/06/2024 à 11:53, dom85 a dit :

Magnifique récit et aventures sous-marines ! Bravo et merci. On attend la suite avec impatience !

 

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il y a 30 minutes, sub sniper a dit :

sur la photo datée du 16 01 2013,c'est quoi les poissons qui ressemblent à des dorades grises ?

y en avait pleins en Thaïlande.

Des saupes brésiliennes, il y en a partout sur la planète même en France en plein été

Valeur identique à la saupe de méditerranée

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OPUS 4

Les techniques de chasse

Alors la première technique à apprendre pour bien chasser, c’est savoir regarder, apprendre à regarder votre environnement. C’est réellement le plus important, plus que le fusil qui « tue de la mort » ou les palmes carbones à 500€. Ne jamais partir chasser avec un masque qui fait de la buée, le meilleur moyen de gâcher une sortie, ainsi qu’un masque qui prend l’eau.

Il vous faut donc une bonne vue, et si vous êtes comme moi bigleux, n’hésitez pas à mettre des lentilles de contact, jetables (ce n’est vraiment pas cher maintenant et en vente sur le net), ou des verres correcteurs pour la vitre du masque, mais c’est assez restreint pour le champ de vision. Et dans la foulée, prenez un masque à grand champ de vision, même si le volume interne est plus volumineux, tant que vous n’agachonnerez pas à 20m et plus, ce n’est pas important. Donc bien voir, mais voir quoi ?

C’est là qu’il faut apprendre à regarder. Premier règle : toujours regarder à la limite du champ de vision, pas ce qui est à portée de tir, c’est trop tard. On suppose qu’il y a 10m de visibilité, vous regardez partout dans cette limite, en tournant doucement la tête et si quelque chose bouge, vous le remarquerez de suite, ça va vous sauter aux yeux. Si vous chassez des poissons plats ou des seiches, là on scrute attentivement plus près, mais toujours à la limite maxi de ce qui est parfaitement visible, pas la limite de votre fusil. S’il y a trente mètre de visibilité, on regarde donc à trente mètres. N’oubliez pas de regarder derrière vous, lorsque vous serez aguerri, vous sentirez la présence d’un poisson dans votre dos.(faudra tout de même pas mal d’années d’entrainement intense)

Ensuite votre environnement, va beaucoup vous apprendre sur la densité halieutique. Il y a plein de mange (petits poissons, sardines, lançons…) c’est propice aux prédateurs. Les roches qui vous entourent sont couvertes de moules, de petits crustacés, puces de mer , algues et oursins ? C’est parfait pour les sparidés, les bars ou les vieilles. Si au contraire il n’y a rien, pas de vie, roches nues du haut en bas, ou juste couvertes d’algues et rien d’autre, alors changez de secteur, inutile d’insister vous allez perdre votre temps. Le comportement de la mange est très révélateur de la présence d’un prédateur, si ils se tiennent groupés, serrés et proche du tombant de la paroi, c’est sans conteste possible qu’un gros est là, dans le quartier.

Certains préconisent d’écouter et de chasser avec ce sens. C’est un plus qui peut vous servir à la condition d’avoir une bonne ouïe, ce que vous perdrez irrémédiablement avec le temps. Je ne connais aucun chasseur âgé qui ne soit pas devenu malentendant, surtout avec la profondeur, ça ne les empêche pas de faire du poisson. C’est hélas une conséquence corrélée à notre activité.

Le poisson n’est pas non plus toujours à la même place, le meilleur des spots peut être vide pour diverses raisons : mauvais courant, turbidité, température, marée etc. Difficile de savoir pourquoi exactement. Il faudra y revenir plus tard. J’avais un superbe spot à pélagiques mais ils n’y étaient présents que 3 ou 4 fois dans l’année, le reste du temps : vide ! Pourquoi ? Mystère.

Pour chasser sous l’eau, il faut commencer par y aller, et donc c’est le canard. Cela consiste à se plier en deux et à lever les jambes bien à la verticale, dont la gravité vous fera descendre. Une fois le canard amorcé, il faut ouvrir la bouche légèrement pour laisser sortir l’air du tuba sinon il va « glouglouter » tout le long de la descente et ça fait peur aux poissons. Là, deux techniques s’opposent : les partisans de garder le tuba en bouche et ceux de le laisser libre. Rien ne m’agace plus que de sentir ce tuba se balader lors de la descente. En cas de syncope au retour à la surface à la première inspiration, avec le tuba en bouche vous ne boirez pas tout l’océan. Et puis j’ai l’impression que ce mouvement de va et vient du tuba fait peur aux poissons.

le canard :

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Maintenant les techniques de pêche ou de chasse, comme vous voudrez.

La première c’est la coulée, juste après votre canard qu’il faut particulièrement soigner.

 

La coulée

La chasse à la coulée est peu utilisée en France métropolitaine car le poisson ayant bien appris ce qu’était un chasseur, il se laisse fort peu approcher ainsi, sauf la liche toute nouvelle et toute neuve, puis les thons et les espadons, qui ne sont pas l’apanage des français vu les restrictions/quotas/bagues et le matériel dévolu, particulier et onéreux. Les mérous étant aussi, protégés ne sont donc plus concernés par cette technique  sauf chez nos voisins. Par contre c’est très utilisé sous les tropiques aussi bien pour le pélagique que pour le poisson de récif. Cela ne se fait pas n’importe comment. Tout se passe dans la réaction du poisson, son comportement à votre approche.

Le bar dans les laminaires peut se faire à la coulée si vous l’avez repéré depuis la surface. Rien de plus facile, un tir sur cible presque pas mouvante. Quelques rares poissons indolents aussi, comme les rougets, les poissons plats, rascasses er baudroies peuvent aussi se prendre à la coulée. J’ai même fait un maigre ainsi vu  de la surface, qui à mon approche s’est posé sur le fond et n’a plus bougé, paralysé.

Toutefois ça reste relativement rare comme technique en France métropolitaine. On a tendance à l’utiliser à ses tout premiers débuts, ça semble naturel. Titou appelle ça courir derrière le poisson. Donc à éviter. Il vaut mieux faire venir le poisson à soi, le taux de réussite n’en sera que meilleur.

 

La technique suivante, c’est l’indienne

Je l’ai peu pratiquée en fin de compte, sauf dans quelques endroits précis comme l’ile de Ré, à cause du profil du fond. Donc explication de la technique.

Vous avez fait un superbe canard (on n’insistera jamais assez sur le fait de bien réussir son canard), donc vous avez palmé doucement pour descendre jusqu’au fond et même arrêté de palmer quelques mètres avant le fond pour arriver avec une grande douceur. Là il est impératif d’être négatif en poids, vous ne devez pas flotter ni l’inverse vous écraser au fond. Si vous flottez, vous ne tiendrez pas, et si vous êtes trop lourd, vous allez frotter la ceinture au fond ce qui va faire du bruit et tout effrayer. Donc à ce moment, vous palmez doucement pour avancer, très doucement, suivre les contours de la roche et progresser afin de surprendre un poisson pour le tirer. Il est impératif d'être le plus silencieux possible . Vous devez vous couler comme un indien dans les Westerns pour approcher son ennemi. D’où le nom de la technique : l’indienne.

Les poissons vous ayant détecté depuis la surface, je ne suis partisan de cette méthode que dans de rares conditions. D’un, je la pratique seulement sur quelques mètres pour me trouver un post d’agachon. Ensuite, si au bout de 30 à 40 secondes rien n’est venu à mon agachon, là je la pratique afin de découvrir une pierre ou un bar endormi qui n’aurait pas été intrigué  par mon agachon (s’il me reste de l’air). Les poissons connaissant maintenant les chasseurs, l’indienne est de moins en moins efficace dans l’eau claire. Perso je ne palme pas et j’avance en me hissant par la main gauche en m’accrochant sur la roche, ainsi les palmes sont déjà allongées derrière vous et ne risquent pas d’effrayer le poisson et vous faites ainsi le moins de mouvements possibles, toujours pour ne pas faire peur aux poissons de toutes sortes. Le fusil doit être en position prêt à tirer.

Quel fusil pour cette pratique ? Les avis vont diverger, mais il est impératif de pouvoir être réactif, donc un fusil le plus maniable possible et plus un fusil est court plus il est maniable. A l’indienne vous allez être plus proche du poisson puisque vous allez le surprendre, c’est le but,  donc pas besoin d’un fusil qui tire à 4m (de la pointe). Il faut pouvoir mettre de suite sur le poisson et appuyer sur la détente en bien moins de 2 secondes car le poisson risque de gicler puisque surpris. On parle de poissons « nobles », pas de vieilles ou de congres ou même de mulets. Certains poissons ne se feront pas à l’indienne, tous les pélagiques. Les maigres ont horreur d’être surpris par exemple, pourtant c’est un poisson assez couillon qui vient très bien à 1m, même dans de l’eau très claire, j’ai tout de même réussi à en faire un à l’indienne sous un surplomb, on s’est croisé lui le long de la paroi et moi en sens inverse, je l’ai tiré une fois dépassé par derrière le temps de retourner mon fusil à deux mains. En fin de compte, c’est pour le bar et le sar que ça fonctionne le mieux. Mais ça n’est pas la panacée des méthodes de chasse

La chasse dans la mousse, en falaise, s’apparente à l’indienne mais en surface ou presque. Il faut être assez plombé, avancer doucement le long de la falaise dans le champagne afin de ne pas être vu et surprendre les sars et même les bars à marée haute. On avance juste sous la surface entre 1 et 2 m sous l’eau. Dès que vous en avez tiré un, il faut faire un demi-tour et reculer de quelques mètres, toujours sous l’eau. Je le répète, on avance que sous l’eau, dans les bulles (on dit le champagne), pas en surface.

Pour moi l’indienne c’est le préliminaire à l’agachon lorsqu’on ne voit pas le fond depuis la surface car si vous voyez le fond depuis la surface, votre poste doit déjà avoir été instinctivement choisi.

 

La technique qui suit l’indienne, c’est l’agachon

 

Technique restée secrète à ses débuts (il y a 50/60 ans), utilisée par les champions de l’époque. Cette technique est valable dans le monde entier. On peut l’appliquer de différentes façons, son but c’est d’attirer les poissons curieux et de paraitre inoffensif.  Ça n’est pas toujours évident, votre regard concupiscent peut suffire à faire prendre conscience du danger au poisson.

On peut l’appliquer dans l’eau sale comme dans 30m de visibilité.

Allez, on y va. On commence par un canard impeccable (en général les poissons savent déjà que vous descendez et s’écartent, entrent à trou). La descente doit se faire en douceur, pas de forts coups de palmes, évitez aussi le coup de bras pour vous aider à descendre, ça envoi une onde forte. Comme pour l’indienne  on arrête de palmer quelques mètres avant le fond, puis il faut trouver le bon poste souvent en pratiquant une petite indienne. Ce n’est pas si évident que çà de trouver le bon poste. Il ne faut surtout pas être en avant sur un tombant, mais au contraire en retrait, ne pas voir ce qui se passe en bas est frustrant mais crucial pour que le poisson méfiant approche, et il l'est de plus en plus de nos jours. Idem dans les roches, ne pas se mettre sur le haut d’une roche pour tout dominer, sauf si vous visez les pélagiques. On peut le pratiquer de bien des manières mais le principe de base, c’est de s’aplatir le plus possible, épouser la forme du rocher/fond, le fusil pointé vers là où vous supposez qu’un poisson va arriver. Les palmes doivent impérativement être à plat sur le sol, votre main libre doit s’accrocher à une aspérité ou un laminaire pour vous stabiliser car il ne faut plus bouger, ce n'est pas toujours aisé avec une bonne houle.

Face au courant ou dos au courant, les deux méthodes se discutent

Si rien n’est venu au bout de trente secondes, il y peu de chance pour que çela vienne ensuite, dans 95% des cas, le poisson viendra dans les 15 secondes. Si c’est un bon poste, mais il faut parfois 3 agachons pour faire venir les poissons à portée de votre fusil. Si donc on veut insister, il faut faire demi-tour au fond, sur quelques mètres avant de remonter à la surface. Il m’est arrivé de faire 5 agachons avant de parvenir à faire venir des carpes rouges hyper méfiantes que je voyais 20m devant. Les bars, mulets, daurades, sars, dentis, liches, maigres, barracudas et carangues viennent  bien à l’agachon.

Vous trouvez une pierre pleine de poissons, pas de précipitation. Un agachon devant les entrées à 2/3mètres selon la turbidité et vous ne tirez que les poissons dehors ou ensuite qui viennent musarder à l’entrée. Vous continuez tant que vous les voyez ou que votre quota, de nos jours le permet. Pour la suite, j’en parlerai dans la pêche à trou. Avec des poissons méfiants qui hésitent à venir mais que vous voyez, il est possible aussi de faire celui qui a peur, vous reculez doucement, l’air apeuré, vous aplatir encore plus.Ca fonctionne très bien.

Vous pouvez pratiquer aussi l’agachon sur le sable bien en évidence à quelques mètres des roches, ça fonctionne  pour les daurades et les maigres, les aprions sous les tropiques.

Une autre technique de l’agachon, consiste à se mettre sur le sable à genoux, vous posez votre fusil à coté (s’il ne flotte pas) puis vous soulevez du sable par brassées et lorsqu’il y a un joli nuage, on se met à plat, en position d’agachon  dedans.Ca marche très bien sur certains poissons méfiants, ombrines, vivaneaux, daurades.

Le choix du poste d’agachon est très important à déceler. J’en ai parlé dans le chapitre sur la Vendée avec l’anecdote au large de l’ile d’Yeu. A 50cm près, le poisson viendra franchement ou avec beaucoup de réticences.

Ensuite, je ne suis pas partisan des bruits divers et variés, je n'y crois pas plus qu'à la poudre de perlimpinpin. Je laisse chacun à ses croyances et certitudes. Avec des carangues c’est possible, car elles grognent quelquefois, surtout lorsqu’elles sont tirées, donc le bruit de gorge correspond à ce son qu’elles émettent. Le maigre aussi, mais vu qu’il vient très facilement, inutile d’en rajouter…

Alors, le fusil d’agachon, vaste débat. Déjà il est bien évident que dans 2m de visi, un 90 sera un handicap, vous verrez à peine la pointe. Plus la visibilité est faible et plus le fusil doit être maniable, donc court. Il faut tirer rapidement et si possible dans la tête. Comme pour l’indienne je recommande de choisir le fusil le plus maniable possible car le poisson qui vient vous voir, une fois qu’il aura jaugé le danger, il va démarrer tel un boulet de canon. Idem avec de la houle réduisez la longueur du fusil, comme pour la chasse terrestre : un 76 de canon pour la hutte, un 71 pour la plaine et un 68 pour le sous bois. Sur les iles de Marseille en hiver, je n'utilisais que le 90 au maximum, on chasse les loups dans très peu d'eau, et même parfois le 75 par fort mistral, clapots et donc eau un peu troublée.

L’idéal c’est vrai, un pneumatique, faut seulement être capable de faire mouche avec, surtout rapidement. La rapidité est primordiale à mon avis, mais pas la précipitation. Vous pouvez tirer un poisson qui a fait demi tour qui fuit, il m’est arrivé de lâcher la flèche alors que je ne voyais plus le poisson, et faire mouche (pas à tous les coups mais régulièrement), mais il vous faudra quelques années d’expérience et surtout être en parfaite harmonie avec votre fusil, aux vues de ce que je lis, ce n’est pas évident pour beaucoup de chasseurs qui ratent beaucoup trop.

L’agachon de pleine eau, je le réserve avec la technique du baron (flasher), plus loin.

Si l'agachon est l'une des méthodes de chasse les plus efficaces, ce n'est pas non plus à utiliser à toutes les sauces. Lorsque je me suis installé à Madagascar il y maintenant un peu plus de dix ans, je ne pratiquais que l'agachon et un peu la chasse au baron. Puis il y cinq ans, j'ai changé de place et suis arrivé à Tamatave et j'ai commencé à chasser avec Nono, que je connaissais mais peu sorti avec lui auparavant. Dans les eaux claires de l'océan indien je l'ai bien observé car il sortait régulièrement plus de mérous que moi qui ne pratiquais que l'agachon. Sa technique donc consiste à survoler la zone à 10/15m au dessus du fond pour repérer les mérous qui ne bougent guère, surtout le cabot à oeil d'or (mérou malabar). Une fois repéré soit on coule sur lui, soit on trouve alors un post d'agachon au fond. Tout simplement par ce que les mérous bougent peu de leur repère et ne viennent à l'agachon que si vous en êtes à moins de 10m. Depuis, grâce à Nono, j'ai sérieusement augmenté mes prises sur cette espèce. Sur les coins connus, ragues et pierres, on attaque directement l'agachon.

Il fait savoir s'adapter, Titou me disait qu'il lui fallait quinze jours pour comprendre le comportement des poissons dans un nouveau coin du monde. Il m'aura fallu 5 ans à Tamatave et encore je ne compte pas les trente années précédentes où je ne venais qu'en vacances, pour m'adapter.

 

 Un agachon raté (que personne ne se vexe en se reconnaissant sur une photo, c'est pour illustrer, le gars n'était peut être pas encore en place)

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Le défaut le plus usuel ce sont les palmes en l'air, décollées du fond. C'est vraiment important de les avoir collées au sol. Sinon vous êtes tout le temps en train de les agiter même doucement sans s'en rendre compte et c'est le meilleur moyen de faire fuir le poisson. Même planqué derrière un rocher, les palmes doivent être plaquées au fond.

 

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 la tête relevée, c'est moins grave que les palmes mais c'est aussi une preuve de votre sens d'affut, prédateur en éveil, ce que le poisson détecte même de loin. Il faut se rencogner, abaisser la tête à frôler le fond, juste assez relevée pour voir ce qui va arriver, on finit par avoir mal au cou. Ici photo du dessous, l'agachon est presque parfait mais la tête un poil relevée et le corps n'est pas plaqué sur le sol, il doit manquer 1kg de plomb.

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Il est inutile, voire néfaste de se positionner de façon de voir le poisson de loin, dans l'eau claire bien sur. Il vaut mieux choisir un post derrière une roche que sur le devant ou le haut de la roche ou une ondulation du fond, bien sur vous ne verrez pas venir le poisson de loin mais lui non plus ne vous verra que lorsqu'il sera à portée de votre arbalète, l'important n'étant pas de voir un poisson mais de le faire.

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Bien planqué, vous avez ça: 

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Ou ça :

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Dans les algues, c’est bien.

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Et maintenant un agachon de pleine eau, remarquez la façon de tenir son arbalète, tant que le poisson ne vient pas inutile de mettre le fusil en avant, là il attend un pélagique

 

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Je suis sur que la majorité des chasseurs débutants se posent la question de savoir comment faire pour capturer tel ou tel poisson. La plupart doivent aussi penser que c'est un peu du hasard de croiser tel poisson plutôt que tel autre.

Et bien pas du tout, c'est une grossière erreur de débutants.

Vous capturerez le type de poisson que vous allez cherchez. Je m'explique. Vous partez du bord de la plage pour chasser, oui mais chasser quoi? Du plat sur le sable? Du sar? Du bar? Du maigre ou de la liche? Du denti pour les méditerranéens?

Non seulement chaque variété de poissons se tient dans une profondeur précise et dans un biotope précis, mais aussi il se chasse d'une façon précise et ce ne sera pas le hasard qui vous fera le rencontrer à 99% du temps, mais ce sera vous selon votre recherche et surtout votre façon de chercher.

Je reprends mon exemple de chasse du bord de la plage. Vous partez sur le sable en vous disant je pars chasser du bar sur roches au large mais en attendant si je croise une sole je lui fais la fête. Et bien pas du tout, si vous êtes aux poissons plats, il faut être attentionné uniquement au fond de sable, trouver la bonne granulométrie et ne regarder que ce que vous voyez parfaitement afin de distinguer la silhouette de la sole ensablée, mais dans ce cas vous ne verrez pas le bar qui passe tranquillement sur le sable à quelques mètres et qui était si facile à tirer.

C'est pareil sur les roches à moules ou la mousse pour le sar, vous ne remarquerez pas le chapon qui dort à 2m de vos yeux, ni la bonite qui passe plus haut et écarte la mange.

On fait le poisson que l'on recherche à 90% du temps. Je suis sorti récemment avec de bons chasseurs de benthiques, même très bons. Nous étions à 20m l'un de l'autre mais en recherche de pélagiques sur des fonds de 15 à 40m avec un baron chacun. Perso je n'étais qu'en recherche de pélagiques et rien d'autre, et je n'ai sorti que des pélagiques : thon, dorade coryphène et barracuda alors que le collègue n'a pris que des benthiques pour ainsi dire: aprions, perroquets ou carangues, une bonite par hasard et ce, sur plusieurs jours de chasse.

Ce n'est pas la valeur du chasseur qui est en cause mais sa façon de chasser et donc de regarder, car oui la CSM c'est surtout apprendre à regarder et savoir quoi regarder. Vous verrez ce que vous recherchez, à condition d'avoir mis tous les atouts de votre coté bien sur.

Je reviens sur les pélagiques, devenu ma cible depuis 2 à 3 ans maintenant. Je regarde partout à la limite de la visibilité et celle ci doit être la plus grande possible, inutile de chasser le thon ou l'espadon avec 10m de visibilité, c'est perdu d'avance, il faut 15m strict minimum et 20m c'est bien, 30m c'est mieux. Il faut sans arrêt regarder donc en limite de visibilité, en tournant régulièrement la tête à en avoir des torticolis, car l'anticipation c'est la clef de la réussite pour l'approche et le tir. Si vous repérez le poisson à 10m c'est trop tard dans la majorité des cas, et aussi, il est évident que le fusil doit être adapté à l'espèce recherchée. On ne chasse pas le thon avec un 110 ni le sar ou la mostelle à trou avec un 110 non plus. On ne tue pas un moustique avec un canon. D'où l'intérêt de partir avec 2 fusils sur la bouée et 3 dans le bateau.

On prend le fusil qui convient au poisson recherché du moment, on ne regarde pas pareil surtout, selon ce que l'on cherche

Apprendre à regarder, c'est la première chose que m'a enseigné Titou. (Jean Baptiste Esclapez)

Vous regardez en haut pour les bonites ou les wahoos, en bas pour les carangues, les aprions , mérous et TDC, dentis et enfin à l'horizontale pour les thazards, barracudas et dorades ou marlins.

En France pour le bar, selon le biotope, il peut se retrouver à peu près partout. En bas, près et autour des roches, dans la mousse au ras de la surface en falaise, en pleine eau lorsqu'il est en "compagne", ce sera à vous de vous adapter au biotope rencontrer.

Anecdote avec Nono : Nous sommes en chasse de pélagiques mais sur une zone peu profonde, 20m. Nono est pas loin de moi et je le vois remonter une belle babonne du fond, il me dit qu’il en a vu une autre. Au lieu de regarder devant et autour de moi dans cette eau très claire, je commence à inspecter le fond, et ce qui devait arriver, arriva.  Alors que je scrute le fond, un magnifique espadon voilier passe sous moi, et il ne se laissera pas rattraper. On ne court pas deux lièvres à la fois !

 

L'agachon de pleine eau 

Technique dévolue aux pélagiques principalement. Elle est associée au baron ou flasher des temps modernes.

Elle consiste à rester soit pendu à 8m sous la bouée, prêt à faire feu sur le premier thon venu à portée, ou autres pélagiques: liches et sérioles, barracuda, thazard, wahoo, marlins, espadons, coureur arc en ciel et plus rarement carangues, mais aussi loches ou mérous particulièrement curieux qui peuvent monter du fond vous voir. Une fois, une loche est montée du fond à grande vitesse, avant que je ne réagisse elle a avalé mon baron, recraché illico et redescendu avant que je ne la tire, mais j'en ai sorties plusieurs ainsi, moins pressées.....

La technique du baron fut inventé par le regretté Jack Pass à Mayotte, spécialiste du bleu dit Blue Water (BW).

On peut également s'éloigner de la bouée et rester dans la zone neutre ou vous ne montez, ni ne coulez, pour agachonner en pleine eau, on appelle ça aussi la feuille morte si vous descendez très doucement.

Dès le poisson aperçu, on coule sur sa trajectoire pour lui barrer la route et lui lâcher sa flèche à la croisée la plus proche. Souvent le plus difficile consiste à bien évaluer les distances pour ne pas tirer de trop loin dans le bleu, ce n’est pas toujours évident. Je regarde son œil, si je discerne bien la pupille, il est à distance de tir pour les grosses pétoires. Mais surtout on ne va pas vers lui directement, sauf s’il ne bouge pas. Il faut bien évaluer sa trajectoire et se diriger sur le point d’intersection possible avec la votre.

Je conseille de régler le baron à 8m, 10m c’est trop loin, le temps de descendre et le poisson est passé si la visibilité est très bonne, et 6m c’est trop près de vous et risque de l’empêcher de monter. Deux fois sur trois c'est de la surface que vous verrez le poisson venir et s'il est passé, c'est souvent trop tard, il ne reviendra quasiment jamais. Quelques rares marlins reste là à vous regarder, ce sera la chance de votre vie s'il fait 250kg. Les poissons les plus curieux font le tour du baron à 2m, mais le plus souvent comprennent qu'il s'agit d'un leurre et poursuivent leur chemin.

S'il est passé, la course poursuite peut s'engager, ça fonctionne une fois sur trois, ce n’est pas si mal, mais pas de tir létal dans ce cas, ce sera une flèche lâchée souvent dans le tiers arrière, ça tient très bien, même mieux que le corps dans le combat qui va suivre.

On peut aussi associer d'autres techniques à l'agachon de plein eau, la petite cuillère lâchée fait office de baron miniature, elle descend en virevoltant. La poignée de sardines encore mieux lorsque ça tourne un peu bas, principalement pour les thons rouges et albacores; il suffit de suivre les sardines à quelques mètres lorsque ça se décide à monter. Les tripes des autres poissons capturés fonctionnent très bien pour les carpes rouges, aprions et les thazards. Dans ce cas il faut bien analyser le comportement des poissons qui 20m plus bas, font de rapides aller/retour avant qu'un ne se décide à monter direct et gober l’appât. Il faut anticiper sinon il redescendra aussi rapidement. Avec un peu d'expérience, vous discernerez dans son attitude qu'il a décidé de monter gober l’appât. Ainsi pour les carpes rouges, je tirais les licornes présentes et les dépeçais illico, au bout de deux ou trois morceaux avalés, il n'y a plus qu'à faire son agachon de pleine eau et de surveiller le bout qui descend. Les aprions aussi se font quelquefois avoir.

 

La pêche à trou

. Un fusil de 50 ou 60cm, flèche courte et ardillon court également pour éviter qu’il ne se coince dans les failles. Un MATC (trident de bon aloi) est très bien pour paralyser le poisson. Si votre flèche tahitienne s’enrague, on renfile le fusil sur la flèche, on enclenche la flèche et ainsi on peut faire pivoter la flèche pour la sortir.

Ici, vous êtes peinard, canard raté, lâcher de bulles, raclage de la ceinture au fond, palmes en l’air, tout ça le poisson s’en moque, il est bien au chaud dans son antre et ne devrait pas en bouger. C’est la technique du débutant mais presque toujours mal gérée. Je mets le conditionnel à « ne devrait pas bouger » car il ne faut tout de même pas abuser, il peut gicler si vous vous y engouffrer comme un bulldozer ou si vous faites un raffut du diable sur son antre.

Le plus dur dans la technique consiste à trouver les pierres. Le premier point pour les repérer, ce sont des poissons qui tournent autour d’une roche. Cela doit faire tilt tout de suite.  Dans les eaux sales de l’atlantique, c’est souvent à l’indienne que l’on découvre une pierre.  Puisque la bouée est obligatoire de nos jours, il suffit de laisser le plomb à quelques mètres de l’entrée. Il est extrêmement rare qu’il n’y ait qu’une entrée, en général il y a une ou plusieurs sorties plus petites. Pour qu’une pierre retienne du poisson, il faut qu’il y ait des recoins noirs, mêmes des ragues toutes petites dans les fonds, c’est encore mieux. Et une pierre posée sur le sable, c’est le top !

Alors, vous venez de découvrir une pierre, première règle : on agachonne à quelques mètres des entrées, on ne fonce jamais dedans. Vous tirez les poissons qui tournent ou présentent leur museau à l’entrée, ainsi tous les autres vont rester planquer bien sagement, car le danger est dehors, pas dedans.

Là je vais vous faire la recommandation que j’ai mis des années à assimiler : ne tirez pas dans la pierre, surtout les gros bars, c’est le meilleur moyen de la vider à vie. J’ai vidé pas mal de pierres avant de comprendre qu’en ne tirant qu’un ou deux poissons aux entrées, elle durera des dizaines d’années, tant qu’une andouille ne la massacrera pas. Si vous tirez le plus gros bar dedans, c’est fini, vous ferez surement une pièce de 5 à 6 kg mais ce sera la dernière. Epargnée, cette pierre vous pouvez la faire plusieurs fois dans l’année, maxi 3 ou 4 fois, il ne faut pas exagérer non plus.

Par contre si le gros bar traine dehors, n’hésitez pas, faites-vous plaisir. Quand plus rien ne se présente aux entrées, vous pouvez aller vous régaler les yeux et voir ces beaux poissons tourner et se plaquer au fond. A ce sujet, lorsque vous abordez une pierre, on regarde toujours les parties les plus sombres, pas le contre jour. On descend même en fermant à mi-clos les paupières, pour être habitué à la pénombre.

Il existe différentes méthodes pour faire entrer les poissons (sars et bars)  qui trainent dehors et hésitent à entrer, la plupart du temps parce qu’ils on déjà vu ce qui se passait avec les chasseurs. Ces techniques n’étant pas éthiques, mais plutôt associées au vidage de la pierre, je ne vous les dévoilerais donc pas.

Une rague ouverte, sans issue, même profonde ne peut être considérée comme une pierre, elle ne sera qu’un refuge provisoire et d’ailleurs n’abritera que 1 ou 2 poissons au maximum. Vous pouvez tirer dedans sans regret.

Un gros surplomb est excellent pour se positionner pour l’agachon, très rarement un poisson s’y trouve, mais ils viennent volontiers voir ce que vous y faites. Un mérou peut être collé au plafond, plus souvent des cigales.

Anecdote :

 Mon équipier de compétition m’invite à une sortie sur la banche et le plateau du four (dans le 44). A part un lieu jaune, rien de toute la journée, idem pour mon équipier, l’eau n’est pourtant pas trop mal, dans les 4m de visibilité, peu de courant, ni de houle. Au moment de remonter sur le bateau pour rentrer, je regarde si l’ancre n’est pas coincée, il y a 5m, le four n’est pas profond. Elle est posée devant une rague d’un mètre de profondeur cachée par les laminaires. J’aperçois des écailles, je scrute bien, c’est une rague fermée et les poissons effrayés depuis notre arrivée et le mouillage jeté devant leur nez, sont tapis au fond depuis plusieurs heures. Je tire le premier, tué net, ce qui n’est pas un exploit. Je le mets dans le bateau à 5m de là, puis regarde à nouveau dans ce couloir. Un second bar de 5kg ne bouge pas non plus, il rejoint le premier. Je me dis à tout hasard : regarde encore un coup malgré que ce ne soit pas grand, et, plaquée au plafond, une royale de 3.5kg m’attend terrorisée. Les yeux ronds de mon équipier qui monte quelques minutes après, la pêche a été faite sur les 3 dernières minutes d'une sortie de plus de 6 heures.

Les daurades, sont tellement paniquées à trou que divers auteurs racontent les avoir attrapées à la main, elles peuvent aussi s’ensabler comme une sole.

Mais n’oubliez pas, une belle pierre ça se soigne, se dorlote, choyez là. Il peut y avoir des centaines de bars dedans et souvent plein de sars avec eux.

Les épaves ne sont pas vraiment des pierres et il y a tellement de recoins sombres. Je chasse beaucoup maintenant sur épave, mais je ne tire jamais à proximité et bloque immédiatement les poissons afin qu’ils ne s’y enraguent. Et je n’ai jamais regardé dedans, c’est bien trop profond dans mon secteur pour prendre des risques. Surtout que je ne chasse pas à la gueuse, trop de courant dans mon quartier.

Les congres, murènes et les homards n’ont pas le comportement des autres poissons, et ce n’est qu’à trou que vous les trouverez. Les mostelles aussi ne sont qu’à trou et souvent solitaires, donc faites vous plaisir. Epargnez donc les congres et murènes, à part dans la soupe de poissons, ce n’est vraiment pas terrible à manger. Une pierre peut être vide à certains moments de la journée et bourrée à d’autre. Je connaissais deux pierres qui émergeaient à marée basse, donc elles ne pouvaient se remplir de poissons qu’à la haute mer. Beaucoup servent de refuge à la descendante, donc il n’y a pas de règles générales.

Une autre anecdote, un agachon sur 8m à coté d'une pierre ouverte, au bout de 30 secondes, rien ne vient et je vois le bout d'une caudale de bar l'autre coté de la pierre. Je recule un peu, et aligne le poisson dans la caudale. Il gigote vigoureusement et ne vient pas, coincé contre la roche. Je laisse le fusil, remonte, me ventile et redescends illico, je prends le fil et commence à ramener le bar qui se coince de nouveau de l'autre coté de la pierre, et..... je reçois des coups sur la tête. C'est un congre qui mord la tête du fusil et le secoue violemment, la poignée me frappant la crâne.

La pêche à trou peut se révéler dangereuse, le masque ou le tuba peuvent s'accrocher et vous le perdez en reculant, ça a moins tendance à le faire si vous avez gardé le tuba en bouche. Mais cela m'est arrivé tout de même deux fois. On peut aussi s’emmêler avec le fil de la flèche en voulant déraguer le poisson comme je le raconte à mes tous débuts, il ne vous reste que la solution de couper de suite le fil car vous ne savez pas dans quel sens il est passé, en effet lorsque cela arrive, c’est au moment de remonter quand on n’a plus d’air.

 

Le sens de la pierre

 

Un post sur les GPS m’a fait penser à ajouter un opus aux techniques de chasse. Avoir ou plutôt apprendre le sens de la pierre. Qu’est ce que c’est, avoir le sens de la pierre ?

D’abord c’est deviner ou sentir plutôt si en vous baladant, de dessus ou de loin si ces roches peuvent avoir un intérêt pour retenir le poisson. C’est aussi comprendre la pierre et savoir l’aborder du bon coté et bien évidemment comment l’aborder.

Plusieurs indices pour découvrir une pierre. Si vous voyez 10 sars qui tournent devant et s’engouffrent à votre approche, c’est une évidence mais c’est devenu de plus en plus rare ce genre de situation car trop de chasseurs exploitent les pierres bêtement et ils les flinguent. La pierre devient désertique ensuite, les poissons ayant une mémoire surement transmissible, ils savent parfaitement qu’il y a plus de danger à s’enfourner dedans qu’à partir vers le large. Bref comme dirait Pépin, ce sont le plus souvent de petits indices qui vont de loin vous avertir qu’une pierre est creuse et susceptible de retenir du poisson. Les petits poissons et surtout les alevins qui stagnent devant l’entrée parfois bien dissimulée, d’ailleurs et plus les entrées seront cachées, enfouies, plus la pierre a de chance de se révéler bonne. Les crevettes également sont un bon indice, une mostelle ou des tacauds qui disparaissent d’un coup.

Une bonne pierre aura deux ou trois entrées dont une petite, bien fermée et l’intérieure doit être sombre, pas trop grand et plus elle se resserre et s’amenuise pour devenir noire dans le fond, plus elle sera attractive. Elle peut n’avoir que dix centimètres de hauteur, c’est suffisant pour que les poissons s’y entassent allègrement. Un simple trou sera peu attractif sauf pour les congres et murènes, les bars, sars et daurades aimant avoir une sortie de secours. Je ne vous parle pas des corbs et mérous qui aiment d'autres pierres, longues, tortueuses.

Il faut aborder la pierre par la plus grande entrée, le faire en douceur, très très doucement pour finir par une inspection profonde. Parfois il faut carrément pratiquer de la spéléologie, j’ai vu entrer dans des pierres tellement petites, des boyaux pour tirer des mérous, qu’il fallait le binome pour vous ressortir en tirant les pieds en arrière, des trucs à ne pas recommander avant d’avoir au moins 20 ans d’expérience derrière soi. Si on a que quelques années de pratique, méfiance tout ce que vous avez sur vous peut vous retenir dans une pierre : un moulinet de ceinture, l’accroche poisson à la ceinture, même les plombs peuvent s’accrocher, le couteau s’il n’est pas à la cheville, etc.…. Le tuba en ressortant peut s’accrocher et vous arracher le masque, ça m’est arrivé deux fois en 40 ans de pratique. Cela fait maintenant plus de 10 ans que je ne chasse plus du tout à trou, je ne regarde même pas dedans.

Lorsque vous en êtes au stade de crapahuter dans la pierre, la circonspection doit rester de mise, même si tous les poissons, crevettes et crabes vous ont entendu. Ils peuvent encore gicler pris de panique et même vous percuter. J’ai déjà raconté l’anecdote où un bar m’a enfoncé la vitre du masque.

Normalement vous agachonnez devant l’entrée de la pierre à 2 ou 3 mètres. Tant qu’un poisson museaute, vous n’entrez pas dedans, il est impératif d’essayer de tirer les poissons dehors au maximum. Ensuite si rien ne vient vous inspectez d’un œil attentif les recoins les plus sombres en premier, c’est là qu’ils seront planqués, inutile de regarder vers la lumière, s'il y a un poisson vous le verrez immédiatement. Si c’est une pierre qui retient une mostelle, un bar ou un sar, vous pouvez tirez dedans, mais si c’est une pierre qui logent 10, 20, 50 poissons ne tirez surtout pas n’importe comment, vous ajustez tranquillement le poisson le plus en vue et le tirez dans la tête et nulle part ailleurs et le sortez immédiatement, vous pouvez ressortir et recommencer l’opération si ce n’est pas évident du premier coup. Ne tirez pas plus de deux poissons (et comme il faut) dans la pierre sinon elle va se vider et ce sera à vie !

Vous avez fini, décidé de laisser tranquille le reste dans son trou bien à l’abri, vous en profitez pour faire consciencieusement le tour de toutes les issues, inspecter les moindres recoins, enregistrer la configuration du site sur toutes ses coutures dans votre mémoire, c’est ainsi que l’on acquière le sens de la pierre. Le mieux c’est encore d’avoir un maitre pour vous le montrer ou des stages avec de bons moniteurs. Cela vous fera gagner quelques années et surtout vous évitera de gaspiller, gâcher lamentablement une pierre (une des dernières) encore bien garnie.

Ne revenez pas plus de deux fois dans l’année visiter vos pierres. Les plus belles sont sur le sable isolées. De grandes dalles de plusieurs mètres, tombées sur le sable forment d’excellentes pierres, ce sont les bars eux même qui délogent le sable de dessous et la garde libre de circulation.

Une pierre trop ouverte, style arche, grotte ne sera que très rarement une bonne pierre car c’est assez exceptionnel qu’une telle formation ait des recoins bien noirs avec petites  sorties annexes pour retenir le poisson.

 Des ragues, banches creusées sur le bord d’un petit tombant peuvent être de bonnes pierres, il suffit d’un morceau effondré pour cacher la vue et ainsi former un abri et si la banche est très creuse et forme un surplomb de 2 à 3 m, c’est un superbe spot à maigre et à mulets, mais pas une vraie pierre.

Allez, un dernier indice, si vous voyez une vielle dans une pierre, inutile d’insister il n’y aura pas de bar dedans, les tacauds n’ont plus n’aiment pas la présence des bars dans la même pierre, mais des homards, oui.

 

 

 Diatribe de la profondeur

Je sais qu’avec cet article je vais en vexer quelques uns, mais il se doit d’être écrit. En effet nous regardons de belles vidéos avec des chasseurs qui vont chasser du poisson maintenant à 30, 35, 40m…. C’est devenu la course à l’échalote, la profondeur.

Et bien c’est la preuve qu’ils ne savent pas chasser correctement dans des profondeurs moindre tout simplement. Non seulement c’est un bel exploit, que je ne jalouse nullement, mais c’est de l’incitation au meurtre, et pas celui du poisson. Descendre à 32m pour tirer un sar de 800gr à trou, est ce bien intelligent?

De grands champions sont morts alors qu’ils étaient capables de descendre à 60m, ça leur fait une belle jambe maintenant, mais la plupart du temps ce sont de jeunes chasseurs qui commencent à maitriser l’apnée qui en pâtissent de ces exemples à ne pas suivre. Titou me le disait à maintes reprises : celui là il n’a rien dans la tronche, il ne pense qu’à descendre ! Et pour des personnalités célèbres de la CSM. Je rappelle qu’il a été 2 fois champion du monde, champion d’Europe et X fois champion de France sans jamais avoir descendu au-delà de 24m. Même à Ustica réputée pour ne se gagner qu’au-delà de trente mètres, il a remporté haut la main en restant dans sa zone de confort. Amengual encore plus titré, ne chassait pas au-delà de trente mètres et très rarement. Personnellement j’ai du descendre 3 ou 4 fois dans ma vie au-delà de trente mètres et uniquement pour y tirer un poisson vu d’en haut. La quasi-totalité de mes chasses se déroulent entre 8 et 15/18m, que ce soit en France ou sous les tropiques. Et je sors presque toujours plus de poissons que certains qui viennent et agachonnent à 30m. Non la profondeur n’est pas la panacée de la CSM. Il n'est pas nécessaire de tenir 2 minutes trente secondes pour tirer un poisson, mes apnées sont en moyenne de 1 minute et maxi 1 minute trente secondes et pourtant j'en sors du poisson!!!!

Ces championnats du monde organisés en Grèce dans une zone désertique, où les chasseurs ont du descendre à 50 et 60m pour faire 1 à 2 poissons pour les meilleurs apnéistes, c’est non seulement débile mais criminel de la part des organisateurs !

Non, je le répète il n’y a pas plus de poissons en profondeur, il y est seulement plus facile, car il n’y voyait pas jusqu’à présent, de chasseurs et que va faire ce poisson ? Il va continuer à descendre, tout simplement.

Regardez cette vidéo, de ce chasseur italien faisant des dentis jusque 10kg entre 4 et 10m, et pas un mais un bon paquet, et la réponse qu’il a une zone exceptionnelle c’est bien à vous d’en trouver une, l’Italie n’est pas réputée pour être facile et poissonneuse. Je l’ai dit et le répète : l’art de la chasse sous-marine c’est l’art de trouver le poisson, pas de descendre à 40m !

Fuyez ces prédicateurs des abysses, ils ne feront que vous inciter à les suivre. Apprenez à bien chasser, à peaufiner votre technique dans la zone que vous maitrisez bien, et vous ferez de belles prises. Est-ce que PDM chasse en profondeur ? Jamais, je crois bien, il écrit lamentablement mais il sait chasser, exploiter ses zones à merveille, dans des secteurs où beaucoup pensent qu’il n’y a rien. 

Il est stupide de continuer à chasser sur une zone vide en toutes circonstances, que ce soit été, hiver, marée montante descendante ou étale. Car oui un secteur peut devenir intéressant à un moment précis et pas à d’autres, mais s'il est vide tout le temps, changez. J’avais une zone à gros pélagiques, mais ils n’y étaient présents que 2 ou 3 fois dans l’année, le reste du temps c’était vide. Et bien je m’y arrêtais à chaque fois mais juste une minute, je n’y passais pas ma vie, et de suite je savais  si cela valait le coup d’insister ou pas, par la présence de vie sur place.

Qu’à vos débuts vous collectionnez des brocouilles, c’est normal il faut apprendre, mais pas au bout de 15 ans d’expérience. Et ce n’est pas en cherchant profond que votre expérience va s’améliorer, mais en analysant le pourquoi de la brocouille. Prenez des notes, le bon vieux carnet de chasse, car la mémoire peut vous jouer des tours. La chasse sous-marine est un sport qui se pratique à 98% avec la tête, pas grâce au matériel ou à vos capacités physiques, d’ailleurs Amengual était handicapé.

 Vouloir retourner chasser avec de mauvaises conditions pour un secteur, qui dans ces circonstances est vide, et que votre guide/ maitre vous le dit, c’est débile. Il faut se remettre en question régulièrement dans notre sport. On apprend de ses échecs ! Si vous n’avez rien appris, et continuiez, c’est que vous n’avez rien dans la tête. Insister c’est bien, mais savoir renoncer est une preuve de sagesse.

Oui on pratique un sport ingrat, il faut y passer des heures et des heures, dans de l’eau froide, avec du vent, de la pluie, se lever tôt, voir très tôt, faire des km et sa femme qui fait la tête car le WE est râpé pour elle. Et je ne parle pas de ceux qui ont le mal de mer, les pauvres.

Et en conclusion, rappelez-vous ce dicton : un bon chasseur est un chasseur vivant.

 

Les coins de chasse, vides ou pas ?

Comment savoir si l’on doit insister sur un coin de chasse ou pas ? C’est simple et compliqué à la fois.

Un spot peut être vide à un moment de la marée et se remplir sur la renverse ou se vider en quelques instants avec justement la renverse.

J’en parlais justement plus haut, j’avais un spot qui n’était valable que 2 ou 3 fois par an, le reste du temps il était vide, et je n’ai jamais réussi à savoir pourquoi avec les mêmes conditions, ce sec était vide la plupart du temps.

Si un spot  va être valable, c’est facile à savoir ou reconnaitre, c’est principalement à « la vie » qu’il va y avoir sur place. Si rien ne nage, ni petits poissons, ni petits animaux autour (crevettes, crabes, copépodes…) et pas une écaille, alors le coin est vide, inutile d’insister. Vous pouvez y revenir 2 heures après le changement de marée pour voir si ça s’est modifié. La température de l’eau joue beaucoup aussi, les thermoclines mais aussi la température générale de l’eau. Exemple, nous avons eu un effet d’upwelling l’année 2023 sur la Vendée, où l’eau est restée à 14° même au mois d’aout, alors qu’elle montait à 18° juste à coté en Charente maritime et Loire atlantique. Bien sur le poisson, sars et bars, se trouvait dans ces départements et pas dans cette eau glaciale venue du fond des abysses. Le poisson est arrivé en septembre avec l’eau chaude.

Il peut arriver que ce soit pour d’autres raisons non définies clairement. Exemple j’ai un spot, une cassure de plateau qui passe de 20/22m à 30/34m. Cette cassure bien nette sur peut être 80m de long, retient une foultitude de poissons par moment. Pendant 3 années ce fut mon meilleur spot à gros thazards avec de superbes mérous en bas en plus. Depuis 2 ans, il est absolument vide, rien ni petits ni gros, ni pélagiques ni benthiques. Pourtant je m’y arrête et jette un œil à chaque fois que je passe dans le secteur, par acquis de conscience, mais rien. Et puis il y a une dizaine de jours, mon équipier est resté la journée sur la cassure, avec un carton jamais vu : 11 thazards, 20 carangues, 1 espadon voilier, …… Pourquoi le poisson était surabondant ce jour-là ? Impossible à établir, mais des tonnes de bitsiks(alevins) étaient présents sur la cassure. Les jours suivants, il s’est revidé, même pas une carangue ou un thazard de passage avec les mêmes conditions de vent, de marée, de température et de turbidité et de bitsiks présents au fond.

A l’inverse, j’ai trouvé en début de saison un secteur qui m’a semblait propice sur les cartes marines. Sur place, pas de grosses cassures au sondeur, impossible (pour moi) de savoir s’il y a de belles patates, ou une cassure, la profondeur moyenne étant de 35m jusque 45m. Pas de poissons fourrage non plus ou de présence spéciale. Je vais jusqu’à ce coin retiré, loin de tout quand je suis dans le secteur, et je ne peux expliquer vraiment pourquoi mais j’étais persuadé que ce spot allait être bon à un moment ou un autre, ce qui fut le cas au sixième passage alors que mes coins habituels étaient vides, eux. Savoir reconnaitre/sentir un secteur viendra avec l’expérience.                                                                                                               Donc il y aussi l’instinct du chasseur qui entre en ligne de compte, comme ressentir une présence dans son dos. Mais le plus important lorsqu’on débute c’est d’insister, chasser des heures et des heures même si on n’a rien vu, que l’on ait faim, qu’il fasse froid… Même il y a trente ans, à la bonne époque où le poisson abondait, il m’arrivait de chasser pendant 5 heures et de ne pas voir une queue, et puis paf, à force d’insister ou de renverse, va savoir, le poisson était là sur le coin suivant.

Après il faut noter les circonstances de ces rencontres, cela reste un bon point de repaire pour les années suivantes 

Un autre point bien important à enregistrer: le poisson se tient à un endroit précis, que ce soit du benthique ou du pélagique, les poissons ont leur coin de prédilection, et c'est à quelques mètres près, ils n'en dérogent pas. Une pierre à bars retiendra toujours du poisson tant que vous ne la massacrerez pas, les coins à maigres idem. C'est pareil pour les thons, ils viennent tourner à un endroit précis et reviennent d'une année sur l'autre tant que la configuration ne bouge pas. Gérard Grave, surement le meilleur guide de la planète pour le tout gros, a trouvé un spot à très gros wahoos (thons bananes), ces poissons tournent à un endroit où en apparence il n'y a rien, sinon 1 000m de fond et pourtant ils sont au rendez vous la plupart du temps. Donc il faut passer son temps à chercher et surtout bien enregistrer un secteur poissonneux, le GPS est parfait pour ça. Comme je le dis toujours et le répète encore une fois: l'art de la chasse sous marine c'est l’art de chercher le poisson, le reste relève de l'anecdote

 

Les techniques de chasse selon les poissons

Le poisson le plus couru, au propre comme au figuré est surement le bar en France. Cela tombe bien c’est ma spécialité.

Pour bien combattre son ennemi, il faut d’abord bien le connaitre (Sun-Zi, l’art de la guerre) Pour bien chasser, il faut tout connaitre des poissons que l’on veut attraper, absolument tout.

Tout d’abord, les poissons n’ont que 3 centres d’intérêts dans leur vie : en premier survivre, en second se nourrir et en troisième se reproduire.

Donc le bar mange de tout, y compris ses propres congénères lorsqu’il est bien gros, c’est pourquoi les gros ne se mélangent pas avec les petits. Vers, crustacés, mollusques, petits poissons, seiches tout est bon pour satisfaire son appétit. Une fois j’ai même trouvé une étoile de mer dans l’estomac. Il se reproduit entre janvier et mars selon la température de l’eau. Il a besoin de se rassembler en immenses  compagnes avant la fraie. Ensuite la femelle gonflée d’œufs, s’en va suivie de plusieurs males, et va pondre sur le sable/gravier à la limite des roches dans peu d’eau. Le lieu le plus célèbre de France pour ses réelles frayères c’est la sablière à Marseille, maintenant en réserve dans le parc des calanques. Le spectacle était parfois grandiose. Je fus le premier à photographier ces rassemblements.

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Je souhaite aux jeunes pêcheurs de pouvoir en prendre encore pendant de nombreuses années, mais d’un il y a les quotas pour limiter le nombre de prises et même sans les quotas il faut bien admettre que la ressource a très fortement régressée et elle est même en grave danger. Ne vous en faites pas, ce n’est en aucun cas les chasseurs responsables de cet état des stocks; les anciens (dans les années 70) me disaient, tu ne connaitras jamais ce qu’on a pu voir, des dizaines de bars dans 20/30cm d’eau à marée montante et que des gros de 5 à 7kg….. « La pêche » se faisait à la machette dans les coursives la nuit, les vendéens disaient pêcher au sabre…. J’ai déjà connu une bonne époque, où rencontrer des milliers de bars à peu près n’importe où à la cote en partant du bord était possible. Maintenant quand on a vu 3 ou 4 bars ou loups ensembles on dit j’ai vu une compagne !

Le gros déclin du bar a commencé avec la création des filets maillants, des milliers de kilomètres sont maintenant placés partout le long des cotes françaises et ce qui a achevé le reste, ce sont les bateaux pélagiques qui ont trouvé les frayères depuis les années 2000 et massacrent à qui mieux mieux les poissons se reproduisant, sans aucune vergogne et sous l’indifférence complète de Bruxelles plus prompt à écouter les lobbys des pêcheurs que les scientifiques pourtant alarmistes.

Bref je ne suis guère optimiste sur le sujet, doux euphémisme.

Bon venons en à la façon de capturer ce joli poisson. Évitez de tirer des sardines c’est mal vu et aussi les femelles pleines de  taille moyennes pour les méditerranéens, vu qu’en Atlantique on ne peut chasser à cette période. Je dis de tailles moyennes car les grosses x(6kg et plus) sont nettement moins bonnes reproductrices.

La meilleure méthode, pour les capturer c’est incontestablement l’agachon. Dans 2m ou à 18m de fond, ça fonctionne toujours….s’ils sont là ! On peut le faire partout, en haut des roches, en bas, sur le sable en limite des roches et du sable, dans les laminaires. Il est très curieux et viendra si vous vous y prenez correctement (voir la méthode de chasse sur l’agachon)

La coulée peut aussi être efficace si vous les voyez de la surface, il n’est pas trop peureux et se laissera suffisamment approcher. Dans les grandes mattes du large, je recommande de ne surtout pas plonger en dessous de quelques mètres, ils viendront d’eux même tranquillement vous voir, alors qu’ils seront nerveux au début. Les quotas vous limitant, recherchez la belle pièce dans le lot, toujours un peu plus bas, il faudra attendre et se couler vers elle doucement au milieu de la matte. A vous de faire valoir vos capacités pour les faire monter.

L’indienne donne aussi de bons résultats mais seulement dans des secteurs bien particuliers. L’indienne ne devrait servir qu’à chercher/trouver le bon endroit pour se placer à l’agachon. C'est bien sûr une généralité, certains endroits bien spécifiques seront exploitables au mieux à l'indienne, j'en ai déjà parlé.

La pêche du bar à trou, c’est la facilité. Mais si une pierre est pleine à craquer de plusieurs dizaines d’individus, ne tirez que de l’extérieur comme déjà dit. Vous conserverez cette pierre intacte ainsi. Si c’est juste un abri temporaire, cette pierre ne sera occupée que par un ou deux individus, toujours dans le recoin le plus noir, vous pouvez y aller.

Tirez toujours dans la tête les poissons, ce n’est pas difficile  et n’offre que des avantages, d’un vous n’effrayerez pas les autres  et la chair restera intacte. Saignez les en les piquant dans le crane avec votre couteau par les ouïes ou alors faites un ikejimé. La qualité de la chaire n’en sera que meilleure. L’ikéjimé consiste à enfiler un fil de fer ou un gros fil de nylon dans la colonne vertébrale par le front ou par la queue. Toutes les fibres de la chair vont se détendre.

Alors à quel moment de la marée faut-il chercher le bar ? Et bien ça dépend. Non je ne suis pas normand.

La marée montante est plus favorable en atlantique, les bars venant près du bord pour débusquer les petits crustacés de toutes sortes et les petits poissons. Ils arrivent ou du moins arrivaient par vague de plusieurs milliers ensembles. Je dirais mi marée pour la chasse dans les laminaires ou bordure. Et marée descendante pour les pierres d’où ils sortent avec la montante. Si vous trouvez des bars à trou à la montante dans quelques mètres d’eau,  c’est une pierre de passage, un peu comme les trous des mérous, il y a ceux de repos et ceux de chasse. Je connaissais même une pierre qui était à sec à marée basse et bien pourvue à marée haute uniquement.

En méditerranée, ce seront les courants qui influenceront le comportement des loups, qui bien sur peuvent aussi être engendrés par la marée. Un vent nouveau peut amener les loups et un vent établi au contraire les faire fuir, généralités bien sûr. La température aussi influence le comportement de nos amis labrax. Ils sont plus indolents avec l’eau froide ….mais nous aussi. Avec des eaux bien froides pour cause d’upwelling, le poisson ira dans de meilleures contrées. Le ponte des femelles est déclenchée au dixième de degrés près.

Lors d’un stage de formation pour chasseurs sous marin en Bretagne, organisé par Talarmin, nous étions 50 moniteurs pour 150 élèves. On me confie 3 confirmés qui veulent perfectionner les techniques pour le bar, ma réputation était déjà établie. Il y a mauvais temps, mer agitée, visi de 2 à 3m devant l'oeil, je choisis tout de même de partir(en bateau) aux tas de pois (pointe de bretagne). Titou lui part faire du plat dans la baie sur le sable tellement c’est remué. On chassera 4 heures à se faire secouer dans les tas de pois, pour terminer par faire la falaise, dans la mousse. Un bar suicidaire de 3kg se jettera sur ma flèche, ce sera le seul et unique pris de toute la journée sur 200 chasseurs, les 3 élèves m’ont vénéré ce jour là. La chasse dans la mousse peut aussi être une bonne méthode à marée montante. 

Pour vous donnez une indication, à la bonne époque faire 4 à 6 bars était une pêche normale, à dix, une jolie pêche et une pêche exceptionnelle avec 15/17 poissons, dont des gros. Ce serait bien mal vu maintenant, mais nous étions peu nombreux il y a trente à quarante ans à avoir les capacités et le poisson abondait, la notion de préserver la nature n’existait pas encore, le fait que ça pouvait s’amenuiser nous semblait totalement improbable. C’était pourtant la fin de la morue en terre d’Islande, ou de Terre-neuve, ça aurait du nous alerter? Cousteau et son équipe en était encore à tirer sur les cachalots à la balle dum-dum. Il n’est devenu écolo dans ses discours, que plus tard. Je ne cherche pas à minimiser mes responsabilités, j’explique simplement l’état d’esprit dans lequel nous évoluions.

 Tenez des cahiers à jours de chacune de vos sorties, même les brocouilles. Au bout de dix ans déjà, vous aurez une bonne perception de vos coins selon les conditions et au bout de quinze à vingt ans, vous pourrez établir un protocole de chasse avec tous les renseignements accumulés.  

La fiche signalétique :

Noms  Dicentrarchus labrax 

Autres noms communs français

"Bar commun" pour l'océan Atlantique, "Loup" pour la Méditerranée

Lubin (Nantes), Loubine (Vendée), Brigne (Arcachon), Llobarro (Catalogne), Lloubarrou (Roussillon), Loubassou (Nice)

Noms communs internationaux

Bass (GB), Spigola (I), Lubina (E), Meerbarsch (D), Robalo-legitimo (P), Zeebars (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Morone labrax (Linnaeus, 1758)

 

 

La bar moucheté est un peu l’ersatz du bar commun. Sa chair plus molle, est nettement moins recherchée, je n’en ai jamais vu à trou. Il vit en banc et nettement plus petit que son confrère, d’où son manque d’intérêt. J’en vois quasi jamais dans les CR actuels de nos amis forumeurs, aurait il disparu ?

 

 

Le mulet

Le poisson qui suit direct le bar, c’est le mulet.

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Il lui ressemble en partie, vit dans les mêmes milieux et on peut même le confondre au fond d’une pierre bien sombre. Un auteur célèbre disait : le poisson de qui nous vient tant de mal. En effet il devance souvent les bars dans les ragues ou à l’agachon ce qui fait que si on se précipite à le tirer, on regrette de voir arriver les bars ensuite une fois désarmé et si vous ne le tirez pas et bien, vous risquez aussi de ne pas tirer, surtout à vos débuts.

Ceci dit, il est largement aussi comestible que le bar une fois bien adulte, par ce que jeune, il vit en milieu saumâtre et prend un sérieux gout de vase et ceux qui sortent des marais pour partir en mer, restent quelques temps dans les vasières des ports et prennent en plus un gout de mazout qu’il affectionne ! D’ailleurs le mulet de marais est commercialisé sous le nom de mulet blanc (à fuir) et celui de pleine mer : mulet noir (appellation commerciale, je répète)

Les anciens marins, me racontaient que par mer plate, ils versaient un peu de mazout en mer et des bancs de mulets venaient trainer dans ces nappes. Ils les prenaient au filet pour servir d’appât dans les casiers, on appelle ça boetter les casiers. Il existait aussi des pêcheries à la cote, c’étaient des murets de pierres bâtis aux grandes marées basses, de 2 bons mètres de hauteur avec juste une écluse pour les vider. A marée haute, les poissons passaient principalement par-dessus le mur et se retrouvaient coincés à la descendante, dans ces pêcheries. Il y a bien longtemps que ça ne prend plus rien du tout, mais ils me racontaient qu’une fois ils ont sorti 5 tombereaux de mulets dans la pêcherie de Bourgenay sur mer, les marsouins les ayant poussés dedans. Je n’ai jamais vu un seul marsouin en 40 ans de chasse en Vendée, ils avaient déjà disparus du secteur à mes débuts de CMS.

Bref le mulet ou du moins les mulets pullulaient. Je ne vais pas m’étendre sur les différentes espèces, elles se valent. Un bon gros mulet est très bon.

Vous ne le ferez que rarement à la coulée, il est craintif de ce qui est au dessus, il est par contre très curieux et vient parfaitement à l’agachon. Il adore se faufiler d’une rague à l’autre, il ne reste que très rarement immobile dans les trous contrairement au bar. Souvent il y en a des dizaines dans les ragues et on cherche vainement le bar au milieu du troupeau qui défile.

 

Il est bien difficile de tuer un mulet net, même avec le couteau dans le crane il continue à gigoter fortement. Un moyen pas très esthétique  de l'achever c'est de lui retourner la tête en arrière et pour l'enfiler sur l'accroche poisson c'est par les yeux, sinon vous avez de bons risques de le perdre en enfilant l’accroche-poissons par les ouïes.

On peut le rencontrer dans 50cm d’eau à la montante. En méditerranée il affectionne les sorties d’égouts….Bon appétit. Le grand égout de Marseille était un véritable lieu de concentration du mulet, interdit à la pêche, on se demande bien pourquoi ?

On peut rencontrer en pleine mer des bancs immenses de mulets dorés (dorins), en pleine eau près de la surface en été

A Madagascar c’est le poisson le plus prisé, c'est le plus cher de tout le marché. Etrangement ce mulet cabot absolument identique au notre, atteint régulièrement des poids de 5kg et ne vit pour ainsi dire qu’en eau douce, jamais vu un seul en mer et un seul de vu en estuaire. Nono, mon équipier de CSM professionnel, le capture en rivière pendant l’hiver austral.

Le mulet traine aussi en estuaire, les roselières du pays Nantais étaient bien garnies de ces gros ventrus, les bracos les faisaient avec une lance munie d’un trident, le soir près de la surface.

La poutargue est un met aussi recherché que le caviar dans le midi. Ce sont les poches d’œufs (gonades) salées, puis laissées séchées en extérieur entre des rangées de briques pour les compresser un peu. Perso avec les œufs de poisson je fais en général des accras, il faut bien les relever.

Noms : Mulet à grosse tête  (Mugil cephalus | Linnaeus, 1758) 

 

Autres noms communs français

Cabot, caridou, meuil, muge, muge à grosse tête, muge cabot, muge céphale, mugo fangous, mujou, mulet, mulet-cabot, mulet jaune, mulet jeune, mulet voilé, testard, mujou testu, varidou (Provence), mujou pensard, carida (Nice), muzzari, mazzerdu, capocchiu (Corse), ramado, Yol négré (Languedoc), cremole (Antilles), poisson queue bleue (Nlle-Calédonie) et encore bien d'autres noms locaux ou régionaux

Noms communs internationaux

Flathead mullet, bright mullet, bully mullet, callifaver mullet, common grey mullet, flathead grey mullet, black mullet, grey mullet, haarder, hardgut mullet, mangrove mullet, mullet, river mullet, sea mullet, springer, striped mullet, black true mullet (GB), Baldigare, bolpina, capazzone, capocefalo, capozzo, capuozzo, cefalo mazzone, cefalo verace, cefalo vero, cefalu, ciavarini, cievolo, firzetta, gefalu, glissà, lissa, massun, mattarello, mazzone, mecia, meciatino, meciato, mesciarino, mugella, muggine, muggine caparello, mujelle, muletta, mulettu, musai , musao neigro, muza, muzao, muzzeru, muzzulu, ngefanu, pisciammano, siegolo, sievolo, testone, tistuni, tueppe, volpina, volpino, vopina, zievalo (I), Lisa, albur, bullûa, cabeçut, cabezudo, cachamba, capitán, capiton, cap pla, céfalo, galupe, iliça de cap gros, iliça sabada, ilissa lobarrera, lebranche, lisa cabezuda, lisa común, lisa pardete, lisa rayada, lissa amaria, liza cabezona, lizarra, llizza, machu, machuto, mugil, mugil común, mujol, ……

 

 

 

 Les sars  

Sar commun (diplodus sargus)

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la tache noire et les rayures s'estompent avec l'age

Lorsque je lisais les livres sur la chasse sous marine il y a quarante ans, écrits donc une dizaine d’années auparavant, les auteurs parlaient du sar comme poisson typique de la méditerranée avec quelques spécimens présents en pays basque. Ils sont maintenant partout présents sur la façade atlantique et commence à envahir le nord Bretagne à notre plus grand plaisir, on en a vu jusque dans le Cotentin. Tous les sars n’y sont pas encore, on commence seulement à faire quelques tambours en Vendée et pas encore de museau à pointu à ma connaissance, mais ça viendra. Et c’est tant mieux, d’abord par ce que le sar est un poisson extrêmement agréable à chasser et qu’en plus c’est un des meilleurs à manger, de mon point de vue. Lorsqu’ils sont arrivés en Vendée, il n’y a eu que les veirades pendant quelques années, pas tirables les plus gros ne dépassant pas les 500gr, puis d’un seul coup les sars communs sont arrivés et chaque année de plus en plus nombreux et de plus en plus gros.

Le sar est surtout présent près des moulières dont il se nourrit, mais étrangement je n’en ai jamais vu dans les bouchots. On le fait de différentes façons, mais la meilleure, c’est incontestablement l’agachon. L’agachon en bas des moulières au début des laminaires à marée descendante et en haut à marée haute jusque dans la mousse des falaises/rochers. Vous pouvez le surprendre à l’indienne, mais vous n’en ferez qu’un seul, le troupeau s’évanouissant de suite, il faudra recommencer. Si vous voulez en faire quelques uns, la technique consiste d’abord à repérer un troupeau en train de se nourrir. On fait immédiatement demi tour sans tirer, on repart en arrière d’une dizaine de mètres, on se prépare bien en surface et on descend pour trouver un post d’agachon positionné juste avant leur gagnage (lieu de nourrissage). On agachonne sans les voir au détour d’une roche, c’est eux qui viendront vous voir, souvent un par un ou seulement quelques uns à la fois. Vous tirez le premier qui se présente, et dès le poisson fléché, on attrape le fil pour le ramener à soi et on fait de nouveau demi- tour au fond pour ne ressortir à nouveau que 10 mètres plus loin. Vous achevez tranquillement votre poisson et vous recommencez. Bien exécuté c’est d’une redoutable efficacité, je vous ai déjà passé la photo de cette chasse exceptionnelle en Vendée. 

On peut faire de très gros sars à la période de reproduction, mai/juin , ils sont généralement à tourner au dessus d’une pierre assez ouverte, dans les laminaires, souvent des mastards de 2kg et plus mais peu nombreux, ils deviennent alors gris foncé. Dans ce cas c’est agachon, ils ne se mettent pas à trou à ce moment là, mais tout près.

 Mon plus gros sar en diplodus sargus, le fut à Brest lors d’une compétition : 2.340kg à trou(c’était hors période de reproduction), record qui tiendra 10 ans. Il y a bien plus gros maintenant, le record en compétition dans les 2.8kg il me semble et Maigrat nous a signalé 1 sar de 3.5kg en tant que professionnel.

En effet il se prend fort bien à trou, et ainsi principalement en méditerranée, mais nettement moins gros. J’ai tout de même sorti en bordure des calanques un sar de 1.850kg, Titou était assez ébahi de cette pièce, j’ai mis 20 minutes pour le tirer dans une rague impossible, c’est d’ailleurs Titou qui l’avait repéré mais n’y arrivait pas avec son 90 et comme j’étais au 75…. Le 75 est l’arme parfaite à trou, même le 60. En atlantique il affectionne les pierres bien profondes, le plus noir possible, il peut y en avoir 30 ou 40 de belles tailles dans une même pierre, mais attention, si vous ne les tuez pas net dans la tête, les oiseaux s’envoleront de suite. On peut mettre un fusil devant chaque entrée pour leur faire peur et qu’ils restent bien planqués. Ils se tiennent bien avec les bars à trou, que des jolis à trou pas de tout petits, pareil pour les bars d'ailleurs, du moins en atlantique.

Le tambour vit principalement en couple, les rares que j’ai pu tirer l’étaient ainsi. Il devient bien plus gros que le sar commun. Eric Vincent en a sorti un de 5.4kg!

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Le museau pointu, je ne connais pas, donc je n’en parlerais pas

 Le sar à tête noire ou veirade peut atteindre et dépasser le kilo, mais c’est assez rare à cette taille . Eric en avait fait un bâtardé de sar commun, bien gros il y a quelques années, ou du moins les deux taches noires n’étaient pas nettes, tranchées de mémoire. Il est assez peu chassé vu sa petite taille, sauf par les débutants ou sinon justement lorsqu’il atteint une jolie taille.

 Les autres variétés n’offrent pas d’intérêt, trop rares ou trop petits.

Il n'est pas classé espèce en danger, pour l'instant, il est même plutôt abondant.

Ma recette préférée du sar : On l’écaille, lui bourre le ventre avec des feuilles de fenouil, un oignon en tranche en dessous et un bon morceau de beurre au dessus, salé et poivré à l’intérieur. Le tout en papillotte au four, papier sulfurisé, 15 à 25mn de cuisson selon la grosseur, à four moyen.

J’ai tendance à mettre cette recette à divers poissons, bars et balistes également 

Autres noms communs français

Noms communs

Sargue (de Rondelet), sar commun

 internationaux

White seabream (GB), Saraco, sarago maggiore, sargo rigato (I), Sargo, asparall (E), Sarg (Catalan), Bindenbrasse, Geißbrasse (D), Zilveren zeebrasem (NL), Sargo-legítimo-do-Mediterrâneo (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sparus sargus Linnaeus, 1758
Diplodus sargus sargus (Linnaeus, 1758)
Sparus cinctus Walbaum, 1792
Sparus varatulus Rafinesque, 1810
Sargus rondeletii Valenciennes, 18300
Diplodus rondeletii Valenciennes in Cuvier & Valenciennes, 1830
Sargus vetula Valenciennes, 1830

 

 

La daurade Royale (sparus aurata)

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Une barre d’or reconnaissable entre les yeux 

Je serais assez succinct à son sujet pour le simple fait que c’était un poisson quasi absent de Vendée, ce qui n’est plus le cas maintenant, les chasseurs en font régulièrement quelques spécimens. Et donc j’ai du tirer plus de maigres que de daurades royales. Je rappelle,  AU pour daurade royale, AU étant le symbole de l’or, et O pour les autres dorades, dénominations commerciales. Elle s’élève maintenant en grandes quantités.

La seule fois où j’en ai sorti 3 de suite, c’est au lever du jour sur le sable dans un coin à maigres, dans la pénombre du soleil levant, je n’aurai pas dû car les maigres sont très souvent accompagnés des daurades, ou l’inverse, allez savoir.

Bref ce n’est pas ma spécialité, mais j’ai tout de même quelques notions et quelques prises à mon actif. Elle est nettement plus présente en Bretagne et Maigrat qui sévit dans le 17 et le 33 nous dit que son stock est en forte régression dans son secteur. Elle est bien sûr présente partout en Méditerranée, suffit de regarder les ceintures de certains chasseurs pour s’en convaincre.

Je ne sais si quelqu’un en a fait une à la coulée, ça ne doit pas être courant vu sa couardise, elle est faisable à l’agachon avec un très bon post et exécuté dans les règles de l’art, c’est même la meilleure méthode. Aussi craintive et difficile dehors que facile et même idiote à trou. Plusieurs auteurs racontent avoir vidé une pierre en les prenant à la main, c’est dire si une fois entrée, il n’y a guère de difficultés, elle ne bouge plus, terrifiée, persuadée que rien ne peut plus leur arriver.

 La première que j’ai faite, c’était presque une indienne : à l’agachon dans 7/8m d’eau, j’en vois une grosse passer derrière une roche de quelques mètres de long devant moi.  Je me suis précipité au bout de la roche et au moment précis où je me posais pour refaire l’agachon elle a pointé son nez, une jolie bête de 3.5kg.

Elle ne se croise pas en pleine eau, mais on peut aussi la rencontrer sur le sable, des petites, toujours près du fond.

Sa nourriture de base, ce sont les coquillages moules, balanes, patelles, les crustacés crabes et crevettes. C’est donc dans ce biotope que vous la trouverez le plus aisément.

Elle peut atteindre de belles dimensions, le fishbase parle de 17.2kg pour 70cm….La plus grosse que j’ai vu en photo c’était de l’ordre de 10kg. Elle est enregistrée en record du monde en CSM à 6.9kg, vous avez tout le loisir de le faire tomber ce record.

Etant un poisson protandre (mâle d’abord, puis femelle) toutes les grosses au dessus du kilo seront donc des femelles. Que les âmes sensibles se contentent des mâles et laissent les belles auratas aux autres sanguinaires !

 

Nous avons une daurade royale sous les tropiques ou un denti, difficile à dire,. La tache entre les yeux est argentée au lieu d’être dorée.

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Le denti  (dentex dentex)

Je ne connais pas ce poisson typiquement méditerranéen, je laisse donc la place à Ouzio.

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Le dentex dentex est un poisson assez curieux pour venir vous voir et assez méfiant pour se tenir hors de portée de tir.

Les plus belles chasses se font en période de reproduction de fin avril à fin juin (en Catalogne nord). Pour optimiser les chances de tirs, on préconise l'agachon super caché, mais on obtient aussi d’excellents résultats à découvert sur du lisse a condition toutefois de ne pas être trop face a eux, fusil dans l'axe du corps mais corps parallèle a eux et fusils dans leur direction.

Les gros dentis ont une bosse sur le front, magnifique poisson a l'œil sévère et aux canines proéminentes, c'est l'une des plus belle prise de Méditerranée. 

Puissants et combatifs leur démarrage est rapide pour se frotter contre la roche, bloquer le fil et tenter de se décrocher.

Si un denti viens vers vous de face avec une nage ondulante il viendra certainement jusqu’à la pointe du fusil, généralement ils ont cette attitude quant ils ont le ventre plein.

 

 

La dorade grise  (Spondyliosoma cantharus)

Aussi appelée canthare, griset ou brême de mer.

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Fréquente mais souvent bien petite, elle est dans les parents pauvres de la famille des sparidés. Son surnom de brême de mer traduit bien son coté pourvue en arêtes….. Les pêcheurs à la ligne peuvent en sortir une centaine en quelques heures sur fond de sable entre 20 et 30m, mais rarement plus grosse que la main.

Elle est toujours sur le sable où à proximité, en bande de quelques individus à plusieurs centaines. Les petites d’abord, les plus grosses ensuite. C’est autant une brouteuse qu’une  carnivore ce qui doit lui donner ce gout assez bizarre.

Le fishbase nous dit que son poids max est de 1.2kg mais j’ai souvenir d’une compétition sur l’ile de ré où plusieurs individus de 1.2 à 1.4kg avaient été capturés, donc oui elle peut être plus grosse.

Les jeunes ont des lignes jaune doré.

C’est encore un poisson de complément pour la soupe de poisson, pas d’intérêt à la chasse, pas d’intérêt à tirer, pas d’intérêt à manger. Je préfère encore la vieille, au moins il y a de la maille !

Se tire avec n'importe quel fusil selon la visibilité. 

 

 


Les vieilles  (labrus bergylta)

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Les deux variétés de vieilles d’atlantique, les plus rencontrées

 

J’entends sous ce vocable, toutes les espèces de vieilles dans les labridés car les vieilles en appellation espagnole, ce sont d’autres poissons.

Un recensement avait été fait il y a quelques temps et il en était ressorti que les plus grosses sont bien les rouges, pouvant atteindre plus de 4kg les autres ayant du mal à dépasser les deux kilos, pourtant elles sont de la même espèce/famille. Elle est d’abord femelle puis peut devenir mâle selon les circonstances. S’il vous plait, ne tirez pas les moins d’un kilo en atlantique, il lui faut un minimum de 6 ans pour commencer à se reproduire. Elle est suffisamment abondante pour s’en tenir à cette maille, vu qu’il n’y a pas tant de chair/filet, que ça sur une vieille.

C’est le poisson typique du débutant, tout simplement par ce que c’est le plus abondant et qu’il n’est pas particulièrement farouche.

Elles se nourrissent aussi de petites  moules et de petits crustacés, donc on les trouve à proximité des moulières, mais pour les grosses bertas (bergylta) il faut des laminaires, ça lui est indispensable, donc moulières et laminaires pour les grosses.

C’est un poisson facile, on peut la faire avec toutes les techniques et même sans technique du tout. Vu la pression de chasse, elle peut commencer à se trouver méfiante sur certains secteurs. J’ai pourtant souvenir de compétitions à Belle ile ou encore au phare de Gatteville où la quantité sortie approchait la tonne, les 4/5 premiers en attrapaient entre 30 et 40 avec une maille limite basse à 1kg…... Après renseignement, un mois après une telle compétition, les vieilles avaient repris possession des lieus. Même après plusieurs années de compétitions de suite : vieille d’or, championnat de France sur le même site, elles reviennent inéluctablement.

 Capturer 4 ou 5 vieilles est à la portée de n’importe qui, mais en faire 30 à 40 c’est autre chose, de toute façon, les compétitions en France sont à l’arrêt, celles sur le principe de la CMAS où la quantité prévalait sur la qualité.

Lorsque vous serez bien aguerri, vous ignorerez les vielles, sauf une envie pressante de poisson à la tahitienne ou pour sauver d’une brocouille. La chair plutôt mollassonne n’est pas des meilleures. Un mulet noir est nettement un cran au dessus et un lieu jaune frit, sans comparaison.  Elle donne de la consistance dans une bouillabaisse.

La profondeur va aller de 2 à 18m pour sa capture, elle se tient volontiers devant les grandes failles à la base des moulières. Étrangement, elle peut déserter certains secteurs alors qu’elle pullule un peu plus loin.

Le fusil : un 75 est largement suffisant, un 90 ira aussi si vous chassez avec, mais vu que l’on tire bien près vous risquez d’abimer vos flèches. Sa chair ne tient pas terrible mais la peau est bien dure, ce qui fait que la flèche tient bien le poisson, inutile de tirer dans le ventre pour me prouver le contraire ! 

 

Latin : labrus bergylta

Autres noms communs français  

Vieille, vieille commune (général) ou vras, Roucaou noir, rouquié, lucrèce, lasagne (Provence), Groarc'h (Finistère), Demoiselle, corlazo (Groix, Lorient), Vras (Cancale), Vrac (Granville), Crahotte, moulard (St Brieuc), Nade (Vendée, Noirmoutier), Matiote (Arcachon), Mutchurdina, tenka, durdoa, aihena (Pays Basque)

Noms communs internationaux

Ballan wrasse (GB), Gefleckter lippfisch (G), Geflekte lipvis (NL), Berggylt (Dan, N), Berggylta (S), Viherhuulikala (Fin), Vaquete, maragota (E), Margota, budiao (P), Laszi (I), Chilou papagallos (G), Kniazik (Pol)

Synonymes du nom scientifique actuel

Crenilabrus multidentatus
Labrus variabilis
Labrus reticulus
Labrus maculatus
Labrus afer
Labrus donovani
Labrus nubilus
Labrus combe

 

Vieilles coté méditerranée :(texte de Kees Baloo)

Petites précisions de méditerranées. Parce que là j'en ai fait quelques uns.
Ici, pas de bergylta, ou très peu.
Les gros labres sont principalement le labre merle labrus merula et le labre vert labrus viridis.
Certains tirent les gros crénilabres-paon mâles, mais l'expérience gustative qu'il procure fait que le débutant ne le tire en général qu'une fois (goût bof et plein d'arêtes)
Le merle a un profil similaire à la vieille atlantique, sa robe, principalement verte, va du jaune "caca d'oie" au marron en passant par le vert émeraude et le bleu nuit. Son signe distinctif immanquable, c'est un liseré bleu sur la nageoire anale, caudale et dorsale.                                                                                                                           Le labre vert a une robe ressemblant à celle de la vieille, mais un profil plus allongé. Bien qu'il puisse atteindre la même taille que le merle, ceux que j'ai pu croiser sont généralement plus petits. Peut-être se déplace-t-il vers les profondeurs en grandissant.

Pour ces deux espèces, on les retrouvera principalement dans les mosaïques de roches et posidonies. Même s'il est très possible de les croiser dans une zone de blocs ou au milieu d'un herbier. Leur couleur peut d'ailleurs varier en fonction de l'habitat.

Pour leur chasse, ça m'a l'air similaire à la vieille.
A l'agachon : Vous la repérez de la surface, canard et on se pose bien à plat 15 mètres devant et face au poisson. Même sans "grosse" technique, s'il n'a pas été effrayé avant que vous ne vous posiez, le labre viendra à 1m de la flèche 9 fois sur 10. Question de patience.

A trou : Un labre apeuré dans un trou ? Attendez à côté du trou, il viendra immanquablement vérifier si vous êtes toujours là. Il sortira juste la tête, et là tchac, vous étiez prêt. A noter qu'il sortira la tête régulièrement et souvent de la même manière. Tant que le tir n'a pas été lâché, il se croira à l'abri. Vérifiez quand même qu'il ne sorte pas par une autre issue.

A l'indienne : Si vous n'avez pas un comportement menaçant, le poisson se comportera presque comme si vous n'existiez pas. Y a plus qu'à s'approcher assez pour un tir ou enchaîner avec un petit agachon.

A la poursuite : Un labre effrayé ou blessé n'est pas forcément un labre perdu. Ces poissons ne sont pas très rapides et ont une endurance pourrie... Il m'est arrivé de poursuivre des labres pendant plusieurs minutes et de les prendre tout de même. C'est assez amusant même si un peu cruel (devrais-je en parler ici ?).
Les labres ont confiance en leur camouflage et leur capacité à se cacher, ils vont rapidement aller se mettre à trou (cf. labre à trou) ou se cacher dans une matte ou un herbier.
Ils sont capables de se rendre invisibles dans l'herbier, mais sont toujours là car ne voulant pas s'exposer. Quelques passages entre les posidonies avec le harpon (ou carrément les bras) et il ressortira immanquablement de l'autre côté. Le tout est de surveiller sa sortie.
Bien entendu, vu la panique générée, mieux vaut changer de spot une fois la poursuite terminée.

 

 

 

 

 Le maigre  

Avec lui, on entre dans le mythique voire le mystique, la quête du Graal de la cote atlantique. Il empêche de dormir bien des chasseurs. Son cantonnement réel est assez réduit, du pays basque jusqu’au Morbihan et principalement  entre le 33 et le 44. Il est  plus commun dans ces quartiers depuis 15/20 ans, avec de bonnes années et des récessions, les mauvaises. Selon le fishbase, il serait présent dans toute la méditerranée et de l’Angleterre jusqu’en Angola….Olivier en rencontre de grands bancs dans le sud espagnol et il est  commun sur la cote marocaine  jusqu’à la célèbre lagune de Dakhla.

Ce poisson d’une grande beauté ressemble à un gros bar, mais alors un gros ! D’ailleurs un de ses noms c’est aigle-bar. Les plus gros sortis en CSM sont dans les  55kg en France, le fishbase rapporte un poisson de 103 kg. Le record du monde en CMS enregistré est de 38.2kg, chaque année il s’en sort de plus gros sur nos cotes…..suffit de les enregistrer.

Il est d’un bronze métallique avec de beaux points jaunes sur la ligne latérale lorsqu’il sort de l’eau. Sur le pont du bateau, pendant quelques minutes vous assisterez à un magnifique spectacle d’irisation métallique sur son corps, ensuite il perd de sa superbe et devient plus terne. Dans l’eau trouble où on le pourchasse, c’est parfois ces points jaunes qui le trahissent, on ne voit que cette ligne  passer, à 1.50m devant la pointe.

Il s’en prend de grandes quantités au chalut sur le sable, souvent d’immenses bancs de juvéniles de 1 à 2kg. Son prix est alors bradé en poissonnerie, alors que c’est excellent avec son petit gout de noisette mais méconnu du public. Une seule fois je suis tombé sur un grand banc de juvéniles de 4kg.

Hélas pour vous, je ne vais pas vous révéler les trucs pour le prendre, mais tout de même vous dévoiler  ce qu’il ne faut pas faire, juste je vous donnerez quelques bases. Pourquoi ? D’abord par ce que c’est un poisson qui se mérite. Il n’est pas si courant et les coins de ses rencontres seraient vite surpeuplés de chasseurs. J’ai connu un chasseur breton qui faisait ses 500km pour venir les bons WE de météo favorable et passait des heures au même endroit à attendre son passage, il arrivait à en faire un à deux par an avec un seul post mais beaucoup de persévérance.

L’arme est importante surtout sa préparation est primordiale si vous ne voulez pas perdre vos premiers comme moi, mais à mon époque, personne pour vous dire ce qu’il ne fallait pas faire et aussi flèches et fils n’étaient pas de bonnes factures. Vous n’aurez aucune excuse si vous en perdez un de nos jours!!!

Comme c’est souvent dans l’eau sale que vous le rencontrerez, pas besoin de 36 sandows, d’invert de la mort qui tue. Tous ceux que j’ai sorti c’était au 75, sandow de 20mm et flèche de 6.5mm à ergots (encoches transformées en ergots par soudures). De nos jours je prendrais un roller en 65cm qui reste maniable mais suffisamment puissant pour traverser les pièces de 50kg avec une flèche de 7mm ou 6.75mm à ergots bien sur, sinon risque de casse à l’encoche.. Avec un moulinet de 30m, c’est largement assez, toujours pour les gros spécimens et surtout un dyneema de 2mm de bonne facture, type RA ou Riffe. J’en ai perdu deux par rupture du fil, nylon tressé à l’époque, les kevlars n’existaient pas encore dans le commerce et le dyneema encore moins. Ainsi paré, flèche à ergots, plus dyneema, plus bonne puissance sur petit fusil, yapluka !

Comme déjà dit, la très grande majorité des rencontres se fera dans une visibilité réduite, mais il peut arriver que le maigre vienne dans de l’eau très claire, toujours sur les mêmes secteurs, leurs postes étant toujours les mêmes, d’une année ou décennie sur l’autre, passages immuables. Il vient facilement, juste un bon agachon. La rencontre à l’indienne est source de fuite, il a horreur d’être surpris. Parfois à la descente, vous arrivez dans le banc sans les voir, mais alors vous entendez les coups de queue, fuite du troupeau .Dans ce cas, il peut revenir à l’agachon ….ou pas ! J’ai même réussi à en faire poser un  sur le sable(avec de l’eau bien claire) dans une faille très large, de peur, il n’a plus bougé et attendu la flèche fatidique, mais ça relève plutôt des exceptions. A 95% du temps, vous le ferez à l’agachon, il viendra frôler votre flèche, vous avez le temps de bien le sécher net et de le remonter dans la foulée, si ce n’est pas le cas c’est par ce que votre fusil n’est pas adapté, trop grand et donc pas assez maniable. Je n’ai jamais réussi à en faire deux dans le même troupeau, un ami y est parvenu, comme quoi, rien d’impossible.

Une fois tiré, s’il est blessé, il va grogner, bruit sonore de vessie natatoire, surement pour alerter ses congénères.

C’est puissant, un vrai tracteur, mais jusqu’à 20kg vous le remonterez même sans moulinet, ce qui fut mon cas à pas mal de reprises, tous sortis sans moulinet, un seul de perdu qui m’a arraché le fusil des mains, pas réellement vu, juste une ombre, donc je ne peux dire sa taille mais très gros. C’est d’ailleurs l’un des très rares fusils que j’ai perdu en 50 ans de chasse sous marine.

Donc, vu que de très gros maigres viennent maintenant assez régulièrement, je recommande sérieusement le moulinet, ceux-ci ayant bien évolué, prenez en un qui ne fasse jamais de perruques et dont le frein ne se serre ni se desserre tout seul.

J’ai même réussi à en capturer un (argyromus japonicus) à Madagascar, la seule et unique différence ce sont les points de la ligne latérale qui sont violets au lieu d’être jaunes. C’est le seul vu à ce jour sur l’ile rouge. Il en existe de toutes sortes sur tous les continents sauf peut être l’antarctique, il est très souvent appelé courbine ou corvina .

Le Japonicus à gauche et l'européen à droite, celui de Titou faisait tout de même 7kg

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Le maigre se nourri de poissons qu’il pourchasse et surement de calamars et seiches comme tous les carnivores. Il affectionnerait le mulet. Pourtant ce n’est pas un nerveux, moins que le bar. Il ne se loge jamais à trou. Il peut monter en pleine eau, une fois sur un spot à bars et sars dans un courant assez fort, j’en ai croisé un dans ma descente en pleine eau, ce fut fatal pour lui, mais cela aussi relève de l’exceptionnel, la rencontre en pleine eau.

Sur le plateau du four, plusieurs fois des bancs de très gros ont été  croisés et filmés en pleine eau, sur le bord d’un tombant, donc peut être à certains endroits fort spécifiques, mais la généralité des rencontres se fera au fond.

Ce poisson a toujours soulevé des passions, Cuvier lui a consacré 25 pages dans son histoire naturelle.

Question gout c’est excellent, même les gros jusque trente kilo, au dessus je n’ai pas gouté. Il grossi extrêmement vite, et peut atteindre 1kg dès la première année. D’ailleurs il est élevé un peu partout sur la planète.

Pensez à prélever les otolithes situés à la base du crane, ça restera un joli souvenir, certains ont été taillés en camées ou pendentifs, madame appréciera mieux vos sorties longues de chasse sous marine par la suite.

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Noms

Autres noms communs français

Grogneur, poisson tambour, sciène, poisson royal, aigle-bar, nègre, haut-bar, faux bar (Manche) ; courbine, maigreaux, maigrot, maigras, tchouse, antesa, mérua (Atlantique) ; peis rei, daines, figoun, lombrino, roujeto, figon (Méditerranée)

Noms communs internationaux

Meagre, croaker, drum, giant seabass, shadefish, sea-sheep (GB), Bocca d’oro, corbo, laccia, figo (I), Perca regia, coroma, corvina, corbo, reix, escurvall (E), Adlerfisch, Umberfisch (D), Ombervis (NL), Corvina, borregata (P), Kotkakala (FI), Baulfiskur (IS), Hausgös (SV), Grb, sjenka (croate), Amja (albanais), Gurbell mar (maltais), Mayáticos aetós, skieina, lithocefalos (grec), Sariagiz, granyoz (turc), Garab (libanais), Coot, lout (égyptien), Salamun (tunisien), Mosa kahla (marocain), Bëer (wolof), Sekhebi (Mauritanie)

 

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 opus 5, les poissons

Le lieu jaune 

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Ce joli poisson d’Atlantique préfère les eaux fraiches, et donc on le rencontre plus gros et plus nombreux au fur et à mesure que l’on monte vers le nord, et même très abondant en Angleterre.

Petit il affectionne les laminaires, un peu plus grand, il se tient juste  au dessus des laminaires en bandes. Un poil au dessus, dans les 25/30cm, il commence à se tenir en pleine eau en bancs de quelques dizaines d’individus et plus gros, lorsqu’il approche et dépasse le kilo ils sont en petits comités restreints voire solitaires pour les bien gros. Plus il grossit, plus il affectionne également le courant où il peut chasser ses proies, puisque c’est un prédateur au même titre que le bar. Il ne se met jamais à trou, mais adore tourner au dessus des épaves.

Il commence à nous intéresser au dessus des trente cm car il atteint alors une maille suffisante pour être tiré, et….savouré, c’est ce qui cause sa perte.

L’agachon est la technique typique du lieu jaune, vous n’en ferez jamais à trou, difficile à l’indienne puisqu'il se tient en pleine eau, et à la coulée il est assez craintif, sauf justement au dessus des épaves un peu profondes, en pratiquant en feuille morte. Mais bien positionné à l'agachon, sans remuer ni faire de bruit intempestif, vous avez toutes les chances d’en tirer un, deux si vous êtes bon et plusieurs si vous vous y prenez parfaitement.

Deux anecdotes à son sujet. La première lors d’une compétition à Douarnenez.

 Nous partons à la palme du bord pour rejoindre une roche assez éloignée, 1.5km environ. Mauvais palmeur je ralentis mon équipier et lorsque nous arrivons sur la zone, il y a déjà 4 planches avec 2 ou 3 vieilles déjà suspendues à l’accroche poissons de chacune. On réussi tout de même à en faire 2 justes valables, lorsque tout le monde quitte cette roche isolée où seuls des labres juvéniles trainent encore. Ayant basé notre stratégie de chasse sur cette roche, on insiste. J’essaye de descendre un peu plus bas pour agachonner, vu que le fond est à 25m, je me contente d’une marche sur le tombant, sous les laminaires vers les 17m. Un gros banc de lieus vient me voir, la maille du poisson blanc est à 500gr, il ne faut tirer que les plus gros. Je finirais par en faire près d’une dizaine de valables, mon équipier ne pouvant agachonner à cette profondeur, puis la marée descendante et mes tirs répétés feront fuir ce gros banc de lieus jaunes. Quelques poissons glanés de droite et de gauche nous vaudront au final, la seconde marche du podium. Le premier gagnera avec deux vieilles et 21 dorades grises valables sur 22, prisent sur le sable à 21m de fond à l’agachon. Chapeau !

La seconde anecdote se situe à Saint Guénolé, endroit où se situe la roche du préfet. Juste devant, un sec affleure la surface et à marée haute, lorsque la houle ne sévit pas (c’est hyper dangereux, la famille du préfet y est passée), on peut agachonner sur le haut du sec, dans 1.50m d’eau. Je suis en position, bien accroché avec plus de dix mètres de visibilité lorsque je sens une présence sur ma gauche. Je ne bouge pas d’un mm, j’ai le bras légèrement tendu vers l’avant. Je vois arriver doucement mais alors très doucement, juste poussé par le courant, un superbe lieu jaune. J’attends patiemment qu’il passe devant mon fusil, instinctivement je sens qu’au moindre geste il va gicler et lui sent ma présence mais ne me voit pas. La flèche le prend derrière l’œil et tient bien. Il ne pouvait me voir, son  œil droit atteint de kérato-conjonctivite le rendait borgne. Il faisait 5kg vidé. Il faut bien que la chance aide quelquefois le chasseur.

 De très gros 7/8kg trainent sur les pointes de Bretagne dans les courants violents. Ils sont réservés aux chasseurs expérimentés vu les conditions périlleuses de ses secteurs.

Il faut un fusil bien maniable dans le courant et un long ardillon afin qu’il ne se déchire pas, sa chair et sa peau étant fragiles. C’est peut être le seul cas où je chasserais avec un double ardillon. Il se perd facilement si vous le tirez sous la ligne latérale car non seulement il est fragile mais se débat farouchement. Le 90 ou 100 me semble idéal pour ce poisson.

Selon le fisbase, il pourrait atteindre 18kg ! Il doit y avoir bien longtemps que ces monstres ont disparu de la planète tel les morues de 80kg.

Le record du monde enregistré est de 5,5kg, c’est tout de même bien faisable de le rétamer ce record.

C’est un poisson excellent, mais qu’il faut le manger de suite, ne surtout pas le faire rassir au frigo. Frit doucement à la poêle et au beurre, on ne peut plus simple pour se régaler. Il faut gratter un peu les écailles avec un couteau et on le fait cuire avec la peau. 

Le lieu jaune est en voie de forte régression, surpêché, et bien chassé avec les quotas de bars qui poussent les CSM vers sa capture, ses effectifs diminuent sévèrement en France, il reste abondant chez nos soit disant amis grands bretons, bien plus respectueux de leur ressource. 

Les noms communs du Doris me semblent bizarres, en effet les noms de colin et merlu étant normalement réservé au lieu noir et à la merluche.

Noms 

Autres noms communs français

Colin, merlu, moruette, merluche blanche (Normandie, Picardie), léonek, lebourc'h, officier (Bretagne), ane petit (île d'Yeu), abadira (Pays Basque)

Noms communs internationaux

Pollack, lythe (GB), Abadejo (E), Lyur (R), Lubbe (DK), Merluzzo giallo (I), Witte koolvis (NL), Bacalhau (P), Bleka, lyrtorsk (S), Grazniak, rdzawiec (Pol)

Synonymes du nom scientifique actuel

Gadus pollachius
Merlangus pollachius
 

 

J’ai capturé un jour un lieu jaune, qui était noir, mais ce n’était pas un lieu noir, bien un jaune atteint peut être de mélanisme. La ligne latérale est en S pour le jaune et droite pour le noir.

Le lieu noir, son proche cousin est nettement plus rare que le jaune  en CSM, car il se tient au large en profondeur. Je n’ai eu  l’occasion d’en faire qu’un seul d’à peine le kilo en pleine eau, seul isolé un peu au large de l’ile d’Yeu. Aucun intérêt pour ce poisson dont la chaire n’offre pas grande saveur, elle a juste l’avantage d’être la moins chère du marché. Il est souvent vendu surgelé, coupé en carré avec de la sciure dessus comme disait Coluche.

 

Pour aller avec le lieu jaune:

Les gadidés 

 

La famille des gadidés est bien fournie, en dehors du lieu noir, ce sont de bons poissons recherchés pour justement leur qualité culinaire

La morue, plutôt rare depuis sa quasi extinction, elle revient doucement en Manche et Bretagne Nord. Le plus difficile c’est de la rencontrer, après il suffit d’appuyer sur la queue de détente de votre arbalète. Poisson de pleine eau sur fond de sable de préférence, ainsi que les laminaires.

Les méditerranéens ont la mostelle, qui a l’inverse du lieu jaune ne se tient pour ainsi dire qu’à trou. Une fois repérée, elle est morte car elle ne bouge plus ou si peu.

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Le merlu n’est pas pour nous, hors de notre portée, dommage car il est vraiment excellent en darnes par exemple. Les marseillais l’appellent merlan, ce qui n’a strictement rien à voir en Atlantique, un autre Gadidé de fond également. Les autres variétés de gadidés genre aiglefin, merlan sont  aussi fort peu rencontré par le chasseur car des poissons de sable et du large. 

 

Le gadidé à notre portée et surtout du débutant c’est le tacaud. Souvent méprisé par ce que fort mal traité. Croyez-moi un tacaud frais et frit au beurre avec un jus de citron, c’est du top niveau. La plupart du temps il a une sale gueule sur les étals, peu appétissant et même repoussant. Pourquoi ? Tout simplement par ce que ce petit gadidé doit être impérativement mangé au sortir de l’eau. Pêché à 16h, mangé à 20H. Le lendemain midi, il est déjà en voie de dégradation, sa chair devient transparente et flasque. Il faut d’abord le vider aussitôt capturé. On le trouve dans et devant les trous, les ragues, à la limite du sable/vase. Dans 4 à 25m de profondeur, très souvent en association avec le homard et les congres. Il y a souvent 100 à 200 individus sur ces spots, le plus dur c’est de sélectionner des poissons de plus de 200gr. Il affectionne aussi les épaves. Il n’a vraiment pas peur, même en vous y prenant mal, vous devriez arriver à en faire 3 ou 4. Comme tous les gadidés, sa chair est fragile et il se déchire facilement. Un ragueur de 50cm est largement suffisant pour le capturer et ne pas abimer sa flèche. C’est aussi un sauve brocouille de première. Je le trouve sympa ce petit poisson.

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Le congre 

Aie, aie.

Poisson indolent que tout débutant débusque facilement à l’entrée des trous sur le sable en priorité, parfois à faible, très faible profondeur.

C’est un poisson  réellement dégueux à tirer, d’abord par ce qu’il est recouvert de mucus qui colle à votre combinaison comme une teigne sur un pull over, et je ne parle pas de l’odeur… mais de plus pour le tuer net, ce n’est pas facile. Il faut placer sa flèche bien au milieu du crane, juste derrière les yeux. Trois fois sur quatre, il va se bloquer dans son trou en prenant appuis avec le reste de son corps pour reculer. Les ennuis commencent! S’il fait quelques kilos, pas de soucis, mais s’il fait quinze à vingt kilos, il n’y a qu’une solution, c’est le « à toi, à moi ». Vous mettez une palme de chaque coté du trou, vous attrapez la flèche à pleines mains, ensuite  vous priez le seigneur de n’avoir pas acheté une flèche chinoise, puis vous tirez de toutes vos forces. Ça va venir et repartir s’il n’est pas sonné, d’où le « à toi, à moi » et lorsque ça commence à sortir vous l’éjectez au dessus  votre épaule. Là il y a danger, il va la plupart du temps se mettre à rouler sur lui-même à grande vitesse. Vérifier bien avant de commencer, de ne pas être entortillé quelque part avec la ficelle et laissez le faire, de toute façon vous ne pourrez pas l’en empêcher. Les ennuis ne sont pas finis, il va s’entortiller sur votre flèche et la plier si elle n’est pas acier ressort. Puis il faut l’achever au couteau, c’est là  qu’il va pourrir votre combi ainsi que lors du vidage des boyaux (on pourrait parler de vidange...) indispensable à faire en pleine mer, sinon c’est le bateau qui sera pourri. Vous pourrez frotter votre splendide combinaison devenue parfaite en camouflage, avec du sable sec sur la plage pour enlever le mucus. Sinon, c’est votre femme qui va vous agonir d’insultes au retour.

Vous pouvez couper la queue depuis l’anus et la laisser aux crabes et crevettes, c’est bourré d’arêtes. Ce n’est vraiment terrible à manger (sauf pour quelques personnes atteintes encore d’agueusie), un gout d’ammoniaque est parfois présent. En réalité, c’est parfait dans la soupe de poisson, j’en tirais un pas trop gros une fois l’année pour cette bouillabaisse superbe que me faisait ma mère.

A l'étale de marée haute, ils ont tendance à sortir de leur trou et à se balader dans les laminaires, il est bien plus facile  à faire dans ce cas de figure. Attention aussi à vos doigts, sa gueule est puissance et ne lâchera pas ! Ils chassent surtout la nuit car c’est un prédateur.

Son poids peut atteindre 50kg, il est alors monstrueux, avec des yeux vitreux   tel des soucoupes, et comme déjà mort. Je vous conseille de les laisser tranquille à ce stade. Le plus gros que j’ai vu ainsi n’était qu’à deux mètres de profondeur, dont un mètre du corps (gros comme le mien) sortait des blocs d’une digue, il ondulait au rythme de la houle. J’ai fais un gros détour et arrêté de tirer les sars sur cette digue, la rencontre de ce monstre, c’était le jour de la pêche exceptionnelle de sars racontée plus haut.

Les épaves en sont parfois remplies, ils adorent les tuyauteries. Vous n’imaginez pas le nombre de congres, que peuvent sortir les marins à la palangre. J’ai vu un bateau espagnol de plus de trente mètres remplir ses cales de congres en quelques jours sur un seul spot. Impressionnant de voir toute la journée, des congres monter à bord sans discontinuité.

Bref il n’est pas en voie de disparition, loin de là.

Il habite les mêmes trous que les homards et les mangerait lors de leur changement de carapace…

J’ai déjà raconté l’anecdote du congre attrapant a tête de mon fusil et l’agitant à tout va, après avoir tiré un bar, et ce n’était pas un gros, mais surement un teigneux.

Je n’ai pas entendu parler de congre agressant un plongeur ou chasseur sciemment. Mais tout est possible, je me suis bien fait agresser pas un bar, mais il était alors, acculé.

C’est le fiélas des méditerranéens, il était autorisé en compétition mais pas en Atlantique, sauf une compétition qui s’appelait : le congre d’or. J’ai fait second à cette compétition sans un seul congre, mais j’ai raflé toutes les coupes ce jour là : second, plus bel accroche poisson(le plus grand nombre de variétés de poissons) et le plus gros poisson blanc avec un sar de 2.340kg.Je suis le Poulidor de la CSM, 4 fois second jamais premier ! 

Le congre est un prédateur de toutes sortes d’espèces et même de cadavre. Il y a de belles photos de congres avalant sar et vieille dans le Doris. Mon père a ramené au bord de la plage un cadavre humain auquel il manquait la tête, il est sorti de par le cou un congre et des crabes verts….Bon appétit ! 

 

Noms latin : conger-conger

Autres noms communs français :

Anguille de mer, fielas, serpent

Noms bretons :

silienn-vor (anguille de mer), silienn du (anguille noire, pour le congre de roche), silienn c'hris (anguille grise, pour le congre vivant juste en dehors des algues), silienn wenn (anguille blanche, pour le congre de sable), silienn c'hlas (anguille bleue, pour le congre de taille moyenne), labistrenn (désigne également l'individu de taille moyenne), foet (fouet, de taille moyenne), koukouienn (pour le juvénile), krenerez (trembleuse, pour un congre tout en graisse qui tremble et qui se défend mal), silienn gozh (vieille anguille) ou silienn vouc'h (anguille émoussée) pour l'individu très âgé. Le pluriel est généralement sili ou silioù."

Noms communs internationaux

Conger eel (GB), Gemeiner Meeral (D), Congrio (E), Congro (P), Grongo (I)

 

 

Le thon rouge (thunnus thynnus)

 

Je mets le nom latin en premier car l’appellation thon rouge recouvre commercialement plusieurs poissons : l’albacares(albacore ou thon jaune), le thon obèse et les thons rouges du sud.

Un marin de thonier senneur vient régulièrement au club nautique de Tamatave  et on discute quelques fois de leurs prises et des commercialisations.

Bref, en l’occurrence, il s’agit du thon rouge d’atlantique et de méditerranée.

Que vous faut – il comme équipement pour le pêcher, car c’est parmi les choses les plus importantes, l’équipement.

En premier lieu : une bague, sésame indispensable si vous ne voulez pas voir bateau et matériel saisi et vendus aux enchères, une poignée de cerise en plus, et vous n’aurez plus de sous puisqu’il aura fallu régler un PV bien salé.

Deuxièmement, il vous faut un peu de plomb dans la tête et de l’expérience, sinon c’est perte d’un certain nombre de poissons, assuré et garanti !

Il vous faut un fusil surpuissant et TESTE en live ! Demandez à ~Gégé~ ou à Adzhoo (guides de pêche au gros) le nombre de chasseurs qui arrivent le sourire aux lèvres avec leur fusil direct du vendeur ou de leur fabrication, avec lesquels ils sont incapables de faire un seul poisson, c’est au minimum un sur deux, et ils sont persuadés du contraire, et de plus, il y a de la place sur un thon!

Bref il y a quelques marques connues et reconnues que vous pouvez acheter mais qu’il est indispensable de tester pour être sur qu’il ne tire pas dans les coins.

En premier, la pointe détachable de la flèche, prenez un ice pike de chez Riffe ou une pointe Mori, les autres vous risquez de ne vous en servir qu’une seule fois. Avec l’évolution, les chasseurs aguerris préfèrent le tirer avec une flèche à double ardillons, moins de pertes. Une pointe détachable laisse toute liberté au poisson car la flèche va se coller contre le corps, alors qu’avec une flèche à ardillons en travers du corps, il est fortement freiné. C’est d’ailleurs impressionnant de voir la flèche se mettre en forme de U lorsque le poisson démarre.

Avec le fusil, la ligne de vie, si on veut. Le break away reste encore la meilleure solution, ça ne vous fatiguera pas, assurera le poisson si tout est dans l’ordre, mais vous n’aurez guère de sensations, et ce ne sera pas homologable car il est impératif de rester relié au poisson pour ça. Le break away gâche bien des plaisirs de la chasse sous marine.

Donc derrière la flèche, il y a le dyneema ou alors du très gros nylon de 2.5mm minimum. Tout va se passer en pleine eau, donc pas de risque de frottement intempestif. Le fil de flèche doit être relié au bungee de 15 à 30m, c’est la seule et unique chose qui évitera au poisson de se déchirer. Derrière le bungee, 20 à 30m de corde à ski nautique et la ou les bouées.  Une trente cinq litres en premier et deux de dix litres qui suivent avec 5m de bungee entre, si vous envisagez du très gros, au dessus de 150kg. Sinon la planche ou la bouée de 35 litres en mousse compressée. Pas ou peu de risque d’écrasement par la profondeur, cas possible avec des gonflables, mêmes les dernières à 3 bars. Un snippe (agrafe américaine) de libre sur la bouée, sinon le thon mort va vous couler sans que vous ne parveniez à le remonter, ce snippe sera clipsé sur le bungee que l’on reprend brassée par brassée. Vous en avez pour près d’une heure avec un gros morceau car 30m de bungee font 90m une fois étiré avec un poids mort au bout. Si vous voulez le jouer à la loyale, c’est seul que doit se pratiquer toute l’opération, et dans l’eau !

Une fois le poisson dans vos mains et achevé, enlevez lui les ouïes, c’est ainsi que pratiquent les professionnels, ça le saigne bien.

Ensuite le bateau. Un SR de 6m est un peu léger pour ce genre d’aventure, une coque dure de 8 à 10 mètres est bien plus pratique. Il faut penser à le remonter à bord le bestiau une fois pêché et c’est parfois un problème, un gros problème ! Sinon, vous allez faire un remake du « vieil homme et la mer ». Perso je n’ai sorti que trois poissons dans les 50kg et plus, et c’est mieux à trois pour le mettre à bord, car vous allez remarquer que ce n’est pas stable un bateau. L’idéal c’est deux dans le bateau qui soulèvent et vous dans l’eau, vous poussez le poisson par-dessous. Marc Antoine Bery avait aménagé une porte sur le coté de son bateau pour monter les gros poissons à bord.

Au dessus de 100kg, sans porte arrière ou palan, ce ne doit pas être de la tarte, on a du être cinq pour monter une raie de 120 kg.

Maintenant la technique pour faire venir les thons, si vous ne voulez pas vous contentez d’un poisson limite (30kg, c’est interdit en dessous) vous allez devoir appâter. Comme pour les bars, les petits sont au dessus et les gros dessous. Suivre les chasses c'est bien joli, mais ça ne suffit pas. De la sardine fraiche, j’insiste, bien fraiche, il vous en faut minimum 10kg, et un sac de broumé à l’avant du bateau avec de l’huile de sardines dedans, il vous faut 2 litres d’huile pour la journée, car il faut en remettre de temps à autre. Le proverbe dit : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, et bien les thons c’est pareil, pour faire monter les gros, il faut appâter.

 Lorsque les thons sont là, vous mettez d’abord tout le bordel à l’eau en commençant par les bouées, puis le bungee, puis le fil et le bonhomme avec le fusil déjà chargé en dernier, avec dix à quinze mètres de bungee dans les mains, sinon les thons seront pour votre collègue. Et oui, ces gros engins, long à armer, on les charge avant de se mettre à l’eau. Une fois dans l'eau, la première chose à faire c'est vérifier si votre pointe détachable est bien en place, Il faut être prêt à tirer dès la mise à l’eau, il peut y en avoir un de suite. Deux fois sur trois, je tire les pélagiques dans la minute qui suit la mise à l’eau,  et quelques fois dans les dix secondes de la mise à l’eau. Si vous n’êtes pas bien ordonné à la mise à l’eau, vous allez vous emmêler dans tout ce fatras. D’où l’expérience de ce genre d’expédition indispensable pour bien réussir. Le premier marlin sorti par un ami, si je n’avais pas été là il se serait peut être noyé. En remontant le fil, il s’est entortillé dans les palmes et d’un seul coup le marlin a refait un rush et l’a emmené à dix mètres sous l'eau alors qu’il était déjà exténué, j’ai pu le doubler et  remonter tout le monde.

Si le poisson vient bien, prenez le temps de viser le triangle létal. C’est nettement moins bandant de faire un KO, mais quelle  tranquillité…. Ne tirez pas n’importe où, si impossible de bien placer sa flèche, le tiers arrière tient fort bien, la peau et la chair y sont  plus solide en plus il y a les renforts des pinnules et des scutelles, solides comme du béton. 

Le bleu est trompeur, on a parfois du mal à estimer la distance, on pense un poisson de 20kg à 4m et c'est un poisson de 40 kg qui est à 6m. Même lorsqu'on a l'habitude on peut se faire avoir, donc essayez si possible, selon la réaction des poissons de tirer le plus près possible. Les thons rouges viennent bien, parfois très près, alors que les thons des mers chaudes sont bien plus méfiants. Un indice, c'est de bien voir la pupille de l'oeil, là il est à portée.

Ici un jeune thon, sa forme est allongée indique qu’il est sous la maille des trente kilos, minima autorisé.

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et un thon de 300kg (record du monde), ça donne çà:

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Si un poisson vient de face et ne bouge pas de sa trajectoire, qu’il continue sur sa lancée, ne surtout pas tirer, c’est vous qui risquez d’être embrocher, c’est déjà arrivé, il suffit d’attendre qu’il passe à coté.

On prend quelques sardines que l’on met sous la combinaison et si les thons restent profonds, on lâche une sardine à la fois pour les faire monter, il faut suivre la sardine des yeux, à 20/25m souvent on ne distingue pas bien les thons, ils sont bien dissimulés par leur couleur, si la sardine disparait d’un seul coup de votre champ de vision, c’est qu’un thon l’a avalée. Vous n’avez plus qu’à suivre la suivante à une dizaine de mètres.

Le thon rouge semble insensible au baron qui fonctionne pourtant avec pas mal de poissons.

Son poids maximum est de 648kg enregistré, mais un thon de 300kg est maintenant considéré comme un très gros thon tellement l’espèce a été sur pêchée. J’ai lu quelque part qu’un thon rouge de 1001kg aurait été capturé au début des années 1900 dans le Bosphore.

 Il a la particularité de grossir très rapidement, jusqu’à 30kg par an. Il mange à peu près tout ce qu’il rencontre…et peut vivre 50 ans.

Le thon rouge est excellent de plein de façons différentes, mais attention au vers dont il peut être farci. Indispensable de le congeler pour en faire des sushis ou carpaccios si vous ne voulez pas terminer à l’hôpital.  

Noms

Autres noms communs français

Thon rouge de l'Atlantique, vrai thon, toun rhû (Bretagne), toun ou thoun (Languedoc, Nice), tonnu (Corse), ton france (Martinique)

Noms communs internationaux

Atlantic bluefin tuna, northern bluefin tuna, bluefin tunny (GB), Tonno rosso, barilaro, scampiru, tunina (I), Atún rojo, atún común, atún aleta azul (E), Roter Thun, Atlantischer Thunfisch, Thune (D), Atum, mochama (P), Tonijn (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Scomber thynnus Linnaeus, 1758
Albacora thynnus (Linnaeus, 1758)
Orcynus thynnus (Linnaeus, 1758)
Thunnus thynnus thynnus (Linnaeus, 1758)
Thunnus thynus (Linnaeus, 1758)
Thynnus thynnus (Linnaeus, 1758)
Thynnus mediterraneus Risso, 1827
Thynnus vulgaris Cuvier, 1832
Thunnus vulgaris (Cuvier, 1832)
Thynnus secundodorsalis Storer, 1855
Orcynus secondidorsalis (Storer, 1855)

 

 

Les barracudas 

Il y a entre 18 et 27 espèces de barracudas selon leur classification et les auteurs. Pas grand monde n’est d’accord, surement beaucoup de doublons comme pour les mérous.

Espèce subtropicale qui aurait investie la méditerranée par le truchement du canal de Suez.

Ceux de méditerranée sont assez petits, même pas 5kg alors que celui d’Afrique peut atteindre 50kg…..

Je vais faire simple car de toutes façons ils ont tous à peu près le même comportement, et se ressemblent à quelques détails anatomiques près.

Juvéniles, ils vivent dans les mangroves, et près des herbiers en med nous dit le Doris. Plus grand, il se rassemble en bandes, parfois immense, pour chasser ou se reproduire.

La grande bécune vit en solitaire une fois adulte, quand elle atteint de grande taille, facile à reconnaitre, elle est d’un gris argenté bien brillant et quelques taches noires auréolent sa robe. Très méfiante, elle n’est pas facile à faire en CSM et reste souvent à vous défier à 15m en pleine eau. Le record est de 30kg (29.4). Elle préfère les fonds de 30 à 100m

Le barracuda à ailes jaunes (jello) reste en bandes toute sa vie, bandes de moyenne importance de 10 à une cinquantaine d’individus. Il est présent dans tout l’indien et l’indo-pacifique. A Madagascar, j’en tire régulièrement de 5 à 14kg alors que le fishbase le donne pour 11.5kg max. Assez facile à faire à la coulée contrairement à la grande bécune. Il n’y a aucun record d’enregistré pour ce barra. Il vit entre 6 et 30m de fond, jamais vu en solitaire.

Les barracudas de méditerranée sont comme le barra à chevron, en grandes bandes et viennent assez bien à l’agachon.  Son poids modeste n’en fait pas un poisson recherché, pas plus que sa chair.

La chair du barra n’est pas très prisée, sur certaines espèces elle est grise, peu encourageant.

Ma femme a trouvé une excellente recette, c’est la seule façon où je le mange volontiers.

On prélève les filets, on détaille en cube de 1.5 à 2 cm. Dans un saladier ou gros bol, bien salé, poivré, gingembre râpé et massale ou combava (si vous n’avez pas, une épice bien présente fera l’affaire). On laisse macérer quelques heures avec de l’huile d’olive. Puis brochettes et barbecue. C’est vraiment très bon ainsi alors que je n’aime pas le barra ni le gingembre en temps normal.

La dangerosité du barracuda.

Un point bien délicat à aborder. Le premier que j’ai tiré de ma vie, au Sénégal a fait demi-tour dès que j’ai serré le frein du moulinet et m’a chargé ! Je me suis écarté de sa trajectoire et il a continué sans chercher à me suivre. Je ne crois pas avoir été chargé par un autre depuis,  bien que je dois en avoir quelques dizaines à mon actif dont pas mal au dessus de dix kilos. Pour la tranquillité, je  passe  le fil au barquero et c’est lui qui se charge de le monter à bord et de l’achever. Mais la plupart du temps, j’arrive à attraper la flèche et à l’achever tranquillement. Et ce, sur plusieurs variétés donc : le barra à chevrons, à ailes jaunes, la grande bécune et un grand barra gris rayé dont je ne sais à quelle variété le mettre. Une fois à bord il peut .encore sectionner un orteil sans soucis, il va chercher à mordre tout ce qui est la portée de ses mâchoires. Donc méfiance.

 Une anecdote rapportée par un ami qui a chassé le grand barra africain dans le golf de Guinée avec Marc Antoine Berry. Celui-ci avait un barquero chasseur mais qui n’avait jamais pu tirer de grand barra. Lors d’une sortie, il repère un gros barra indolent et passe le fusil à son barquero et lui dit d’aller le faire. Il tire le barra de plus de trente kilo qui se débat vigoureusement et commence à se déchirer, alors il l’attrape à pleins bras !, le barra se retourne et lui a sectionné une partie de l’épaule. MAB  a du monter à bord le barquero et le barra qu’il n’a jamais lâché.

Certains auteurs attribuent des amputations de pieds ou de mains à des barracudas. Je ne sais pourquoi, je suis toujours resté septique, mais ce n’est pas impossible, quand on voit comment ils arrivent à sectionner la colonne vertébrale d’un poisson de 20kg d’un seul coup de dents.

 

Deux barracudas jello, dans l'eau la dorsale et la queue sont jaunes, et dans l'eau sale on ne voit que ces appendices jaunes passer. La couleur s’atténue une fois le poisson mort.

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Grande bécune, 21kg.

 

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 Les poissons plats  

J’englobe l’ensemble des poissons plats car la technique de chasse est quasi la même pour tous.

Vous le repérez, vous approchez et vous le tirez. Hop technique suivante.

Bon ce n’est pas si simple que ça. On va commencer par les soles, poissons les plus recherchés parmi les plats. Ce fut parmi mes premiers poissons capturés du coté de La Seyne sur mer à mes 16 ans.

La sole méditerranéenne est excellente mais un poil petite, il en faut deux par personne.

Les soles d’atlantique peuvent atteindre un joli poids, je me souviens des  placards de Cordouan, qui n’existent quasiment plus selon Maigrat (pêcheur du secteur)

En atlantique, il faut que la marée montante soit bien prise, un fond de sable bien évidement, mais soit limite avec de la vase soit limite avec du petit gravier. Elle n’aime pas les fonds monotones. Elles affectionnent les sorties d’eau douce également. Elle se tient volontiers à la limite roche/sable. Attention, pour la tirer et que la flèche ne rebondisse pas sur une roche deux cm sous le sable, il faut se mettre de biais et donner un angle bien prononcé à votre tir. C’est le seul poisson que je préconise de ne pas tirer dans la tête, proche de l’ouïe, elle peut de déchirer facilement.

Ma plus belle pêche le fut un 15 aout, je m’en souviens fort bien car ce jour là une invasion de millions de coccinelles sur les plages et la mer en Vendée, j’en ai eu à plusieurs reprises dans le tuba…. Elles ont fait fuir tous les touristes de la plage, je me trouvais juste en face. Me trouvant seul, je ne pouvais chasser en dérive car le courant devenait trop violent, je me suis rapproché du bord et positionné dans 4 à 6m d’eau à l’abri du jus. Eau bien claire depuis la surface je les voyais. J’ai trouvé une ancre de miséricorde d’environ 4m de long et j’en ai embroché 4 dans la même apnée sur la flèche à la main, soles qui se terraient contre l’ancre. 14 soles, un 15 aout en deux heures de temps… Cette même année le filet à soles fut diffusé et déposé par millier de kilomètres, ce fut la fin de ce poisson sur les cotes vendéennes. C’était il y a trente ans.

Il existait aussi la sole de roche, ça vit aussi en med et en atlantique : le targeur, posé sur les roches plates et très difficile à repérer. Le plus ardu c’était d’en trouver de taille consommable. Il mesure 25cm à l’état adulte. Il a la particularité de pouvoir se coller à une paroi verticale. Idem , il a totalement disparu…..

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Le flet

Bof et je dirais même plus bofff ! C’est vraiment pas terrible, faut une super sauce pour surmonter ce gout vaseux. Facile à découvrir dans les estuaires, il lui faut de l’eau douce ou de la vase, et aussi du courant.

 

Les carrelets

C’est un flet avec des taches de rousseur 

Très proches du flet, il se mélange même et on en trouve des batardés, meilleurs tout de même en consommation, mais juste un peu, devient surtout plus gros.

 

Les flétans, ce n’est pas pour nous….présent en Norvège, Suède, finlande, Canada….Jusque 300kg

 

Les turbots et les barbues. Je ne connais pas trop mais je crois savoir qu’ils préfèrent les graviers et le maërl. Alors là on fait dans le top niveau coté chair et leur poids pouvait être conséquent. En voie aussi de disparition également, sauf en élevage…. Une recette géniale d’un grand cuisinier : des rondelles de pomme de terre cuites en spirale dans du beurre à la poèle tapissent le fond du plat, une couche de filet de turbot, une couche de branche de céleri haché menu, une couche fine de crème fraiche et on recommence pour terminer par une couche de pomme de terre. 25mn au four bien chaud. Long mais facile à réaliser, un régal.

 

Limande, connais pas ! Sauf dans mon assiette !

 

Les raies 

Devenues bien rares, celles autorisées. La brunette pullule depuis sont interdiction. On les trouve sur les moulières au fond, sur le sable à la limite des moulières.

Les raies torpilles sont excellentes à manger mais sur une raie de 3kg il y a à manger 250gr pour une personne. Donc laissez les tranquille, de toute façon ce n’est pas agréable de les tirer……à cause du courant électrique qu’elles émettent. La toute première photo de mes 16 ans c’est avec des raies torpilles.

La pastenague, elle peut atteindre des poids énormes, bien plus de cent kilos. Avec son gout d’ammoniaque c’est immangeable et en plus son dard peut vous envoyer à l’hôpital. Pline l’ancien (encore lui) raconte que la femme infidèle battue une fois avec un fouet munit d’un dard de pastenague, la remet dans le droit chemin pour le reste de sa vie (les bonnes manières se perdent). Il raconte aussi que planté dans les racines d’un chêne, celui-ci meurt dans l’année.  Ici, sous les tropiques, le dard est vendu pour la médecine traditionnelle…..

Ma plus grosse à Sainte Marie, lors de mon premier trip à Madagascar, fut de 55kg, il a fallu être trois pour la monter dans la pirogue, tout le village est venu chercher un morceau, c’est considéré comme aphrodisiaque! Étrangement, ses dards n’étaient pas plus gros que ceux d’une de quinze kg. Récemment j’en ai tiré une de 120kg, il a fallu se mettre à cinq sur une plage pour la monter dans le bateau. Je ne recommencerais plus….

Ici, photo du dessous d’une pastenague européenne, que l’on vient de déranger, elle agite son dard pour piquer

Elle vient près du bord pour « accoucher » des jeunes qu’elle a dans le ventre, 4 à 5 en moyenne. On l’a trouve donc dans quelques mètres d’eau en été.

 

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Et là une pastenague tropicale

 

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La raie Manta est maintenant protégée dans beaucoup d’endroit. Tout le monde connait cette fabuleuse raie pélagique contrairement à la plupart des autres. Au Sénégal, une immense Manta vient nous voir, elle virevolte doucement et revient régulièrement nous voir. Sur son dos deux rémoras gris de plus de 1m sont accrochés telles des dérives sur les ailes d’un avion. Le piroguier me dit de tirer ces rémoras. Au passage suivant, j’attrape le bord de son aile pour bien me mettre parallèle et ne pas la toucher avec la flèche. Après le tir, le rémora ne se détache pas, pourtant séché en pleine tête. Je serre le frein du moulinet et la Manta commence à me descendre. Je tire un coup sec et violent et décroche le rémora, la raie surprise, démarre  et en un centième de seconde disparait de notre vue, comme par enchantement, alors qu’il y a bien trente mètres de visibilité. Mes collègues me disent que j’étais tout petit sur son aile, comme sur l’aile d’un Boeing. Je pense qu’elle mesurait près de 9 mètres. C’est la seule fois où j’ai vu le piroguier blasé, s’exciter en me voyant remonter le rémora, je n’ai jamais su pourquoi, il hurlait « va chercher l’autre »

Autre anecdote, ce piroguier me disait que c’était dangereux et que si elle me prenait dans ses »appendices », elle ne me lâcherait pas ; je n’y croyais nullement, jusqu’à ce que Nono me dise qu’un jour en pêchant de nuit, quelque chose à attraper son mouillage et l’a entrainé au large pendant six heures, puis il a pu remonter une Manta d’une centaine de kilos qui tenait son mouillage empêtré dans un de ses bras, qu’en déroulant elle aurait lâché.

 

 

 

Les liches /serioles 

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La famille des carangidés englobe beaucoup d’espèces, qui à part le coureur arc en ciel (rainbow runner/prodigalson) tous se ressemblent, du moins ont pas mal de physique en commun. Ce sont des poissons pélagiques qui ne vivent que, en pleine eau. Ce sont des carnivores qui se nourrissent d’un peu de tout et même de coquillages. Tous sont puissants et deviennent assez gros, ce qui les rend doublement intéressants. La qualité culinaire va de moyenne à très bonne selon les espèces et aussi l’âge. Une vieille ignobilis de 40 ans sera fibreuse comme on peut s’en douter.

Pour les tatillons, je rappelle que les noms liches et sérioles sont des vocables utilisés indifféremment  par le Doris ou Wikipédia !

Tous sans exception, sont curieux et viennent bien à l’agachon ou se laissent assez bien approcher en pleine eau. La feuille morte, ou la coulée douce, sont payantes la plupart du temps. Le baron aussi est efficace sur pas mal d’espèces, mais pas aussi flagrant qu’avec les thazards ou espadons. L’agachon sur un sec pour les liches et les sérioles fonctionne fort bien. La technique de la petite cuillère : on jette cette petite cuillère entre vous et le poisson aperçu au loin, curieux le poisson vient « renifler » ce truc brillant qui descend en gesticulant, ensuite c’est à vous d’agir. C’est le moment de prendre des actions chez Guy Degrenne ...

L’arbalète doit être longue et puissante car cela se passe la plupart du temps dans de l’eau claire, donc les poissons approchent moins bien et de plus cela pourrait être de grosses bêtes. Un 130 double sandow pour bien traverser à 4m est l’arme type, voir les spécialistes pour les pneus ou rollers/inverts correspondants. Soit le fusil est relié à la bouée, soit un gros moulinet solide à toute épreuve est requis, car sans KO de votre part, un sévère combat va s’engager. Quelquefois  d’autres vont venir l’accompagner pour la soutenir, si un collègue est à vos cotés deux options s’offrent à lui : doubler pour assurer votre poisson, ou en tirer une seconde, à voir selon les circonstances. Mais s’il choisit la seconde option et que vous perdez votre poisson, vous connaitrez sa résilience à l’altruisme ! La peau et la chair sont bien solide, une flèche simple ardillon suffit, si elle est solide.

Une fois capturées, les grosses pièces (plus de trente kg) il convient de mettre le bras dans l'ouïe et de tenir la mâchoire inférieure, elles sont ainsi bloquées et c'est plus facile de les achever. Ne mettez jamais votre main dans les ouïes d'une ignobilis, ce pourrait être la dernière fois, elle est remplie de picots et dents pharyngiennes, et a une force extraordinaire qui peut vous broyer les doigts.

Comme les maigres, de belles otolithes garnissent leur crane.

La chasse sous marine de ces poissons offre 3 plaisirs. Le premier, personnel, l’intensité des émotions due à la capture d’un tel animal avec les montées d’adrénaline lors du combat. Le second est tout aussi égoïste, le récit répétitif que vous ferez à vos amis et compagnes de cette prise mémorable. Et le troisième le plaisir d’un poisson bien préparé et partagé entre amis nombreux puisque conséquent.

Des filets fumés sont parmi les meilleures choses que vous dégusterez à l’apéro.

Je vous ai déjà passé la photo d’une liche de 45kg prise au Sénégal.

 

 

 Le baliste 

Ce poisson est arrivé en atlantique au dessus de la Garonne en même temps que le maigre, donc environ 25 ans. Il est arrivé la première année timidement, nous en avons tirés quelques uns en se demandant ce que cela valait, surtout que ces andouilles de l’ifremer l’ont fait interdire à la vente sous le prétexte qu’il pourrait être atteint de ciguatera. Ce modèle nous vient direct des Açores où la ciguatéra  n’est pas présente en plus. Bref l’année suivante le baliste pullulait sur nos cotes vendéennes puis a continué son chemin vers le nord.

Les palangriers ont protesté que ces poissons détruisaient leur appâts en ne se prenant que rarement, et en plus même une heure sur le pont au soleil il repartait tranquillement une fois remis dans l’eau. Les instances ont rectifiées leur erreur, autorisé le baliste à la vente, résultat la troisième année  ce fut son déclin immédiat. Les bancs de plusieurs milliers qui venaient gentiment vous voir sont devenus quelques dizaines au grand max, nettement plus méfiants et nettement moins gros aussi. Fini les spécimens de 2.5kg. Un kilo devint la norme. Il est passé du stade couillon au stade prudent. Mais il est resté aussi bon dans nos assiettes.

Facile à tirer à l’agachon, vous aurez du mal à le faire à l’indienne et encore moins à la coulée ou alors sur des poissons tout neuf. Vous pouvez lui tirer dans le ventre, il ne se déchirera pas, la peau est un cuir bien dur, la chair tassée, les arêtes constituent une véritable armure, bref il est blindé de partout. Attention, il a des dents broyeuses de coquillages et de carapaces de crustacés et il n’hésite pas à s’en servir. Le point mortel pour l’achever n’est pas facile à trouver, il est juste 10 à 15mm derrière l’œil, sinon la pointe de la dague ne traverse pas ce crane de rhinocéros! Il possède en outre une épine dorsale qui peut se bloquer avec un système de levier, d’où le nom de baliste, provenant d’une catapulte romaine. D’ailleurs on dit une baliste pour l’arme et un baliste pour le poisson.

 On pouvait se faire des ceintures de balistes il y a encore une dizaine d’années, mais  il y a deux ans lors d’une sortie Sablaise, je suis parvenu à en faire 3  pas bien gros et zéro bar, pas plus que les quatre excellents chasseurs présents sur la bateau, les homards ont sauvé notre sortie ce jour là. Bien triste  constat. C’était le poisson parfait pour débutant voulant perfectionner l’agachon. Vous le ferez avec n’importe quelle arme du 75 au 1m. Il parait indolent mais ce n’est qu’une apparence.

Une recette très simple, comme le sar, le ventre emplis de fenouil feuille, sel poivre et au four en papillote avec un filet d’huile ou une noix de beurre, et un peu de vin blanc.  Le faire à peine cuire sinon sa chair bien tassée sera sèche, d’où la papillote. Il fait le faire cuire dans sa peau, ne pas l’écorcher. Sinon en filets dans le congélateur pour gagner de la place, c’est excellent également mais le plus fin reste la tête bien pleine de chair.  Surtout ne pas le faire trop cuire sinon la chair sèche.

Une entreprise bretonne s’était spécialisée dans le traitement des peaux de poissons pour en tanner le cuir. Elle faisait des chaussures avec la peau des balistes. Je ne sais si elle a perduré. La peau des truites est encore utilisée en maroquinerie, mais elle est bien plus fragile.

 

Mâchoire inférieure de baliste 

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Baliste venant sur les cotes française

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Les balistes tropicaux, surtout le baliste du Niger vivant en troupeaux nombreux servent de pâture aux gros pélagiques

Certains sont très colorés tel le baliste Picasso, un autre devient géant, le baliste titan et dépasse les dix kilos, il peut être agressif car il défend sont territoire lors de la reproduction.

Les balistes sont maintenant considérés comme protecteur du corail en broutant les algues qui prolifèrent dans les lagons, ils sont parfois protégés.

 

Les poissons occasionnels, d’appoint.

Le saint pierre

 Rencontre assez rare vu le manque d’abondance de ce poisson. Dommage car il est réputé savoureux. En pleine eau au dessus des laminaires, assez facile d’approche la plupart du temps, son point noir en fait une jolie cible. Ces deux taches  viendraient selon la légende de Saint Pierre l’apôtre qui lui a laissé sa marque en le prenant ainsi. Vit en méditerranée comme en Atlantique. Pas facile à flécher car une fois repéré il ne va plus vous montrer que son profil arrière,  donc one ne voit plus qu’une tranche de 1 à 2cm.

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Le maquereau 

Rencontre éphémère malgré son abondance, il est plutôt craintif surtout en eau sale.  La cible n’est pas grosse, faut être un tireur d’éperlan pour en capturer un. C’est un thazard en miniature, aussi combatif car c’est un scombridé. En méditerranée comme en Atlantique. Se trouve facilement, dans les rayons du supermarché …

 

Le chinchard 

C’est un carangidé que  vous  rencontrerez dans les mêmes zones que le maquereau. Difficiles à définir si ce n’est que c’est la pleine eau en général. Guère d’intérêt car il est plein d’arêtes et c’est un poisson gras, donc bien pour la soupe de poisson dite bouillabaisse dans le sud. Belle défense lorsqu’il dépasse le kilo. C’est aussi l’un des plus petits de la famille. En méditerranée comme en Atlantique.  

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Le rouget barbet  aussi appelé bécasse de mer

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Poisson de fond de sable et vase à la limite des roches et herbiers. Facile à tirer, mais il ne faut pas être trop loin vu la petitesse de la cible. On peut en tirer plusieurs d’affilée avant que le troupeau ne se dissipe dans la nature. La technique du bouchon est utilisé pour ne pas les abimer, c’est plutôt fragile comme chair, un bouchon de champagne enfilé sur la pointe, technique que je ne connaissais pas, vu que je les laisse bien tranquille car je trouve ça, euh comment dire, abominable en gout. C’est pourtant réputé, avec son surnom de bécasse des mers, car on le cuirait avec son intestin, telle la scolopax (bécasse des bois), dont il n’a autrement absolument aucun rapport. ( je sens que je vais encore me faire des amis). Bref je préfère son collègue le rouget grondin. Comme quoi, les gouts et les couleurs….. Pline (enfin je crois) disait de lui : ne déshonore pas ton écuelle d’or avec ce barbet de moins de deux livres (romaine : 700gr) . Néron se faisait servir vivant le rouget barbet afin de le voir mourir et changer de couleur avant de le déguster. Zavaient du savoir vivre ces romains, ou alors c’est typique de Néron et son grain de folie?

Un ami en a fait un de presque le kilo…..il y a plus de trente ans.

Tropical, il prend le nom de capucin et il est légèrement plus gros mais exactement le même gout, alors que les couleurs….

 

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 Le bogue

Arrivé comme le maigre et le baliste il y a une trentaine d’années en Atlantique, ce petit poisson plutôt méditerranéen arrive en été et sert de pitance pour les prédateurs. Il n’est guère intéressant pour nous car petit, plein d’arêtes et de chair mollassonne, il n’offre pas d’intérêt pour la chasse sous marine.

 

 

La saupe 

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Comme le bogue, pas d’utilité en chasse sous marine et le fait de se nourrir d’algue ne la rend pas appétissante. Comme le bogue, chair fragile voire toxique. Poisson de fond de roche toujours en train de brouter en bande jusqu’à plusieurs centaines. Tirée par les débutants elle a fini par devenir méfiante et reste la plupart du temps juste hors de portée du 90. 

 

La saupe brésilienne 

Sa rencontre est assez rare en France, on la trouve partout sur la planète. La seule chose amusante c’est de la voir changer de couleur instantanément passant du noir au gris ou au bleu et de forme aussi en déployant ses nageoires elle prend une forme carrée au lieu d’être ovale. Elle est aussi mauvaise gustativement que sa compagne de méditerranée. Son tir toutefois est amusant car elle virevolte sans arrêt et son poids peut atteindre 2kg. Détail amusant, ses arêtes et ses trippes sont phosphorescentes la nuit. Lorsque vous en voyez évitez de la tirer car souvent d’autres poissons intéressants eux, sont bien souvent à proximité, c’est presque systématique, un poisson pilote en somme. Sinon, se tire au 100 voire 110.Un jour, alors que j’étais à l’agachon sur le bord d’un tombant, une vingtaine de saupes brésiliennes virevoltaient en tous sens, lorsque d’un trou placé juste en dessous de la pointe de mon fusil, surgit une loche, elle gobe une saupe et rentre de nouveau dans son antre, le tout a pris une seconde !  

Ici la photo montre un peu les deux formes et deux couleurs que peut prendre ce poisson, en haut noir et carré et dessous, blanc et ovale, c’est instantané.

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La murène 

Exactement aux mêmes emplacements que le congre, elle devient très agressive une fois tirée et même sans avoir été tirée elle est territoriale et peut attaquer si elle est dérangée. La particularité de ce poisson c’est d’avoir une seconde mâchoire dans la gorge pour assurer les prises comme dans le film Aliens, le scénariste a du s’en inspirer. Elle n’est vraiment pas bonne à manger donc à part pour la soupe de poisson, laissez la tranquille. Son poids peut dépasser les trente kilos.

Les doigts de mon ami Nono, 48heures après la morsure d’une petite murène de moins d’un kilo, imaginez les dégâts avec une grosse de 20kg. Il a posé la main sur un poteau creux pour accrocher sa pirogue et la murène l’a choppé et ne voulait plus lâcher, il a du la tuer au couteau et lui couper les mâchoires pour récupérer sa main.

 

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Rascasses et chapons 

A l’inverse des poissons précédents, c’est fort bon à déguster. Souvent posés sur les roches ils sont la plupart du temps invisibles tant qu’ils n’ont pas bougé. Une fois repérés ils sont à votre merci, bien faire attention à ne pas abimer votre flèche car on les tire à bout portant et ils ne sont guère épais pour amortir la puissance des sandows. On les trouve aussi à l’entrée des trous, grottes et même collés au plafond. Un petit ragueur fera l’affaire comme pour la mostelle. Les marseillais prétendent qu’ils sont indispensables dans une bouillabaisse. Il faut  juste faire attention a ses épines venimeuses qui rendent la piqure douloureuse, sur la dorsale et le coté des ouïes. Un proche parent, le poisson pierre est quant à lui potentiellement mortel. Une espèces proches a envahi les Antilles et la méditerranée depuis une quinzaine d’années et prolifère car pas de prédateurs pour eux, c’est le ptérois volitan, dit poisson lion ou rascasse volante. On en voit peu dans l’océan indien car il est avalé par les mérous malabars et comme il est indolent, c’est une proie facile. Aussi fin que les rascasses à déguster.

 

L’alose 

Rencontre très rare et seulement proche d’une source d’eau douce. Particularité elle est anadromique comme le saumon, elle se reproduit en eau douce et vit en eau de mer. C’est une grosse sardine bourrée d’arêtes, immangeable, sauf pour un girondin. Voila, ça y est, je me suis mis une autre partie du monde à dos….. Je n’en ai capturée qu’une seule en pays basque (que j’ai de suite offerte à mes voisins de camping, ils ne m’ont plus jamais parlé) A regarder passer.

 

 

La baudroie ou lotte

Je n’en ai fait que deux dans ma vie de CSM. Je vous ai aussi raconté l’anecdote de celle qui a mordu mon équipier. Un mareyeur m’expliquait que c’était les malades, déficientes qui venaient dans peu d’eau, sinon elle vit  profonde. Mais elle remonterait aussi des profondeurs pour pondre.

Elle pouvait atteindre 50kg, il y a belle lurette que cette taille a disparue, je voyais hier une émission sur les pêcheurs anglais, ils en présentaient une de 3 à 4kg et disaient que c’était un beau spécimen…….

Il s’est même vendu  des lottes crayons, appellation des toutes petites queues à la vente, c’est dire que cette espèce est surexploitée, malgré tout il n’y a pas de taille limite de capture, de toutes façons un poisson remonté de 800m de profondeur a zéro chance de survit si on le remet à l’eau. Son stock est en régression sur tailles mais le quota est toujours atteint. Greenpeace la classe dans les poissons à protéger. Elle est très lente à grossir et n’atteint la maturité sexuelle que vers 7/8 ans. Vit en méditerranée et en atlantique.

Bref un poisson facile à flécher, mais très rare de rencontre et excellent à manger.

Particularité des lottes : le mâle vit en symbiose accroché à la femelle toute sa vie et ne devient peu à peu, qu’une paire de gonades, donc vous n’harponnerez  et ne mangerez  que des femelles, ainsi tirez la en douceur.

  Les jolies dents d'une baudroie, je vous narrais l’anecdote de celle qui a refermé sa mâchoire sur la main de mon équipier. Vous comprenez mieux sa douleur.

 

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L’ange de mer

Entre la raie et le requin, poisson presque plat très présent au pays basque il y a quarante ans. On les trouvait les uns à coté des autres à la limite sable/roches. Totalement disparu. Il était fort bon à manger, facile à faire.

 

L’anguille 

Fort abondante il y a encore une vingtaine d’années, elle aussi est en voie de forte régression. Non seulement elle est pêchée en eau douce  comme en eau de mer, mais aussi on capture ses alevins(les civelles) soit pour les faire en friture (dans des restaurants très huppés à un prix …gastronomique), soit pour l’élevage chez les nippons ou espagnols. Une aberration! On attaque son stock par les deux bouts. Dans les bouchots on pouvait en voir deux ou trois sur un seul bouchot à se gaver de puces de mer ou de petits crabes. Il n’y en a plus une seule. C’est un poisson catadromique, il vit en eau douce et sort en mer pour se reproduire comme chacun le sait dans la mer des Sargasses. C’est la remontée des alevins vers les embouchures de rivières qui cause la perte de ces civelles translucides. Mon père me racontait que du coté de Palavas les flots, les gens sortaient avec des seaux pour les ramasser lors de leur passage (En 1939/40), pas besoin d’épuisette, cela faisait un mur qui avançait doucement le long des quais et digues.

L’anguille d’eau douce a souvent un gout de vase que n’a plus celle de mer. Un régal frite avec de l’oseille, sinon poisson gras il faut d’abord lui faire rendre son huile dans une poêle à sec.

On ne tire que les grosses et c’est plus solide en plein corps que près de la tête, lui trancher de suite la tête sous peine de la voir s’enfuir, car même complètement déchirée, elle reste très vigoureuse.

Elle  est classée en deux espèces, eau douce et celles qui restent en eau saline, c’est la même variété selon les scientifiques. Celle d’eau douce est protégée mais comme la chasse sous marine y est interdite…cela ne nous regarde pas !

 

Les lamproies 

Je n’en ai capturé qu’une seule sur un gros mulet à l’ile d’Yeu. Je l’ai relâchée, ce poisson me semble répugnant comme une sangsue. Ce n’est donc pas un poisson de chasseur sous marin. 

Le poisson lune 

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La rencontre peut avoir lieu n’importe où mais en pleine eau ou en surface à battre de l’aile. Son comportement n’est pas encore bien expliqué malgré les balises de suivies collées sur ces poissons. Il passe plusieurs fois dans la journée de 400m de fond à la surface. Une année, plusieurs spécimens avaient envahies la baie des Sables d’Olonne. Sa masse peut dépasser les deux tonnes, il grossit à une vitesse prodigieuse, près de 300kg en une année, pourtant il se nourrit principalement de méduses et de tout ce qui s’en rapproche, y comprit les sacs plastiques. On le rencontre plus fréquemment en été, au large par mer plate où l’on voit de loin sa nageoire au dessus de l’eau ou même couché sur le coté en surface. Il vit partout. Il est protégé en Europe et comme sa chair est peu prisée, il est encore commun sur toute la planète, jusqu’à ce que les chinois lui trouvent une vertu particulière. Il est indolent en surface mais peut disparaitre bien vite si l’envie le prend. Il se laisse même capturer à la main lorsqu’il est encore petit. Comme le congre, son mucus est particulièrement collant et épais.

Il est connu sous différents noms : mole ou mola-mola. C’est une curiosité de la nature qu’il faut juste admirer.

 

Les bonites 

J’aurais pu les classer dans les poissons accessoires, vu que vous n’en ferez pas tous les jours mais elles deviennent plus nombreuses aussi bien en Atlantique qu’en méditerranée et surtout peut atteindre des poids dignes de respect. En effet la bonite listao de l’océan pacifique peut atteindre 35kg mais il vous faudra vous contenter d’un 10kg grand max pour les espèces métropolitaines.

Ayant moins de pressions sur les thons, elle profite de ce semi repos sur l’espèce en Europe. Les bonites représentent les poissons les plus pêchés de la planète en tonnage

Les bonites font parties des scombridés, famille de poissons pélagiques qui sont tous d’une forte puissance, présence de pinnules. Vous les trouverez le plus souvent près de la surface. Elles grandissent très vite et sont cannibales, d’où les bancs de grosses ou de petites qui ne se mélangent pas, les petites vivant plus au large, les grosses s’approchant du bord des tombants, c’est d’ailleurs là où vous les ferez plus facilement à l’agachon, si elles passent à portée. En atlantique, elles restent en pleine eau, souvent il faut 20m de fond pour commencer à en voir. Deux possibilités pour les tirer : soit l’agachon de pleine eau lorsque vous les voyez arriver, soit essayer de palmer pour s’en approcher lors de leur arrivée par petits groupes. J’ai essayé pas mal de fois au baron et je n’en ai  eu qu’une seule fois, une qui est bien venue mais qui était isolée, ce qui est très rare, autrement ça les laisse soit indifférentes soit ça leur fait carrément peur. J’ai vu des bancs de plusieurs centaines de milliers d’individus où il était impossible d’en approcher ne fusse une seule à moins de trente mètres, plus elles sont nombreuses, plus elles sont farouches. Elles passent tellement vite à coté de vous que vous ne voyez qu’un sillage de bulles, mais pas le poisson, elles cavitent.

Il faut un fusil moyen car elles bougent très vite et un fusil trop long genre 140/150 n’est pas assez maniable la plupart du temps et sera même un handicap, un 120 sera parfaitement adapté, il peut être monté en flèche fine de 6.5 ou 6.75 si vous lui mettez deux sandows biens pêchus. On les tire souvent de loin dans l’eau très claire et elle se déchire volontiers si pas bien ajustée car elle se débat très très vigoureusement. Il arrive régulièrement de tirer près de la tête et de retrouver la flèche près de la queue car elle a démarré au moment du tir. Des jours, elles sont bien plus calmes et on peut arriver à en faire 3 ou 4 dans sa journée. Culinairement c’est bien bon en poisson cru (attention aux vers), mais si vous le cuisez, il faut faire très attention à la cuisson, il doit rester rose à l’arête sinon c’est de suite sec et il faut une tonne de mayonnaise pour que ça passe. Titou avait une recette de bonite à l’escabèche et huile d’olive en bocaux stérilisés pour l’hiver, hummmmmm ! Mais sous les tropiques, personne n’en veut, leur chaire rouge/brune donne un drôle de gout à la cuisson. Les thoniers senneurs qui viennent se ravitailler à Diego Suarez, distribuent gratuitement des tonnes les bonites à la population c’est invendable. Les bateaux de pêches pour amateurs aux gros, ont un broyeur , dans lequel ils ingurgitent des dizaines de kilos de bonites pour appâter thons et marlins, et après ils relachent les espadons car ils font du no-kill !!!!!! 

Une sacrée pêche de petits thazards et d'une bonite de plus de 5kg ce jour là, avec en prime une babone et un mérou royal. Tout a été fait au 125 double sandows et moulinet:

 

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·         

 Plusieurs variétés, dos rayé, ventre rayé, …

Un tableau vous permettant de vous y retrouver :

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Ceci étant un recueil de CSM, je ne parlerais donc pas des poissons protégés : mérous, corbs, ni d’autres rarissimes en mer pour nous : truites, saumons…..

 

Le homard (homarus gammarus) texte et photos de Chti’max

Bon, vous allez me dire que ce n’est pas un poisson, et vous aurez raison ! Je pense néanmoins qu'il a sa place dans cette rubrique. Autant les araignées et autres tourteaux (les langoustes, connais pas) se laissent cueillir facilement, autant le zozo en général ne se laisse pas embarquer sans broncher. On peut dire que c'est un crustacé qui se chasse. 

Bon, je ne vais pas vous faire l'affront de vous le décrire, tout le monde sait à quoi il ressemble, sauf certains qui croient encore qu'il est rouge quand il est vivant (c'est du vécu !). Il y a les mâles qui ont proportionnellement de grosses pinces et un abdomen étroit

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et les femelles qui au contraire ont plutôt de petites pinces et un abdomen large, plus adapté pour maintenir et ventiler les œufs (noirs) entre des petites pattes abdominales.

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Celles du mâle sont différentes mais ce ne sont pas ces petites différences anatomiques qui feront que vous les différencierez en chassant, avec un petit peu de pratique le repérage deviendra une évidence. Selon une étude faite en aquarium la "gestation" dure une dizaines de mois. Aucune réglementation ne l'impose mais un chasseur qui se respecte se doit de relâcher une femelle qui est grainée (obligatoire au Canada) .

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Les accouplements ne peuvent avoir lieu que quand la femelle vient de muer et les larves sont d'abord pélagiques avant de descendre au fond (profondeur max 50m selon Wiki). Les mues sont très fréquentes au début de croissance (plusieurs par an) puis deviennent de plus en plus rares et espacées. Certains pensent que la croissance de ces crustacés serait perpétuelle, à cause d'une particularité de leurs chromosomes dont les extrémités (télomères) se régénèreraient au lieu de se détériorer à chaque division cellulaire. Leur mort serait simplement due à l'énergie exponentiellement de plus en plus importante nécessitée par cette opération. Après chaque mue la bête gagne en "espace intérieur" et continue sa croissance en poids. Cela explique qu'ils sont moins "pleins". Il vaut mieux les consommer juste avant la prochaine mue, quand la chair remplit bien la carapace. De petits signes vous indiqueront que la dernière mue est ancienne : carapace moins bleue, couleur plus claire, un peu "passée", traces d'usure surtout sous les pinces dont le homard se sert comme un "bulldozer" pour dégager l'entrée de son repaire, dépôt de balanes et autres coquillages sur la cuirasse, traces de combats au niveau des pinces pour les mâles. 

Pour la taille maxi, c'est sûr que les zozos de plus de 4 à 5 kgs ne courent pas les rues ( sauf en Med où il y en a un très gros qui a bouché l'entrée du port de Marseille ! 😂) Sa longévité pourrait atteindre 50 ans. Il lui faut déjà 10 ans pour atteindre 700g.

Son habitat ? Sa préférence va vers les failles horizontales plutôt basses de plafond, si possible au raz du fond avec un peu de sable devant pour faire bronzette. Dans ce cas il dégage les sédiments qui entrent dans son repaire et on voit des petits amoncellements de sable devant qui sont une bonne indication de l'occupation du logement. Il peut aussi se contenter de n'importe quel trou dans la roche ou le dessous d'une dalle posée au fond. Il préfère quand même vivre à l'étroit que dans les cavernes monumentales. Il se déplace surtout la nuit mais on peut aussi en trouver en ballade en plein jour, surtout par temps couvert. 

Il mange tout ce qu'il peut attraper, vivant ou mort. Il est plus actif quand l'eau est chaude,  plus léthargique l'hiver. Il est présent en atlantique nord côté européen et méditerranée pour le homarus gammarus et côté américain pour le homarus americanus dont on ne parlera pas ici. On le pêche au casier, 150 000T chez les américains, 2000T chez nous. 

Les techniques de chasse. 

La première : armer au premier cran et lui envoyer une flèche. C'est interdit, mais faute avouée est à demi pardonnée, au tout début de ma pratique dans les années 70 c'était monnaie courante. Je ne savais même pas que j'étais hors la loi. Peur de risquer un doigt, c'est vrai que c'est impressionnant. Très vite on m'a fait comprendre ce qu'était l'éthique et ça m'a plus repris. 

La deuxième, la bonne, c'est d'attraper l'animal à la main, au niveau du thorax ou du début de la queue, par dessus. Si vous le prenez trop haut au niveau des "épaules" ou par les pinces il y a de fortes chances que celles-ci vous restent entre les doigts et que la victime mutilée s'échappe. Avec une pince en moins passe encore mais un double manchot aura du mal à survivre. Il peut se séparer d'une ou deux pinces par "automutilation", comme les lézards et leur queue. 

Alors, facile ? 

C'est là que je me dois de faire une "étude psychologique" des spécimens que l'on peut rencontrer. 

D'abord, le "confiant sûr-de-lui qui ne craint personne", le "simplet" , qui se ballade à découvert loin de tout abri, même sur du sable nu. Vous approchez en douceur pour éviter qu'il se barre en nageant à reculons, parce que vous apprendrez à vos dépends qu'un homard ça nage très bien et que s'il arrive à atteindre les laminaires vous pouvez chercher longtemps après ! Donc, il vous voit arriver, il fait face, souvent les pinces ouvertes sur la défensive (ou même sur l'offensive !). Vous l'amusez un chouïa avec la pointe de la flèche, ou une de vos mains (attention pas trop près quand même !) et vous profitez de son inattention pour le saisir avec l'autre main. C'est le cas le plus simple mais le moins fréquent. 

Ce qui arrive le plus souvent c'est le zozo calé à trou. Soit vous le cherchez spécialement et vous le découvrez le plus souvent à l'entrée, les pinces et les antennes dehors. Soit vous le voyez par hasard en cherchant du poisson ou en faisant un agachon  en repérant un endroit favorable. Si vous approchez doucement, dans la plupart des cas il viendra vous voir par curiosité (dans ce cas faites lui un sourire ). Si vous tendez la main trop brutalement pour le saisir il va se rétracter d'un coup de queue tout au fond et alors macache pour l'attraper. L'idée c'est de l'obliger à se tourner et présenter son arrière pour le choper. C'est là qu'on utilise la flèche ou un petit crochet métallique que l'on glisse latéralement le long de la roche discrètement en essayant de ne pas l'alerter pour ensuite lui tapoter la queue et lui donner l'envie de se retourner pour contrer cette "agression". Dès que la position est favorable il ne faut pas traîner et le saisir franchement. Bon, ça c'est l'idéal, le homard "coopératif". 

Certains sont beaucoup plus timides. Même suite à une approche en douceur il se recroqueville au fond du trou et il ne remontre ses antennes qu'après de longues minutes de calme. Son atout ? Ben lui il n'est pas en apnée et à ce petit jeu du chat et de la souris vous serez fatigué le premier et, à moins que ce soit le bestiau de votre vie vous abandonnerez, surtout si le trou est très profond.

Après le timide, le grincheux . Souvent c'est un mâle plein de cicatrices. Celui là, faut pas l'emmerder. Dès que vous tentez la manœuvre de diversion il  pince tout objet qui pénètre chez lui, mais bien sûr il relâche si vous tirez dessus (sinon c'est trop facile !). En général il occupe toute la largeur du trou et on ne peut le contourner. Vous aurez tendance à abandonner aussi au bout d'un certain nombre d'apnées, surtout qu'à cause de la bagarre il y aura plein de sédiments en suspension et que vous aurez du mal à voir quoique ce soit. 

Pour grincheux et timide j'ai expérimenté 2 fois avec succès l'an passé la technique du "lasso". Je laisse le fusil sur la planche, je ne prends que la flèche et le fil. Du côté talon le fil passe dans le trou et forme une petite boucle fermée par le sleeve ou le nœud. Je fais passer le fil dans cette boucle pour former un petit lasso. Je maintiens l'extrémité libre avec la main, je descends et très délicatement en essayant de ne pas toucher l'animal je passe le fil autour d'une pince, je tire rapidement le fil pour fermer le collet et je ramène le tout à moi le plus vite possible pour saisir la bête correctement. 

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Dernière catégorie, le malin, qu'on appellera "prof" pour rester dans la série des nains. Celui là a eu la bonne idée de crécher dans un loft avec plusieurs sorties et se fera la belle par la sortie opposée à celle que vous avez choisie, ou alors il attendra que vous soyez en surface en train de vous ventiler pour prendre la poudre d' escampette. Sauf exception vous ne le retrouverez pas, malgré vos recherches alentours. 

N'ayez pas trop peur des risques liés aux pinces. Heureusement les gants néoprènes font office d'amortisseur et si vous retirez le doigt rapidement (croyez moi, là vous serez rapides ! 😂) la pince "glissera" et ne pourra pas bien assurer la prise sur le revêtement mou. Ça m'est arrivé une fois sur le poignet (mauvaise prise, à l'envers) et ça m'a couté un peu de colle pour néoprène, et une fois sur le pouce et mon ongle est devenu rouge-bleu-marron-noir mais il n'est pas tombé.

 

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  • 1 mois après...

 Les poissons tropicaux

 

 

La daurade grands-yeux( monotaxis grandoculis)

On l'appelle communément daurade tropicale ou gueule pavée

Là on change de catégorie de poissons, on arrive dans le nectar des poissons, le nec plus ultra du pêcheur sous marin tropical, son Graal. Ce n’est pas par sa taille qu’elle s’impose mais par sa méfiance.

Sa quête est sujette à bien des déceptions, en effet elle se tient souvent avec d’autres poissons comme les carangues, ou d’autres pélagiques qui tournent sur un secteur bien précis et s’envolent rapidement dès qu’elles auront compris de quoi il s’agit en quelques instants. Et donc soit vous tirez une belle carangue de x kilos soit une daurade grands-yeux de 1kg , avec en plus, de la chance, du savoir et de l’apnée.

 Son poids peut atteindre 6.7kg, record par Daryl Wong lui-même et ses grands fusils, aux US. Mais la majorité rencontrée sera de l’ordre du kilo et demi. Sa gueule est pavée comme une daurade royale, le même genre de dentition.

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Les juvéniles en livrées blanc et noir sont un poil plus faciles d’approche. Ce poisson ne se fera qu’à l’agachon. Quelques très rares spots sur la planète peu ou pas chasser permettent un peu plus l’approche de ce poisson, autrement sa méfiance instinctive le tient loin de vous, il faut faire un parfait agachon, souvent sous les 15m et tenir, tenir, tenir……Elle va venir avec une lenteur déconcertante, cm par cm.

 un juvénile

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Il vous faut un fusil qui tire loin, pas spécialement puissant puisque ce ne sera qu’un poisson de 1 à 2  kg , en général, que vous aurez à traverser, mais ce sera un tir à 5m de distance depuis la pointe de la flèche, je recommande un 140 double sandows de 16 et flèche de 7mm ou simple sandow de 18 avec un fort coefficient sur le sandow, ce genre de fusil est polyvalent dans le récif.                                                                    A Diego Suarez, je suis tombé sur un grand rassemblement, peut être une centaine d’individus infaisables comme d’habitude pour mes petits poumons. Mais au fond, vers les 18m, je trouve un surplomb de 2m de large, sous lequel je me loge. J’ai réussi à en tirer trois d’affilée dont un bel exemplaire de 2.5kg. 

record perso en fevrier 2023(3.680kg):

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Sar tropical (acanthopagrus bifasciatus)

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Ce poisson est aussi difficile à mettre à l’accroche poissons que la daurade précédente, pas à cause de son approche qui est tout de même plus facile mais de par sa rareté. Il peut vivre 20 ans. Je ne l’ai vu que sur un spot bien précis où j’en croisais de temps à autre des pièces jusque 2kg autrement vu nulle part ailleurs du coup difficile à décrire son comportement autre que sur ce lieu. Il se tient sur des fonds modestes du récif 8 à 15m, se mélange avec les autres poissons du type chirurgiens et marguerites, mais restent bien plus prudent. On ne remarque que lui au milieu du troupeau avec ses rayures noires sur fond jaune.

Comme la daurade, un agachon bien exécuté fini par le faire venir, mais plus rapidement tout de même. Les deux derniers que j’ai cuisinés c’est le chat et le chien qui les ont mangés, leur chair à commencer à se racornir à la cuisson, s’enrouler sur elle-même pour devenir l’équivalent d’un morceau de pneu…..

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De G à D : une babonne, une carangue bleue, un sar tropical, une autre babonne, un gaterin moucheté, une dame tombée et un mérou céleste

Les vivaneaux

En premier lieu, les carpes rouges. Chaque océan a ses propres variétés. A Madagascar, deux variétés : le vivaneau des  mangroves, (avec la tête d’une dame tombée, un autre vivaneau)   image.png.3201c465d3cb1eea513bd9ec163c727a.png

Mon plus gros est de 8.5kg et je n’en jamais vu ni entendu parler de plus gros, cela semble un record, même chez les mareyeurs, pour le reconnaitre les écailles sont en ordre aléatoire.

Et le vivaneau bohara, du nom de l’ile de Sainte Marie où il fut pour la première fois identifié comme une nouvelle espèce. Facile à reconnaitre : les écailles sont en ligne sous la ligne latérale

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L’un comme l’autre ont les mêmes réactions : vous fuir de suite. Ont les trouve au dessus des épaves ou à la limite d’un tombant. Il faut réaliser un agachon parfait pour les faire venir, ou une coulée à plus de 20m où ils se sentent plus sereins. Une bonne méthode consiste à les nourrir avec des tripailles d’autres poissons. A la troisième, l’un va se décider plus rapidement que les autres à monter pour gober ce bon repas gratuit, à vous de l’avoir repérer et d’être descendu pour le flécher à temps, il a un temps d’arrêt d’une seconde après avoir avalé. Ces poissons se méritent, en faire deux relève du bon chasseur, trois du très haut niveau.

Le vivaneau aprion, ou job pour les anglo-saxons

Il ressemble à un bar de loin avec la queue fourchue, mais il ne vit que, en pleine eau, avec pas loin de trente mètres sous lui, pour les voir. Il vient au baron mais reste entre 8 et 10m et repart. On peut le suivre doucement et arrivé vers les 20 à 25m, il peut se laisser approcher ou quelques fois venir vous voir, c’est le moment où jamais de le tirer. J’ai réussi à en faire en les appâtant comme les carpes rouges avec de la tripaille et à les tirer au troisième morceau. Plus ils sont gros plus ils sont faciles, contrairement à la quasi-totalité des poissons, mes deux plus gros 10.5 et 11.5kg, ce fut à quelques mètres de profondeur que je pus les tirer comme au bal trap ! Ils aiment bien les rassemblements de licornes. J’en ai vu un attraper un petit thon sous mes yeux, c’est dire s’il est rapide. Donc comme tous les vivaneaux, bon poisson à manger, pas facile à attraper. Lorsqu’il grossit, il s’allonge beaucoup moins et devient ventripotent. Record du monde à 17kg….

Au sortir de l’eau :

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Et le même une heure plus tard :

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A passé 10kg, ça donne çà :

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La dame tombée, ou vivaneau maori

Pas facile à faire non plus, la dame tombée, elle se rencontre près des patates ou sur le bord des tombants avec roches creuses. Elle peut vivre par petits paquets de deux ou trois à une dizaine d’individus, toujours près du fond. On peut croiser des bancs immenses lors de la reproduction avec dedans des pièces énormes, bien sur inapprochables. Je crois que ma plus grosse c’est 8kg alors qu’elle peut atteindre 25/30kg…. Je n’ai jamais vu une telle pièce hors de l’eau, même chez le mareyeur, pourtant je les ai vues dans l’eau, mais de loin. Comme tous les vivaneaux en faire trois dans une sortie relève de l’exploit. On peut parfois s’en approcher à la coulée, mais c’est rare, le plus souvent c’est à l’agachon pas loin de leur refuge, ou alors à trou, Nono en fait souvent ainsi, mais je l’ai déjà dit, je ne chasse plus à trou. Mêmes genre de patates que les gaterins 3 barrettes et les babonnes.

Le ventre est souvent bourré de graisse orange, par grosses poignées, excellente à conserver pour la cuisson des poissons

 

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Les bourgeois et sanguines

Très proche et se ressemblant beaucoup, je vais les traiter en même temps. Idem les carpes rouges, ce sont des poissons méfiants que je n’ai tiré que profond sur des secs à 24m ou au dessus des épaves aux mêmes profondeurs. Ils sont moins gros, de 1 à 4 kg.

Par contre, sur des fonds de 80 à 300m, les pêcheurs en sortent des quantités énormes.

Sur les photos : 2 sanguines a gauche et à droite une sanguine et un bourgeois. Les 3 prudes(petits mérous rouges vifs) ont été faites à la canne sur épave

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Les gaterins (famille des plectorhinchus) Seconde appellation : diagramme, et aussi grosses lèvres ou encore carpe grise

Ils sont appelés selon leur robe : gris, noir, tacheté, rayé, taches de rousseur, 3 barrettes….

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Un gaterin gris de belle taille, en bas

Ils vivent en petites bandes jusqu’à une bonne cinquantaine d’individus. Ils sont du récif ou juste à proximité. Leur poids moyen varie de 1 à 3 kg, mais un diagramme géant peut atteindre des poids conséquents, dans les trente kilos selon mon estimation, mais il se tenait dans une passe sur grand fond avec un courant violent. Un record du monde a d’ailleurs été établi à Madagascar à 17kg.

Le diagramme noir qui peut atteindre les 7/8kg et Le diagramme rayé reconnaissable à ses lèvres jaunes, ceux là vivent en couple et le diagramme taches de rousseur est individuel et aussi le plus farouche, mais pas très gros, genre 1 à 1.5kg.

 

Les gris vivent en petits comités très proches de leur trou dans le corail et s’y engouffre au moindre signe de danger, mais curieux, il y en a toujours un pour pointer son nez et voir ce qui se passe.

 

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Deux diagrammes rayés dans les 5 kg et un diagramme 3 barrettes (blanche les barrettes)

Le fusil pour tirer des gaterins, ce sera le très classique 130/140 un sandow de 18, polyvalent pour le récif comme déjà dit. Il faudra deux sandows pour traverser un géant de 20kg à 4 ou 5m, mais vous avez fort peu de chance d’en rencontrer. Il vient bien à l’agachon mais reste à une certaine distance, ce n’est pas un chirurgien tout de même. Les trois barrettes peuvent vivre en communauté, il est alors aisé de faire des doublés voire des triplés.

Il en existe 130 espèces à travers la planète, c’est dire si c’est un poisson commun sur le récif, même si ça n’est pas le plus abondant des poissons sur la barrière de corail.

C’est un poisson moyen à manger, il est recherché des locaux car déjà assez facile à faire venir à l’agachon. Sa chair est celle d’un carnivore qui se nourrit de petits animaux et petits poissons, un cran au dessus des chirurgiens et perroquets mais en dessous des carangues ou des mérous. Le grosses lèvres 3 barrettes étant le plus commun et le plus docile, se fait aussi à la coulée.

Dessous, une photo d’une grosse pêche réalisée avec Nono, de gaterins 3 barrettes, avec 4 belles langoustes porcelaine, un mérou malabar, une carangue bleue, un poisson couillon (pomocanthus) et quelques platax

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Sur cette photo ci dessous, deux gaterins tachetés à coté de la dame tombée, dont un a eu la queue mangée (barra, thazard ?) et, étonnamment,  il nageait aussi bien que le premier mais guère plus intelligent.

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On tire les gaterins lors de sorties pauvres en poissons ou pour une pièce bien jolie en taille. La meilleure technique reste l’agachon comme déjà dit précédemment, ils s’approchent alors bien près, plus difficile à l’indienne.

 

Ici, des gaterins 3 barrettes et un gaterin taches de rousseur, ne vit que en couple et plus furtif que les autres, toujours proche de son trou

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Le poisson écureuil  (Sargocentron spiniferum)

 

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C’est un petit poisson de récif que j’ai oublié de citer et donc je rectifie cette erreur.

Il n’est pas très important par ses dimensions puisqu’il dépasse à peine le kilo, 1.6kg en taille max, mais c’est un poisson tellement bon que je me devais de rectifier cette erreur.

Il est assez facile à trouver et disparait des lagons car justement pas trop farouche il se fait facilement harponner devant son repaire, de plus la chasse de nuit ne lui laisse aucune chance. Ils vivent souvent en groupe d’une dizaine à une centaine d’individus, au pied d’une patate creuse et souvent devant un repaire de loche dont ils se nourrissent des déchets de fiesta de la grosse. On le trouve encore plus profond sur 20 à 30m mais il est bien rare que l’on, descende à ces profondeurs pour tirer un petit poisson, surtout avec nos grandes arbalètes. Attention à ses deux grandes épines sur les ouïes, particulièrement tranchantes et pointues, ainsi qu’à ses épines dorsales  ,(rabattues sur la photo)

 Un simple 90 est bien suffisant. Essayez de faire des doublés, ce sera plus « rentable » surtout en profondeur.

D’autres variétés proches, les poissons soldats, de la même famille des holocentridés sont tout aussi agréables à déguster. Faites le cuisiner le plus simplement du monde, pas trop cuit évidement, c’est tellement fin qu’il se suffit à lui-même.

 

Margueritte (siganus stellatus)

Petit poisson à peine plus grand que le poisson écureuil que je ne tire plus jamais, pour la simple raison qu’il reste indolent sur la flèche mais dès que vous approchez la main il  remue dans tous les sens et je ne sais comment il s’y prend mais il arrive à vous loger ses épines dorsales sous les ongles et c’est particulièrement douloureux et pourtant ma femme adore ce poisson, perso je n’aime pas le gout de ces poissons brouteurs.

Il vit en couple dans le récif, 2 variétés se présentent, réactions identiques

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Poisson carré  (parastromeus niger)

En réalité il est en forme de losange, poisson carré c’est le vernaculaire malgache.

Ce poisson moche comme tout, est indolent à la surface ou proche, en troupeau de 5 à 100 individus. Aussi bien au grand large qu’à la cote dans quelques mètres d’eau. Il est peut être moche, semble répugnant avec ce gris délavé mais il est excellent à manger.

Il n’est pas si facile que ça à flécher car il se tient à plat comme une sole dès qu’il a dépassé le stade juvénile et vous montre toujours sa tranche comme un saint pierre. On peut arriver à en faire un ou deux avant que toute la troupe ne se fasse la malle.

 

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              Les pélagiques

 

Les thazars

 

La famille des scombridés comporte les poissons les plus intéressants à chasser, de mon point de vue. J’ai déjà abordé les bonites, les thons, on verra plus tard, c’est une catégorie à part.

Le thazar rayé est le plus commun, présent dans l’indo Pacific, il a pour nom latin scomberomorus commerson, c’est le kingfish des anglais et ils ont raison c’est bien le poisson roi ! C’est un maquereau géant, quant on dit géant c’est géant, il peut atteindre 70kg. Apparemment seulement en Australie. Le record du monde en CSM c’est 40kg, en Australie également, mais c’est faisable dans l’océan indien. Celui dessous un morceau de 35.5kg fait dans le canal de Mozambique par Roger. Mon plus gros actuel c’est 24.5kg, mais j’ai vu des largement plus de 30kg, dont un jour où mon fusil était enrayé (canal Mozambique aussi). J’en capture plusieurs dans les 15/20kg chaque année coté océan indien et vu un seul bien gros de ce coté de l’ile. C’est mon poisson préféré depuis le premier capturé au Sénégal il y a trente cinq années. Je le recherche plus que les poissons à rostre ou les thons. Il devient difforme parfois, passé les trente kilo, il s’arrondit et peut même devenir bossu et ne s’allonge plus guère.

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C’est un plaisir ineffable de tirer ce poisson, d’une allure fière, avec son museau pointu qu’on ne peut confondre, ses rayures très prononcées qui s’atténuent avec la mort, et le dos plus sombre mais pas tant que le wahoo qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, sauf que le wahoo s’allonge pour les gros morceaux.

Il a un gros avantage pour nous, sa chair bien compacte tient très bien et malgré sa puissance, on en perd quasiment pas,… du moment que vous le gérez bien. Inutile de tirer dans le ventre pour me prouver le contraire. Il est tout de même bien plus facile à gérer à la bouée qu’au moulinet.

Il est présent parfois fort près du bord, mais que des petits individus, les gros se tiennent en pleine eau où les fonds vont de 20 à 40m, mais il reste dans la zone des 10m, c’est sa strate favorite. Il faut impérativement de la mange pour l’attirer et cela peut être des chirurgiens, des pêches-cavale, des sardines ou même une éclosion d’alevins. Il faut aussi de l’eau claire, il est craintif dans l’eau sale et ne s’approche pas.

Pour le tirer, il faut d’abord trouver les bons spots, c’est 90% du travail. Puis c’est là que le baron entre en scène. Il doit être positionné sur 8m. Plus profond, le thazar passera en dessous et vous le verrez moins bien arriver, plus haut, pas sur qu’il vienne. A 8m il reste dans sa profondeur favorite en passant vers les 10m. S’il passe trop profond, vous aurez beaucoup de mal à l’approcher, il gardera sa distance de sécurité. Dans la majorité des cas, voila comment ça va se passer. Vous êtes en surface prêt à plonger, bien ventilé. Si vous savez regarder, vous le verrez venir depuis 15 à 20m à l’horizontale. Immédiatement vous devez faire le canard et ne surtout pas se diriger vers lui, mais descendre pour lui couper sa trajectoire. S’il continue, il va droit sur le baron en passant 1 à 2 m en dessous, puis continuera sa route, dédaigneux à votre intension. Des journées, tout va bien, vous l’approchez à 4m et certains jours, une dizaine passe durant la session et aucun ne se laisse approcher à portée. Autrement vous vous ennuyez en surface à trainer votre baron, vous pouvez plonger jusqu’à 10m pour en attendre un, à 5 ou 6m du baron.  Dans ce cas un agachon de pleine eau et lui va passer tranquillement à 4m, 3 dans les coins peu chassés, c’est le meilleur cas de figure, il s’approche à presque tous les coups ainsi. . Si vous ne l’avez pas tué net, le rodéo va commencer. Ce sont des éclairs dans tous les sens, il part à une vitesse folle mais pas trop en puissance comme une GT. Il fait demi-tour, monte vers la surface mais fonce rarement au fond, cas vu une seule fois. Le fusil relié à la bouée avec en premier lieu 6m de bungee, c’est l’idéal pour les pièces de plus de 15kg. Il se peut que vous soyez descendu trop profond et à la remontée vous en voyez un passer au dessus de vous. Attention à ce cas de figure, la flèche a moins de portée car elle doit vaincre la loi de la pesanteur. Par contre il semble plus facile d’approche dans ce cas de figure.

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Sur celui là, on voit la peau qui a été distendue derrière la pectorale, l'ardillon ne tenait le poisson que par là

 

Il peut se gérer au moulinet, mais il faut un moulinet de 80m minimum et parfaitement réglé, sinon vous perdrez le poisson. Vous risquez aussi l’emmaillotage, la pelote, avec vous pour écheveau.

Le cas le plus fréquent c’est la visibilité  réduite à 15m, vous ne l’avez  vu surgir qu’à 10m et le temps de descendre il est passé et ne reviendra pas. Vous pouvez engager une course poursuite mais avec intelligence, il ne faut pas montrer que vous le pourchasser, il faut prendre une ligne parallèle à lui. Vous avez intérêt à être bien ventiler, il faut palmer souvent 50m pour le rattraper, mais ensuite il va garder une marge de sécurité, 6m environ. Là il faut ralentir, il va aussi ralentir et se retourner pour vous regarder de temps à autre, dès qu’il s’arrête de regarder derrière lui, il est rassuré, là vous faite le sprint final pour gagner les 2 mètres nécessaires pour un tir. Le mieux c’est dans la queue, c’est 1m plus près et ça tient super bien. L’idéal dans cette course poursuite, c’est lorsqu’il se met à faire un arc de cercle, là vous partez vers l’endroit où il va passer, grosso modo 7 à 8 m devant le nez, il sera à portée de tir.

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Tir par en dessous

A vous ensuite de bien tenir le poisson, pas de mou mais toujours le laisser filer à chaque rush et reprendre ensuite du fil doucement. Au bout de quelques minutes il va fatiguer et se calmer, il faut être sur de l’avoir traversé sinon il est impératif de le doubler. J’en ai sortir au moins quatre dans les vingt kilos dont l’ardillon ne tenait plus que sous la peau, on la voit distendue prête à se déchirer. Votre cœur s’accélère à nouveau, vous sentez l’échec possible à la moindre sollicitation. Le dernier sorti, mon équipier loupe le doublage, en premier lieu, il faut continuer de le maintenir pendant qu’il recharge….Là vous ne savez plus à quel saint il faut se vouer.

En général le secteur est fichu après une bonne bagarre, dans un rayon de plus d’un km tout à fichu le camp. Les jours de très gros passages un second est possible, mais c’est bien rare, vaut mieux changer de quartier.

Normalement il ne cherche pas à mordre lorsque vous le ramenez dans vos bras pour l’achever, méfiance tout de même, les dents sont proches d’une scie circulaire. Une seule fois un petit de 8kg m’a mordu le talon dans le bateau, pas méchamment, ce n’est pas un barracuda. Vous pouvez mettre la main dans les ouïes, pas d'épines comme les GT ou les mérous.

Étrangement, il y a des secteurs à petits et des secteurs à gros thazars, on y croisera presque à tous les coups soit des petits, genre 3/5kg soit des gros 10 à 25kg. Je suppose qu’il doit aussi y avoir du cannibalisme chez eux et que du coup ils restent séparés.

Le fusil. Il vous faut de la puissance à cause de la distance de tir, et surtout que les thons dents de chiens sont dans les mêmes secteurs. Minimum un 130 double sandow, flèche de 7mm avec de grands ardillons de 85 mm et gros sandows. Pour les rollers, voir votre vendeur habituel. Il n’y a pas besoin de maniabilité, une bonne poutre peut faire l’affaire, la bouée, fil et le bungee vous couteront autant que le fusil. Mon fusil actuel pour les gros thazars et les thons, c’est maintenant 150  double sandow de 18 et flèche de 7.5mm avec moulinet de 130m, mes secteurs de chasse étant fortement astreint à une pression de pêche, ils se tiennent à distance et c’est souvent à 5m que je les tire, les chasseurs locaux n’ayant pas ce genre d’arbalètes, les poissons se laissent encore surprendre de temps à autre.

 C’est excellent à manger et fumé un pur régal, il est vendu sous deux noms : thon blanc et angoo sur place. C’est l’un des meilleurs parmi les poissons.

 

En Atlantique ce sont les thazars francs ou spanich maquerel, le thazar pointillé également.

Plus petits, ne dépassant que rarement les 10kg pour le pointillé et 45kg pour la scomberomurus calla.

Le thazard pointillé ou écriture, se rencontre par bancs de dix à quinze individus, ils rasent le fond et ne montent pas au baron, mais passent tout de même en dessous mais 20m plus bas. La moyenne ce sont des poissons de 4 à 6 kg. Ils se laissent assez bien approcher si vous les avez vu venir, sinon pas du tout de course poursuite avec eux. Il est verdâtre sur le dos.

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Le thazar noir ou raité, le wahoo des anglais(Acanthocybium solandri) autre nom le thon banane

Il ressemble au thazar rayé au point que pas mal de personnes le confondent. Il n’a pas grand-chose à voir pour nous chasseurs sous marins, même s’il lui ressemble beaucoup. Lui est un pur pélagique, il ne vient pas sur le récif, il lui faut 40m de fond minimum.

D’abord au lieu de se tenir dans la strate des 10/15m lui ce sera de un à 10m de la surface, et vraiment près de la surface la plupart du temps. Le baron doit être bien plus proche. Il peut s’éloigner de vous en restant perpendiculaire, en travers ou presque, lorsque vous êtes à sa hauteur, comportement jamais vu sur le thazar rayé.

A l’agachon le long d’un grand tombant il peut bien s’approcher, et le petit coucou avec les doigts fonctionne plutôt bien. Mais en général c’est avec pas mal d’eau sous lui qu’il se promène. Il préfère avoir 40m à ……m. Pareil que le rayé, il vient bien au baron. Il faut s’en fabriquer un soi même, ceux du commerce ne fonctionnent pas mieux voire moins bien.

Pour les grosses pièces, il vaut mieux le tirer avec des pointes détachables car il est bien plus fragile de chair et de peau et se déchire facilement. Il met plus d’énergie au départ, force plus sur le fil d’où sa perte même bien tiré mais pas KO sur de beaux spécimens avec une simple flèche. Si la flèche est bien placée, pas de raison qu’il se déchire.

Gérard Grave en tire de monstrueux au large, très au large sur un spot bien spécifique, en Polynésie.

Le record en CSM est de 62.6kg et 90kg à la canne

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Le talang sauteur (Scomberoides commersonnianus)

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Son nom latin est très proche du thazar rayé, si le thazar est le kingfish, le talang est le queenfish des anglais.

Enfin de compte il n’a pas grand-chose en commun coté ressemblance, ce sont des classifications de scientifiques. Il est blanc métallique (tel  les carangues inox) sur les cotés et ils sont agrémentés de quelques grosses taches noires le long de la ligne latérale, la queue très en V

Le talang vit en bandes forts nombreuses, parfois plusieurs milliers. Ils sont bien gros coté canal Mozambique mais que des juvéniles coté océan indien sur la grande ile. Il se tient près de la surface, passe parfois bien près de vous mais souvent très rapidement, difficile à ajuster un tir, ils ne font que passer plein pot. Il vient bien près même en eau sale. S’ils sont biens gros, il y a de la place, il est aplati, en hauteur et peu épais, sauf sur de gros spécimens où il a tendance à s’arrondir. Il peut atteindre 16kg. Les plus gros que j’ai vu sur étalage c’est 10kg et mon plus gros c’est 4kg….. J’en vois de belle quantité chaque année à Tamatave, pas un seul n’est tirable, grands comme la main ! J’ai vu une seule fois Nono en faire un d’un peu plus du kilo. Il tient  bien sur la flèche.

Méfiance, une fois tiré il a des épines érectiles près de la dorsale extrêmement pointues et qu’il essaye de vous enfoncer lorsque vous approchez les mains de la flèche, c’est particulièrement douloureux. Vous vous en souviendrez à vie.

A peu près n’importe quelle arbalète  fera l’affaire, mais il faut qu’elle soit maniable, pas de poutre pour ce poisson. Pour le chasser spécifiquement, je vous conseille un modèle bien maniable tube de 28 en 110 ou 120, plutôt qu’une grosse arquebuse car il s’approche bien près.

 Photo en dessous : 2 langoustes porcelaines, une carangue à points noirs et donc un talang sauteur 

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  • 2 semaines après...

Chapitre suivant: les poissons tropicaux 4

 

 Les thons 

Il doit y avoir 5 ou 6 variétés de thons dans les océans hormis le thon rouge déjà abordé.

Deux vont principalement nous intéresser, le thon à dents de chien, abréviation TdC, et le thon albacore ou thon jaune.

Le Thon à dents de chien

 

Il fréquente les mêmes zones que les thazars rayés, mais bien plus rare, on doit croiser 20 thazars pour un TdC, du moins par chez moi. Son allure est parfaitement identifiable de suite : une torpille ! Il n’ondule pas ou si peu, sa queue suffit à le propulser pleine balle. Sa rencontre est donc inopinée sauf quelques endroits bien spécifiques comme Le Geyser ou La Zélée, les passes des lagons bien poissonneuses et profondes, également, les grandes épaves assez profondes aussi. Son allure sous l’eau fait penser à un loubard en quête d’un mauvais coup, et les dents y sont surement pour quelque chose. D’ailleurs si vous voyez les dents c’est qu’il est à portée pour le tirer, si vous le croisez lors d’un passage par le dessus, c’est plus difficile de bien estimer la distance de tir. Il est impératif d’être sur de le traverser pour le tirer sinon c’est perdu d’avance, le déchainement d’énergie que va dépenser ce poisson est au paroxysme. Il évolue dans la zone des 15 à 30m sur les spots accessibles aux chasseurs sous marins.

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On le chasse au baron, il vient assez bien, c’est pour lui qu’a été inventé ce leurre par Jack Passe. Il m’est arrivé d’en voir de bien gros venir renifler la carangue que je venais de tirer, si un collègue est là à ce moment précis, c’est cadeau pour lui, s’il est bien équipé car pour chasser le TdC, il faut être équipé comme pour le marlin, de la grosse artillerie. La rencontre fortuite d’un TDC de petite taille, dans les 10kg se gère au moulinet, s’il approche les vingt kilos, il vous faut déjà un 140 double sandows de 16 minimum et un tir à 3m, à 4 c’est aléatoire avec 50% de risque de le perdre si vous n’êtes pas avec des sandows de 18mm. Au dessus des 30 kg, il faut impérativement être bien outillé, la densité du poisson est importante et difficile à traverser surtout si l’on touche la colonne vertébrale. Il se débat avec un tel acharnement qu’il finit par se déchirer si vous le brider. A ce stade,  Il est préférable de le chasser avec bouée et bungee et laisser travailler le tout gentiment, si vous avez beaucoup d’expérience, vous pouvez tentez le moulinet de 130m de capacité. Ceux que j’ai tirés ne cherchaient pas à sonder, ils foncent devant eux comme un espadon voilier. L’idéal étant de faire un KO, plus aisé par-dessus que le tir par le profil. Donc la bonne distance de profil c’est de voir ses dents ou sinon de bien discerner sa pupille. Il est parfois curieux et peut revenir après un premier passage contrairement aux GT, mais souvent il vous ignore dédaigneusement.

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les TdC de Jack Passe

A la Réunion, il y a pas mal de juvéniles qui viennent et permettent de vous faire la main, à Mada, je n’en ai jamais vu un seul, que des adultes. Surement une histoire de profondeur, à 100m du bord on peut avoir 1000m de fond à La Réunion, alors qu’il faut faire 20km minimum pour trouver la cassure du plateau continental à Mada. La Run étant une ile volcanique récente alors que Mada est un morceau du continent Africain. Il y a donc plus de probabilités de croiser un TdC sur les accores profonds que sur les pentes douces ou plateaux rocheux.

Vous ne pouvez pas vous tromper en voyant un tdc, même de loin, il a deux points blancs sur l’intersection de la caudale qui disparaissent avec la mort.

Le record est détenu par John Pengelly à 109kg en Polynésie, sinon c’est 131kg à la canne. Mais en sortir un de 50kg est déjà pas mal, on ne croise pas king kong sous l’eau tous les jours, de mémoire Jack Passe, le spécialiste, devait être dans les 70kg.

Il existe deux variétés de TDC, les photos précédentes montrent celui de récif, et celui des profondeurs à un œil légèrement plus gros, une mâchoire supérieure plus courte et surtout des dents bien alignées.

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A gauche, tête d’un petit tdc des profondeurs 

 

 Le thon albacore (thunus albacares)

En réalité, ce n’est pas le bon nom mais le plus usité en France car c’est une déformation de albacares, son nom latin et ça peut fortement prêter à confusion avec le germon, thon blanc des français mais albacore pour les anglo-saxons, qui en revanche l’appelle yellow tuna ou yellow fin tuna et cet autre nom en français se traduit par thon jaune ou thon à queue jaune qui est sujet à moins de méprises.

Bref l’albacore qui nous intéresse est ce thon bien puissant, pourvu de grandes nageoires dorsales et ventrales jaunes, et répandu sur toute la planète mais pas n’importe où !

Ce thon se tire avec les mêmes armes que les marlins ou les TdC mais en revanche il faut plus de longueur de bungee, car il va sonder de suite pour aller se frotter au fond et il faut amortir sa descente, la freiner doucement, avec 30m de bungee ça va amortir son rush sur 90m puis la bouée ou la planche va prendre le relai.

La difficulté vient de sa masse, il peut atteindre 200kg, le record est à 160kg au Mexique, mais au-delà de 50kg c’est déjà de jolies bêtes.

Personnellement, je n’ai jamais pu en tirer un, j’ai toujours été surpris lors de leurs rares rencontres, ils me sont passés à chaque fois à portée mais deux fois venant dans mon dos, ou alors faisant un demi tour avant que je n’ai le temps de lever le fusil et souvent dans des eaux assez troubles, genre 8 à 10m de visibilité sans second passage…. Il y en a même un qui m'est passé au dessus, lors d'un agachon à 6m de profondeur, mais c'est l'exception qui confirme la règle, il faut plus souvent 200 à 400m de fond pour les rencontrer. Il est capable de remonter de 400m à 50m en quelques secondes sans pour autant subir de problème de décompression, mais il est sujet aux montées de température lors de ses chasses et doit redescendre en profondeur pour se rafraichir.

Notre ami du forum Adzhoo en fait une bonne dizaine par an sur ses spots de Panama,  utilise principalement des fusils 160 mixtes bois/carbone, de Dary Wong à 5 sandows, flèches de 10mm à pointes détachables.

Je rappelle que plusieurs espèces de thons dont l’albacares, le thon obèse, et le thon rouge du sud, sont vendus sous le vocable de « thon rouge » Normalement, il est bien précisé de quelle espèce il s’agit sur la boite et son lieu de provenance, le plus réputé étant le thunus thynus, le thon rouge de med et d’atlantique.

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Du sashimi en perspective!! La pointe et son câble ont commencé à bien découper la chair et malgré tout, la flèche est tordue

Ce thon est en forte régression dans l’océan indien, surpêché par les thoniers senneurs de la planète entière, surtout autour des mascareignes

 

 

La dorade coryphène 

 

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C’est le mahi-mahi des polynésiens. Un pur pélagique que vous ne la rencontrerez que dans le bleu. Pas besoin de baron pour la chasser, il suffit de les repérer en surface où elles se tiennent à 90% du temps. Vous pouvez même les traquer en surface en bateau, elles ne chercheront pas à sonder, c’est ainsi que les polynésiens les harponnent depuis leur bateau rapide avec un harpon à main multi dents

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Le mâle est de toute beauté et nettement plus gros que la femelle et portant un casque sur la tête. Les voir changer de couleur en mourant est un spectacle à lui tout seul, les couleurs arc en ciel métallisées y passent comme pour les carangues inox, cela va du jaune verdâtre au bleu. Son poids maxi est de 40kg, c’est très rare, la moyenne haute étant autour des 10kg ! Elle grossit extrêmement vite, et atteint la maturité sexuelle dans l’année où elle fait déjà les 5 kg, elle ne vit pas longtemps 4 à 5 ans (temps qu’il faut pour qu’un bar devienne tirable). La nageoire dorsale, sans épine, démarre de la tête jusqu’à la queue. C’est un des poissons les plus rapides, elle peut atteindre les 50 nœuds, le plus rapide étant l’espadon voilier près de 60 nœuds. Elle chasse en surface les exocets et ça fait exploser la mer sur des hectares parfois, car ils se déplacent quelquefois en bancs particulièrement denses. En réalité elle avale tout ce qu’elle trouve sur son passage : crevettes, alevins, calamars, exocets, petits poissons….

Elle vit dans tous les océans et aussi en méditerranée depuis l’antiquité, cette fresque minoenne en fait foi. Il lui faut un indice de l’eau de température au dessus de 20° pour être rencontrée.

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Sa chair est réputée dans le monde entier comme succulente, du coup elle est de plus en plus recherchée par les senneurs et les longliners lors de ses migrations.

Une bonne arbalète de 110 à 130 avec un ou deux sandows suffit amplement, elle n’est pas large à traverser et sa chair et peau tiennent bien. Seulement vu sa nervosité, elle a beau venir bien près, c’est difficile à ajuster un tir et elle se loupe très facilement, même une grosse.

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Ce beau mâle a perdu toutes ses couleurs sur le pont du bateau avant la photo bien terne

 

 

Le cobia (Rachycentron canadum) 

Poisson assez rarement rencontré sur les cotes de Madagascar, la première rencontre vous fera indubitablement penser à un requin vu de la surface. Il peut atteindre des poids conséquents, presque 70kg ! Comme la dorade coryphène il grossit très vite et atteint 5kg la première année.

.  William nous parle aussi de ses rencontres en océan Atlantique, il est assez commun en Thailande. Je pense qu’il doit y avoir des spots bien spécifiques. Ce poisson est réputé savoureux surement pour sa façon de se nourrir sur le sable comme la carangue dorée. J’ai très peu d’expérience à vous communiquer, juste une rencontre de deux individus sur le récif qui passaient vers les 14m de profondeur, une coulée vers eux et j’ai tiré un peu à l’arrache le plus gros qui s’est débattu vaillamment, mais a bien tenu sur la flèche. Et un second fait l’année dernière au dessus d’une épave. Curiosité, le cobia mange des petites pastenagues et son estomac se retrouve garni des dards, plantés dedans.

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Il n’y a qu’une seule espèce pour un seul genre et pourtant sa robe peut être bien différente selon les endroits à tel point que l’on croirait deux espèces distinctes. Question d’habitat ?  Ici, un cobia d’élevage 

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Les requins

 

. Pour moi le requin est poisson comme un autre !

Oui  j’ai tiré des requins et pas seulement des roussettes. Bon allez voilà c’est dit, passons au sujet réel de ce post : les techniques de chasse!

Les requins, vous allez en rencontrer, ou pas. C’est selon la densité de poissons tout simplement, le reste c’est du pipeau. S’il y a peu de poissons, il y aura peu de requins c’est aussi simple que cela. Je parle bien sur de requins de pleine eau, pas des dormeurs, nourrices ou des  roussettes qui aiment se caler le long d’un petit aplomb.

Contrairement à toutes les fadaises que vous avez pu lire ou voir dans des vidéos de soi-disant spécialistes présentés comme tels par les journalistes, tous les requins sont potentiellement dangereux et peuvent mordre. Surtout vous chasseurs sous marins, dont la combinaison recèle des effluves de sang et de poisson. Ces hurluberlus qui prétendent que si les requins mordent un homme à la mer c’est pas méprise, une abominable erreur. Ce sont les mêmes qui vous sortent qu’un requin est potentiellement capable de renifler une goutte de sang à 10 km ou de sentir par le champ électrique des animaux même dans la nuit totale, à plusieurs dizaines de mètres grâce à leurs ampoules de Lorenzi, mais horreur, ne font pas la différence entre un surfeur et un thon, car ils se gourent en pleine journée parfois dans des eaux relativement claires au point de déchiqueter complètement un humain. Billevesées et calembredaines. Un requin, il a faim ou pas.

Tous les cas de figures sont apparus, que ce soit la personne qui patauge dans 50cm d’eau et dont un requin bouledogue arrache le mollet (en plus c’était le zigoto qui prétendait qu’il n’y avait aucun risque devant la caméra), le cas du surfeur cueillit sur sa planche, des dizaines de ramasseurs d’abalones australiens attaqués par les grands blancs, au chasseur de Polynésie à l’agachon dont un juvénile pointe noire de moins de 5kg est venu lui arracher le poignet pendant qu’il était à l’agachon dans 20m de visibilité. Il y a même ce cas d’une plongeuse qui a voulu tirer par la queue un requin nourrice qui s’est retourné et la violemment mordu. Même une roussette peut mordre.

Tous les cas se sont vus, donc première règle, méfiance en présence d’un requin. Je ne vous conseille pas de jouer le matamore  qui chevauche sa monture, il en est des requins comme des humains des doux, et des acariâtres violents, des pacifiques et des dérangés qui mordent les hélices de bateau.

D’abord, dans 90% des rencontres, ils vont prendre la poudre d’escampette. Dans quelques cas, ils vont rester prudemment hors de portée indifférents et dans quelques rares cas, ils vont vous charger. Je vous parle de rencontres en cours de chasse sous marine. Dans les secteurs où le feeding est pratiqué par les plongeurs, c’est normalement interdit presque partout sur la planète maintenant, leur comportement peut être inhibé , ils prennent l’habitude des hommes et surtout associent hommes => nourriture et peuvent être entreprenants, docilement ou vous bousculer et vous mordre car ils n’ont pas eu leur ration.

Bref en chasse sous marine le cas le plus fréquent, c’est l'arrivée d’un ou des requins dès le tir d’un poisson, surtout avec des carangues qui gigotent beaucoup. Les requins essayent de s’approprier le poisson. Si vous êtes couillu, et le poisson presque occis, vous le ramenez à vous de suite et vous montrez que c’est vous le proprio, ça fonctionne à presque tous les coups, si ce n’est pas une meute affamée qui tourne déjà depuis un moment.

En chasse sous marine, le principe de précaution veut que l’on change de secteur si des requins sont présents en nombre ou des particulièrement dangereux du style longimanus, tigre ou bouledogue. Ils sont là, c’est leur secteur, à vous de déguerpir. Par contre, il n’y a rien à l’horizon, vous tapez une carangue ou un aprion et un requin surgit du fond, là pour pouvez jouer le coup de bluff et vous montrer vindicatif : c’est à moi, pas à toi. Ils comprennent fort bien le rapport de force, d’ailleurs ils ne comprennent que ça. Gaffe quand même votre arbalète est déchargée et si c’est un teigneux il faudra alors le repousser avec le fut comme d’un débordoir, cas de ma première rencontre avec un bouledogue à Sainte Marie, mes coéquipiers s’étant éloignés de la zone de chasse.

Avec des coéquipiers au dessus de vous, vous aussi vous êtes en meute et en mode chasse. Ce n’est pas très intelligent un requin, mais ils ont aussi un instinct de survie. Un lion recule et fuit devant une troupe d’hyènes, une hyène devant une meute de lycaons, un grizzly devant des loups….

Bref les requins et les chasseurs sous marins, ce ne sont pas des rencontres usuelles (sauf quelques coins précis), il ne faut pas en avoir peur, ils vont le sentir, mais simplement s’en méfier et leur laisser la place s’ils se montrent entreprenants et surtout nerveux. Très gros danger avec le tigre qui ne se montre jamais nerveux, mais s’il vient vous toucher ce n’est pas pour vous faire une caresse, simplement il goutte avec sa peau…..ensuite ce sera avec sa mâchoire.

Maintenant, vous souhaitez vous faire une mâchoire en trophée. MBA s’amusait beaucoup à tirer de très grosses pièces, 200kg et plus. Si vous voulez ne prendre aucun risque, il y a le lupara, pointe explosive, qui vous réduit un grand blanc à l’état de loque. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Il est toutefois fort utile dans les zones comme les passes de Fakarava pour calmer leurs ardeurs après un tir sur un tdc, ou la NC où ils sont aussi fort nombreux. Donc vous désirez faire un requin, c’est un fantasme depuis vos débuts. Etrange ça me rappelle des souvenirs.

Donc pour chasser le requin, il vous faut une arbalète puissante, il vous passera rarement à 2m (sauf charge et là ça va bien trop vite) mais plutôt à 4m s’il n’a pas fuit à votre rencontre. La plupart du temps en pleine eau. Le point idéal, ce sont les ouïes, ça le gène fortement, l’asphyxie et il ne peut se retourner. En plein corps il va se retourner et mordre la flèche (aucun poisson ne peut faire çà), en pleine tête le cerveau n’est pas gros…Plus facile de dessus. La peau est équivalent à une râpe, très difficile à trancher de plus, danger pour la combinaison, vos doigts je n’en parle pas, on ne chasse jamais sans gants, point barre, surtout sous les tropiques. Achevez le d’une seconde flèche avant de le terminer au couteau, la première flèche sera fichue même avec un requin de trente kilos.

Pour récupérer la mâchoire, ça ne prend pas 5 minutes, c’est un long travail. D’abord on découpe la tête puis la mâchoire. Attention, il n’y a pas d’os c’est du cartilage et le travail à la machette a vite fait d’entailler cette mâchoire. Ensuite vous faites bouillir dans une marmite avec du borate (acide borique, environ 100gr ) et les chairs vont se détacher toutes seules. Il faut ensuite faire sécher les mâchoires sur une armature en bois, sinon elles vont complètement s’effondrer sur elles-mêmes. Les dents restent bien implantées, même les rangées de derrière.

Les gros tigres sont quelquefois atteints de shark-toxine, c’est particulièrement dangereux. Il y a eu 64 morts dans les années 1940 à Madagascar. Il y a 3 ans, 17 morts à Fénérive-Est, toujours avec la consommation d’un tigre. Les requins ont généralement un gout de chi...ts, comme les raies pastenagues, c’est dû à l’ammoniaque. Certains sont très bons comme le taupe et le peau bleu, vendus sur les étalages français sous le nom de veau de mer, c’est plus prosaïque. La roussette sous le nom de saumonette à cause de la couleur. Et puis c’est plus vendeur que requin untel, sea shepherd et greenpeace étant passés par là. Quant aux ailerons, je n’en sais rien, je ne suis pas fan de gouter n’importe quoi.

Ne pas en faire une phobie non plus, en 30 ans de chasse tropicale, je ne suis pas sûr d’en avoir rencontrés plus d’une vingtaine de fois, et pourtant une fois des monstres de 7m. Quatre fois je me suis fait charger, trois fois par des bouledogues et une fois par un gris du récif et je suis toujours là. Les chasseurs de Polynésie, ce sont des rencontres à chaque sortie sur les passes ou tombants, la NC est bien pourvue aussi et pourtant c’est à La Réunion qu’il y a le plus d’accidents, à 98% sur des surfeurs ou baigneurs, qui comme je le disais ne peuvent montrer des signes de combativité.

 Un australien surfeur, me racontait : lors d’une compétition où quatre surfeurs attendaient sur la vague, un aileron est apparu, il est passé derrière le premier, puis le second, a touché le troisième et emporté le quatrième, jamais retrouvé. Les écolos vous diront qu’il devait être atteint du Covid et qu’il ne sentait plus rien…Faut pas leur en vouloir aux requins, mais aux écolos.

Personnellement je n’ai aucune haine, aucune agressivité envers ce poisson en particulier, c’est simplement pour moi un poisson comme un autre. Je laisse les juvéniles tranquilles. J’ai bien un lupara sur le bateau (pointe explosive), je ne m’en suis jamais servi, quoique c’est faux, je l’ai testé sur un congre de vingt kilo….j’ai cru que j’avais tiré sur un congre déjà mort ensuite, heureusement il s’est mis à vibrer pendant que je le vidais, preuve qu’il était bien vivant, avant. C’est redoutable d’efficacité. A moins de l’avoir sur vous en permanence, il ne vous sera guère d’utilité lors d’une charge. Le temps de le mettre sur la flèche et tout est terminé, sauf à vouloir vous immerger dans un spot à requins bien connu où là, oui il peut être utile. Perso j’évite.

Une dernière anecdote sur un requin à Diego Suarez. Nous sommes quatre dans l'eau, mais à 60m les uns des autres. Les fonds varient de 6 à 15m. Une grande cuvette dans la roche d'une bonne dizaine de mètres de long et de 3m de profondeur par rapport au reste du plateau, concentre plein de poissons du récif. Dès mon apparition sur le bord, un grand dagsit me charge avec une rapidité foudroyante et repart illico. Il fera la même chose à chacun de nous et au quatrième, lui déchirera sa bouée où pendaient ses poissons. Je ne laisse jamais un poisson dans l'eau, j'appelle le bateau à chaque tir.

Un requin pointe blanche d'une vingtaine de kilos, tiré car très nerveux, tournant à plusieurs reprises autour de moi en se cassant le dos, danse macabre, signe précurseur d'attaque.

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L’année dernière, nous avons vu plusieurs fois des bouledogues et j’ai remarqué que dès leur apparition, plus aucun pélagique ne se pointait, dans le secteur et pour plusieurs jours. La sortie suivante au même endroit, un bouledogue m’a chargé, le l’ai tiré et j’ai revu du poisson à la sortie suivante sur ce secteur.

Le bouledogue en question

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Il existe un véritable spécialiste du requin, un français, c'est Gery Van Grevelynghe.

Il est l'auteur d'une thèse de doctorat sur les requins, vit à La Réunion et cette thèse est sur les attaques de requins à travers la planète.

Il a par ailleurs écrit un livre, condensé de ses connaissances: Tous les requins du monde.

Vous pouvez également consulter un condensé de ses études, dans le grand livre de la chasse sous marine de Jean Claude Rémy

 

Les poissons à rostres

 

Les marlins ou makairas ne sont pas que dans le grand bleu, on peut les trouver dans 20/25m d’eau. Au fond ou à la surface, c’est selon son humeur  et la météo. Le plus rencontré par le chasseur étant le marlin noir, c’est aussi parmi les plus gros pouvant dépasser les 500kg. Les bleus peuvent aussi atteindre les 500kg et les rayés bien moins. Chaque année je vois un marlin en moyenne et en 35 ans de chasses tropicales j’ai réussi à en tirer…..2, et à les sortir d’ailleurs mais pas des gros, hélas. Sa rencontre est fortuite, pas de spot en particulier à ma connaissance. La meilleure technique pour faire du marlin consiste à sortir avec un bateau de pêcheurs à la canne. Ils trainent 5 ou 6 leurres à marlin (gros calamar en caoutchouc d’environ 200€ pièce, à la traine rapide, sans hameçon, à 30m derrière le bateau et lorsqu’un marlin émerge à coté des leurres pour rostrer, on met à l’eau les bouées, les fils et bungee puis le bonhomme qui passe à coté du poisson pour le tirer. Pêche pas très glorieuse mais ô combien efficace et onéreuse, compter 5 à 600€ la sortie minimum et souvent plusieurs milliers.

J’ai raconté par ailleurs ma rencontre de l’année dernière avec un gros marlin bleu près de la surface.

L’armement est celui des tdc et autres gros, même avec un moulinet de 130m il faudra clipser le fusil sur une bouée .~~ Gégé~~  tire régulièrement des poissons de 200 à 300kg, Alemanni , pointe détachable et train de bouées.            

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Petit marlin noir de 56kg, fusil de 130 double sandow de 18, et moulinet. Planche à thon avec bungee et ligne de vie.

Les espadons. Jamais encore vu d’espadon classique (xiphias gladius) en dehors des étals de poissonnerie, il vit en profondeur, plusieurs centaines de mètres et ne monte à la surface que la nuit, selon les pro. L’espadon possède un glaive (long rostre et large) alors que le marlin à une épée, rostre plus court et triangulaire, le voilier une dague. La dorsale et les deux nageoires pectorales sont nettement plus longues que pour les marlins. Il est surtout pêché à la palangre par les pros.

Par contre, les espadons voiliers ou sail-fish, oui ! Il peut être solitaire ou en petit comité, plus rarement pour le chasseur. Le dernier capturé en début de saison était avec 6 congénères selon mon barquero, perso je n’en ai vu que 2 passer sous l’eau, mais je ne regardais plus ailleurs, lorsque j’ai un pélagique dans le collimateur, je deviens fermé au monde qui m’entoure. Il est beaucoup plus facile d’approche que le marlin, peut venir à 3m mais le plus souvent passe à 4m. Il vient toucher le baron par curiosité. L’année dernière, alors que je me trouvais au fond, en remontant j’ai vu un voilier de bien 60kg toucher mon baron à 8m de la surface et Nono mon équipier l’a regardé passer à 3m avec sa petite arbalète. La majorité de ceux capturés vont de 25 à 35kg, il aime dormir près de la surface par mer plate. Sa rencontre, pour moi, a lieu aux mêmes endroits que les thazards et les spots à TDC . Il est facile à sécher net, vu qu’on peut le tirer d’assez près. Une fois j’en ai eu un qui a fait plus d’un km avec le fusil et la bouée avant de pouvoir le rattraper avec du mal, avec le bateau (bateau de 6m avec 90cv), c’est dire si ça file vite, il est donné pour 92km/h en vitesse de pointe. Il m’a ainsi explosé la bouée qui heureusement était emplie de mousse et non pas d’air.

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Un joli doublé de tdc et voilier aussi à quelques minutes d'intervalles, deux KO d'ailleurs

 

Un voilier classique dans les 30kg, mais qui donne toujours une grande joie et à coté mon premier voilier, un très joli morceau.

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Les lanciers, espadons sans voile ni rostre, ne dépassant pas les 35kg. J’en ai vu 3 ensembles l’année dernière sur 30/35m de fond, d’environ 10 kg chacun, ils n’ont prêté aucune attention à mon baron ni a moi, qui essayais de les approcher, donc rencontre peu probable et prise encore plus exceptionnelle

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Appendice pour le pélagique et ses techniques de chasse

 

Un wahoo, dessous un thazard et plus bas une grande bécune, un beau tiercé parmi les pélagiques les plus rencontrés

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Ce peut être valable aussi bien en Europe que sous les tropiques, mais vu que l’on trouve plus de pélagiques entre les deux tropiques, c’est plutôt orienté trip. Pourquoi cette chasse dans le bleu est aussi mythique que mystique ? Par ce que les montées d’adrénaline sont d’une telle intensité à chaque rencontre et encore plus après le tir avec le combat qui suit, que ceux qui y ont gouté, sont accros pour le reste de  leur vie.

D’abord je passe sous silence qu’il vous faut du matériel adapté, puissant, résistant à tout, matériel que vous avez déjà testé, c’est impératif. Combien de récits de guides de chasses sur des personnes, sures de leur matériel et qui loupent une vache dans un couloir ! Perdent poissons et parfois fusils. Ce matériel est onéreux à très onéreux pour être efficace, mais c’est INDISPENSABLE pour ne pas blesser inutilement ces magnifiques poissons et réussir à les sortir. Il n’y a pas d’à peu près à ce niveau, la médiocrité est sévèrement sanctionnée, le moindre point faible lâchera à coup sur.

Suivez les conseils de personnes dignes de confiance, ayant un bon nombre de gros à très gros pélagiques à leur actif, pas des beaux parleurs sur YT ou face de bouc, plus vantards que réellement confirmés, par ce qu’ils ont sorti un ou deux thons. Seule et uniquement, l’expérience compte.

C’est donc principalement de la chasse au baron dont il s’agit et à l’appât (sardines) pour les thons albacores et les thons rouges, chasses dites dans le bleu (blue water, BW) 

Donc vous possédez le fusil idoine pour les thons albacores, rouges ou tdc et les poissons à rostre. Puissant, qui fait mouche à 6m et traverse une planche de bois de 2cm d’épaisseur à 5m vu que la majorité des pélagiques se tirent entre 4 et 5m de distance,  sauf le thon rouge plutôt couillon qui peut venir à 2m. Attention, dans le grand bleu, les distances sont faussées. Un truc pour savoir si un poisson est à portée de tir dans le bleu : on doit distinguer parfaitement l’iris de son œil. Il faut un strict 20m de visibilité pour bien y chasser, trente c’est mieux et cinquante l’idéal.

Un bon guide c'est d'abord un chasseur de très haut niveau , c’est cher et ça se paye car il va vous emmener sur ses propres coins, vous assister et vous éviter de perdre votre temps et votre argent, normalement s’il est honnête, et s’il vous dit que c’est inutile de sortir, croyez le, vouloir se mettre à l’eau à tout prix, faites le chez vous. Il a passé des années à trouver les bons coins. Et  Il faut aussi sortir un certain nombre de fois pour pouvoir croiser un beau spécimen sur ces lieux réputés : Geyser, Hannibal bank, passe de Fakarava ou Madagascar (Mitsio et Radama, cap d’ambre et maintenant Tamatave) et de plus avoir une météo favorable, donc rien n’est garanti à coup sur. Quelques récits sur le forum de séjours ratés au Panama (pourtant le plus réputé pour le YFT) avec sensation d’arnaque (sortie par force 5, par exemple à 400€ la matinée par personne), donc bien se renseigner avant de partir : saison des poissons et saison des pluies/cyclones et bonnes références du guide, et saison du poisson recherché, il n’est présent qu’une certaine partie de l’année, c’est partout pareil sur la planète.

 

 

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