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Physiologie et Apnée

 

Le Bloodshift, ou comment l'apnéiste
résiste-t-il à la pression ?

En résumé : lorsque l'apnéiste se trouve à la profondeur maximale théoriquement supportable par son organisme, sa capacité pulmonaire se trouve réduite au volume résiduel. Le volume de la cage thoracique ne se modifie plus, alors que la pression continue d'augmenter. La différence de pression exercée de l'extérieur de la cage thoracique vers l'intérieur créé une dépression qui attire vers le thorax une partie des viscères abdominaux. Le sang afflue vers les capillaires pulmonaires pour combler le vide intrathoracique.

En détail : la cage thoracique tolérant une certaine déformation, le volume pulmonaire de l'apnéiste va décroître au fur et à mesure que la profondeur augmente.

Il sera par exemple de :

  • 6 litres en surface
  • 3 litres à 10 mètres
  • 2 litres à 20 mètres
  • 1,5 litres à 30 mètres

Lorsque le volume de la cage thoracique est comprimé à son minimum, il se crée une dépression à l'intérieur du thorax. cette dépression aspire le sang contenu dans les viscères et les extrémités puis le propulse dans la circulation pulmonaire. Les poumons et les capillaires alvéolaires sont ainsi gorgés de sang et peuvent résister à l'écrasement. C'est un phénomène passif uniquement dû à la pression exercée par l'eau.

Les gaz contenus dans les cavités aériennes du corps subissent la loi de Boyle-Mariotte : lorsque l'apnéiste descend, leur volume diminue avec l'augmentation de la pression hydrostatique. Lle volume d'air intrathoracique est ainsi réduit, la bosse abdominale antérieure est effacée et les viscères remontent le diaphragme. Mais, lorsque la limite d'élasticité des organes est atteinte ( c'est à dire lorsque le volume résiduel = le volume minimum des poumons après une expiration forcée), le volume intrathoracique ne pouvant plus varier, il se crée une dépression (P*V=cte).
Le sang veineux périphérique est alors chassé vers la cavité thoracique ( la pression absolue y est plus faible ), le vide relatif intrathoracique est rempli par cet afflux de sang, ce qui équilibre les pressions et empêche la cage thoracique de s'effondrer (comme le pensaient les anatomistes dans les années 50).

Ce phénomène est dénommé bloodshift (érection pulmonaire), le volume de sang est estimé à un peu moins d'un litre. La pression écrase le thorax, la bosse abdominale est effacée et le diaphragme remonte. Au-delà de la profondeur limite, la pression devient inférieure à la pression hydrostatique, le sang est alors aspiré par cette dépression, c'est le bloodshift.

En conclusion : cet afflux sanguin est une réaction pour protéger le corps des effets de la pression. Jusqu'à quelle profondeur est-il capable de nous protéger ? Et au-delà existe t-il des mécanismes physiologiques pour prendre le relais ?

Olivier Hermant
EDK ©
(2001)

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