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magazine / poisson / le calmar et la seiche
On m'a raconté qu'à la période du frai (fin de l'hiver et début du printemps en Méditerranée) de grandes concentrations de calmars se rapprochaient des côtes rocheuses pour gagner les frayères. Qui sait avec un peu de chance vous les rencontrerez et assisterez à un spectacle que je veux bien croire extraordinaire parce que j'ai déjà eu la chance de faire leur rencontre dans d'autres circonstances. Un jour que je m'étais aventuré un peu plus loin que de raisonnable dans mon parcours de chasse, la nuit avait fini par me surprendre. Je nageais, en prenant mes repères aux lumières électriques pour identifier la bonne crique de sortie. Soudain une immense tache rougeâtre parsemée de milliers d'éclats dorés se répand autour de moi. A peine rassuré je jette un regard sous la surface et aperçois un banc immense de calmars dont je ne voyais que les gros yeux scintiller sous la lune. L'effet de surprise et ma réaction brutale m'ont empêché de tirer une flèche avant qu'ils disparaissent comme par enchantement. Depuis je rêve encore d'une rencontre de ce type. Le chasseur chassant la seiche reconnaît que la rencontre avec le calmar est plus anecdotique. Pourtant ce céphalopode se rapproche de nos côtes mu par le même instinct que la seiche. Pour simplifier je dirai que les mêmes caractéristiques s'appliquent à ces espèces pourtant différentes sauf sur un détail qui a son importance, le calmar a une activité nocturne prépondérante. Sinon le mode de propulsion, la période de frai, la ponte, la nourriture et le comportement face au chasseur se ressemblent beaucoup. Il n'y a pas de technique plus appropriée qu'une autre pour chasser le calmar. C'est une rencontre le plus souvent fortuite pendant une coulée, un agachon ou à trou. Autant la seiche sait rester indolente, autant le calmar sait nager et rester à distance s'il vous a aperçu en surface. Comme la seiche il a une excellente vision. Contrairement aux apparences cette forme remontée du fond des temps cache un être très évolué dont le comportement vous surprendra lorsque vous ferez sa connaissance. Seiches et calmars font partie des céphalopodes qui sont des mollusques marins. Bien que présents toute l'année du nord au sud, ils ne se rapprochent franchement des côtes qu'à partir du printemps (mars-avril) en Méditerranée jusqu'à la fin de l'été en atlantique et en manche. La raison en est simple, ils partent à la recherche d'un partenaire pour s'accoupler et pondre. Dès lors, on les trouve plus fréquemment à l'abri, à l'aplomb des éboulis de roches, au pied des jetées dans les couloirs entre les platins rocheux, dans les criques sur les herbiers et les plages de sable à forte déclivité et même dans les ports. On compte 3 variétés de seiches. La seiche commune qui est de loin la plus commune (50 cm hors tentacules), la seiche élégante (30 cm) et la seiche rosée (20 cm). Ce céphalopode, comme le poulpe, se meut par propulsion. Mais contrairement au poulpe, la seiche n'utilise ses tentacules que pour s'alimenter et se reproduire. C'est en expulsant l'eau contenue dans son manteau par une tuyère orientable qu'elle peut fuir face à un danger ou attaquer une proie avec une vélocité surprenante. Ses ondulations gracieuses et son art du camouflage chromatique la rendent très attrayante aux yeux des plongeurs (toutes tendances confondues). Cracher l'encre noire dans sa fuite, s'enfouir dans le sable et la vase ou se camoufler sont ses uniques moyens de défense dont elle use à merveille face au danger. Son acuité visuelle est remarquable. La seiche sait aussi changer de texture et de posture pour être mieux vue des partenaires notamment en période de frai, pour communiquer avec ses congénères ou pour tenter de tromper un agresseur potentiel sur son identité. Chaque jour la seiche doit se nourrir d'une quantité représentant 20% de son poids. Elle reste active jour et nuit. Elle raffole des petits crabes de roche, des crevettes, des petits poissons de roche. Son terrain de chasse se trouve en terre dans peu d'eau sur les fonds vaso-sableux La météo ne semble pas avoir d'influence sensible sur son comportement. Par contre à proximité des eaux saumâtres (estuaires par exemple), elle est plus active des 2 dernières heures de descendante aux 2 premières heures de montante. Les plus gros coefficients sont les moins favorables. Compte tenu de son relatif immobilisme, elle est difficile à voir
mais elle n'est pas difficile à tirer si l'on reste à distance
avec un minimum de discrétion. Une arbalète moyennement
longue est donc préférable. On peut même se permettre
le luxe de choisir son angle de tir, surtout si on tombe sur un couple,
pour essayer le doublé. Quelle partie du corps viser, c'est la
question que l'on peut se poser. Il y a les partisans du tir dans la tête
pour ne pas abîmer le manteau ni risquer de percer la poche d'encre.
C'est aussi le point de vue du cuisinier gourmet. A vous de voir si vous
prenez le risque. EDK |